519 - Le chercheur face aux défis méthodologiques de la recherche : freins et leviers

L'analyse d'un corpus de données textuelles ou de données issues d'entrevues, comme champ circonscrit, soulève un grand nombre de questions disciplinaires et transdisciplinaires dont nous n'envisagerons qu'une partie ici. Elle nous oblige à choisir entre analyse du discours et analyse de contenu afin de concevoir une intelligibilité adaptée à nos perspectives. Dans cette contribution, nous nous attachons à présenter une technique que nous avons utilisée pour la construction des outils et également pour la mise à l'épreuve des hypothèses dans une recherche portant sur l'apprentissage et la socialisation en situation de travail. Il s'agit de l'analyse lexicale Alceste, de la CHD et de l'AFC qui lui sont associées. L'élection de la technique Alceste sera présentée et justifiée par des raisons méthodologiques assorties de réserves tant épistémologiques que méthodologiques qui renvoient à une réflexion sur le chercheur en sciences de l'éducation face à l'outil lexicométrique. Enfin nous présenterons les techniques afférentes de classification hiérarchique descendante et d'analyse factorielle des correspondances que nous agrémenterons d'un regard critique sur leurs postulats implicites dessinant les avantages et les limites, les freins et leviers de leur application. Nous nous appuyons sur l'analyse d'un corpus de 59 entretiens réalisés auprès de conducteurs de travaux en génie civil engagés dans une formation par alternance.

Dans le cadre de notre recherche, l'effet d'une intervention en lecture sur lacompréhension de textes informatifs des élèves de l'adaptation scolaire, nous devonsprendre en compte plusieurs éléments afin de s'assurer de la rigueur et de la validitéscientifique de l'opérationnalisation de nos variables.L'un de ces éléments concerne lerôle des enseignants lors de l'intervention; intervention, pour notre étude quasiexpérimentale(n=60), qui consiste en des séances de lecture partagée, guidée etautonome, animées, plus 50% du temps, par des enseignants titulaires formés aupréalable. Comment s'assurer que les interventions soient réalisées de façon uniforme etrigoureuse comme prescrit par le chercheur?Comment s'assurer de leur validité? Est-ceque le risque en vaut la peine? Dans le cas où les enseignants ne suivraient pasparfaitement le devis méthodologique proposé, quelles en seraient les conséquences pourla recherche? Doit-on voir ces interventions comme un frein contaminant la qualitéexpérimentale mise en place?Doit-on, au contraire, reconnaître les bénéfices sociaux liésà l'implication enseignante et la considérer comme un levier conduisant à l'adoption depratiques d'enseignement durables et exemplaires favorisant la réduction de l'impact desfacteurs de risque liés aux difficultés des élèves? Jusqu'à quel point le chercheur enéducation peut-il tout contrôler? Notre communication abordera tant les freins à laconduite que les leviers soulevés par notre recherche.

Afin d'interpréter les difficultés d'apprentissage des élèves du primaire, deux perspectives principales peuvent être mises de l'avant. Selon la première perspective, les difficultés d'apprentissage sont attribuables à l'identification et à la description des dysfonctionnements cognitifs propres à l'élève. Par contre, selon la seconde perspective, les difficultés d'apprentissage relèvent plutôt d'un dysfonctionnement du système didactique; système à l'intérieur duquel s'opèrent les interactions entre le savoir, l'enseignant et les élèves.

Dans le cadre de mon projet doctoral, j'avais pour objectif de mettre à l'épreuve de la contingence ces deux perspectives concernant l'interprétation des difficultés d'apprentissage des élèves dans le domaine des mathématiques. Afin d'obtenir des éléments de réponse aux questions de recherche, des analyses quantitatives furent réalisées pour comparer les raisonnements mathématiques d'un échantillon de plus de 500 élèves (caractérisés ou non par des difficultés d'apprentissage). Par ailleurs, les tenants et les aboutissants de ces analyses étaient relativement restreints. Conséquemment, des analyses qualitatives complémentaires ont été effectuées afin d'accroître la portée des interprétations et d'obtenir suffisamment d'appuis empiriques pour privilégier l'une des perspectives. L'objet de cette présentation consiste à mettre en lumière les enjeux d'un maillage des méthodes de recherche dans le cadre de la réalisation d'un projet de recherche.

L'éducation et l'instruction constituent les deux missions assignées à l'école. De la première relève notamment la finalité d'intégration des apprenants dans le cadre de leur formation, et de la seconde celle d'acquisitions disciplinaires dans les branches d'enseignement. Ces deux dimensions poursuivent toutefois la même perspective, à terme, d'insertion sociale et professionnelle des jeunes. C'est dans le cadre de la visée éducative et socialisatrice que se situe la présente communication, le but intégrateur étant considéré au travers de la prise en compte des compétences sociales dans la formation. Au moyen d'une recherche conduite dans le canton de Vaud, en Suisse, auprès d'apprenants du secondaire obligatoire et post obligatoire et de leurs enseignants, des résultats ont montré les liens étroits qui existent entre auto estimation à la fois des compétences sociales et des acquis scolaires.

Après avoir défini les notions et construit les questionnaires, deux difficultés de types différents sont envisagées et discutées. La première, inhérente à la recherche, est relative à une conception étroitement adaptative versus visant plus largement la cohésion scolaire et sociale de ces compétences : comment poser les bonnes questions pour favoriser l'intégration ? La seconde, dirigée vers leur développement effectif, concerne la façon dont les enseignants peuvent s'approprier les résultats : comment les faire (re)connaître pour les mettre en pratique dans le cours de l'enseignement ?

Pour ce faire, le chercheur, principalement formé en philosophie traditionnelle et en philosophie de l'éducation, s'appuiera sur sa thèse de doctorat, soit une recherche qui s'inscrit dans les méthodologies qualitatives, comme un objet à partir duquel il lui sera possible de penser une telle méthodologie. Les thèmes de cette recherche qualitative s'inscrivent dans les deux axes de l'APPSO, soit comment l'autorité, l'éducation et la pratique de la philosophie ont favorisé et affecté l'apprentissage et la socialisation des élèves dans la classe de maternelle étudiée. Ces thèmes seront abordés dans la présentation pour montrer certaines des caractéristiques et des avantages possibles d'une méthodologie qualitative incorporant une approche philosophique.

La méthodologie qualitative s'est développée en différents types d'approches (étude ethnographique, étude de cas, théorisation ancrée, étude narrative, etc.), mais il ne s'est pas développé une approche philosophique dans cette méthodologie. C'est ce problème méthodologique qui sera le sujet de cette présentation : en quoi consiste une méthodologie qualitative ayant incorporé une approche philosophique. Cette clarification permettra ensuite d'identifier les possibles avantages d'une telle méthodologie et, par conséquent, d'offrir un levier à d'autres chercheurs qui seraient intéressés à aborder leur objet de recherche dans une telle perspective.

Un chercheur en Sciences de l'Education est-il de fait un chercheur de terrain ?  Peut-il faire l'impasse d'un point de vue méthodologique, d'un recueil de données sur le terrain ? Nombreux sont celles et ceux qui pourtant questionnent les idées pédagogiques de tel ou tel pédagogue sans même envisager d'un point de vue méthodologique, des contacts avec des professionnels mettant en œuvre les grandes idées de ces penseurs. Un premier frein est souvent exprimé, la peur du terrain ! La crainte de découvrir dans les établissements scolaires, un terrain beaucoup trop vaste qui les éloigneraient de leur objet de recherche. De l'autre côté, les praticiens appréhendent la pensée scientifique, le regard du chercheur sur leurs pratiques. Or, la mise en place actuellement d'un Pôle d'Excellence en Education dans notre Faculté d'éducation témoigne bien d'une vraie demande de recherches collaboratives au service d'une intelligence plus fine et compréhensive des enjeux éducatifs contemporains.Le chercheur en Sciences de l'Education témoigne régulièrement dans sa pratique d'enseignant, d'une foi en l'autre bien singulières. Cette foi du pédagogue peut-elle être au service d'une recherche plus collaborative avec des équipes enseignantes ? La rencontre des besoins exprimés de part et d'autre entre « pédagogues » est peut-être ici un vrai levier ? Sur quelle base méthodologique doit alors se construire cette relation qui va s'instaurer entre ces pédagogues qui ont finalement peur l'un de l'autre ?