Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Claude Maheux-Picard, Centre de transfert technologique en écologie industrielle (Cégep de Sorel-Tracy)

« Qu'on le veuille ou non, il nous faut admettre que la pandémie actuelle aura au moins eu comme effet positif de faire prendre conscience de l'impact de nos modes de vie sur l’économie et l’environnement : consommation effrénée, routines familiales rodées au quart de tour, temps perdu dans les transports en solo, etc. Après quelques semaines de confinement, nombreux sont celles et ceux qui se sont mis à rêver d'un monde plus vert, plus résilient aux aléas économiques et sanitaires, où l'achat local est la norme. L’heure apparait donc plus que propice à la remise en question de nos modèles d’affaires actuels. », Claude Maheux-Picard.

Les articles du dossier sont réunis et publiés sous le titre Penser l'après-COVID-19 [PDF]

Claude Maheux-Picard

Quand l’écologie rencontre l’industrie

L’écologie industrielle, deux mots qui n’ont pas à s’opposer, est un concept inspiré des cycles de la nature où aucune ressource n'est gaspillée. Un système industriel respectant ce principe tend vers le zéro déchet et un usage judicieux de toutes ses ressources : matérielles, énergétiques, voire même humaines. Un modèle économique respectant ce principe met en œuvre une économie dite circulaire, qui s’efforce de réduire son empreinte environnementale tout en contribuant au bien-être global des individus et des collectivités. On est à mille lieues du traditionnel « extraire, fabriquer, consommer et jeter ».

Sur un territoire donné, on parle de symbiose quand des entreprises et des industries se regroupent pour effectuer une meilleure gestion de leurs ressources. Elles s’échangent alors, dans une relation de proximité, des biens et services où le déchet devient une ressource à exploiter. Il existe dans le monde bon nombre de ces symbioses industrielles. Le Québec fait bonne figure à ce chapitre avec un réseau de près d’une vingtaine de territoires regroupés dans la communauté de pratique Synergie Québec.

Porté par une soixantaine d’animateurs et de conseillers en économie circulaire, ce réseau accompagne les entreprises et les organisations (villes, centres hospitaliers, commissions scolaires, etc.) dans l’adoption de pratiques durables. En s’échangeant des ressources, ces dernières y gagnent en réduction du coût d'achat de matières premières et du coût d’élimination des résidus, et en nouvelles relations d’affaires de proximité. En d’autres mots : compétitivité et résilience améliorées pour les entreprises impliquées. Que demander de plus?

L’écologie industrielle, deux mots qui n’ont pas à s’opposer, est un concept inspiré des cycles de la nature où aucune ressource n'est gaspillée. Un système industriel respectant ce principe tend vers le zéro déchet et un usage judicieux de toutes ses ressources : matérielles, énergétiques, voire même humaines.

Une économie performante et agile en temps de pandémie

Ce réseau structuré d’experts en économie circulaire s’est montré d’une redoutable efficacité au cours des derniers mois. Il s’est adapté au contexte en repérant par exemple rapidement des matières résiduelles fermentescibles pouvant servir à la production de gel hydroalcoolique, en trouvant des surplus de contenants pour leur commercialisation, en accompagnant les entreprises pour la mise en place des directives sanitaires, etc. Ces initiatives ont permis de maintenir des entreprises en activité et de préserver de nombreux emplois. Au retour à la normale, elles n'auront pas à se relever de mois difficiles. De plus, leurs employés auront développé de nouvelles compétences et, fiers de leurs accomplissements, il y a fort à parier qu’ils seront loyaux à leur employeur pour longtemps.

Ce modèle d’économie circulaire a démontré son efficacité comme moyen d’accroitre la résilience des entreprises en temps incertains. La pandémie a eu pour effet de le mettre en relief.

Les projets de symbiose industrielle se développent depuis plus de dix ans déjà au Québec. Pour la période 2016-2019, ce sont 4,5 millions $ qui ont été économisés par les entreprises participantes, 14 000 tonnes de résidus détournées de l’enfouissement et 12 000 tonnes équivalent de CO2 évitées.

Une transition nécessaire

Pour déployer plus largement ce modèle d’affaires, il est impératif de ne plus baser la prise de décision sur le seul aspect économique. Les impacts environnementaux et sociaux doivent aussi être considérés. Les dirigeants d’entreprise doivent revoir leurs façons de faire et s’intéresser davantage au contenu de leurs conteneurs à déchets.

Depuis toujours, le secteur du recyclage et de la valorisation des matières résiduelles peine à compétitionner le faible coût de l’enfouissement au Québec. Plusieurs matières récupérées par la collecte sélective trouvent difficilement preneur dû au manque de débouchés locaux. Les donneurs d’ordre doivent paver la voie en exigeant des contenus en matières recyclées dans les devis techniques. Le gouvernement devrait, de son côté, s’assurer d’accélérer l’approbation de ces matières pour les usages qu’il réglemente, dans le secteur des transports et du génie civil notamment où les volumes impliqués sont considérables et pourraient changer la donne.

Il faut que la transition vers l’économie circulaire s’inscrive dans une politique nationale forte. Avec ses nombreux chercheurs et intervenants dans le domaine, le Québec peut se targuer d’être un précurseur au Canada. Qu’attendons-nous pour mettre ces experts à contribution?

L’écologie industrielle permet, chiffres à l’appui, de concilier les enjeux économiques et environnementaux. L’opportunité nous est donnée de prendre un nouveau départ. Saisissons-la.

L’écologie industrielle permet, chiffres à l’appui, de concilier les enjeux économiques et environnementaux. L’opportunité nous est donnée de prendre un nouveau départ. Saisissons-la.


  • Claude Maheux-Picard
    Centre de transfert technologique en écologie industrielle (Cégep de Sorel-Tracy)

    Claude Maheux-Picard est directrice générale du Centre de transfert technologique en écologie industrielle, affilié au Cégep de Sorel-Tracy. Ingénieure de formation, elle possède une maîtrise en génie chimique et un diplôme de 2e cycle en vérification environnementale. Elle travaille depuis plus de 20 ans en recherche appliquée pour répondre aux besoins d’innovation des entreprises. Elle dirige depuis 2005 une équipe d’experts en valorisation de résidus de tous types. La recherche de solutions à la fois innovantes et viables est au cœur de ses préoccupations. Elle croit en l’innovation ouverte et à la communication scientifique comme éléments déclencheurs de possibilités.

Vous aimez cet article?

Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.

Devenir membre Logo de l'Acfas stylisé

Commentaires