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Jean-Yves Lecompte, Cintech agroalimentaire, Sophie Vincent,

Outre la grande demande envers les produits de base, les habitudes de consommation des Québécois ont également bien changé. Ils passent moins de temps en épicerie, fréquentent un seul lieu d’achat et privilégient les épiceries plus conventionnelles au profit des magasins de spécialité ou des grandes surfaces. Ces changements ont eu des répercussions considérables sur les statistiques de ventes des derniers mois.

Les articles du dossier sont réunis et publiés sous le titre Penser l'après-COVID-19 [PDF]

Lecompte-Vincent
Jean-Yves Lecompte et Sophie Vincent. Source : les auteurs.

Se nourrir est un besoin de base; de ce fait, le domaine alimentaire est bien souvent épargné par les crises économiques, politiques ou sociétales. Cependant, l’arrivée de la COVID-19 a créé une onde de choc, dont les répercussions sur les entreprises et les consommateurs se sont fait rapidement sentir. 

Notre centre de recherche accompagne depuis 25 ans les entreprises en transformation alimentaire du Québec. Nous les aidons à innover par la R et D, la recherche « consommateurs » et le transfert technologique. C'est ce rôle actif dans l’industrie qui nous amène ici à faire ressortir ces quelques observations qui émergent de la présente crise.

En tant que services essentiels, les entreprises en transformation alimentaire ont continué leurs activités. En effet, plusieurs entreprises qui vendaient leurs produits dans les supermarchés ont vu leurs ventes exploser, nous n’avons qu’à penser à la farine, la levure ou les aliments surgelés. Outre la grande demande envers les produits de base, les habitudes de consommation des Québécois ont également bien changé. Ils passent moins de temps en épicerie, fréquentent un seul lieu d’achat et privilégient les épiceries plus conventionnelles au détriment des magasins de spécialité ou des grandes surfaces. Ces changements ont eu des répercussions considérables sur les statistiques de ventes des derniers mois.

La plupart des entreprises ont dû faire preuve d’ingéniosité et de résilience en s’adaptant du jour au lendemain. Certaines vivent des défis particuliers, tant au niveau de la chaîne d’approvisionnement, de la disponibilité de la main-d’œuvre, des mesures sanitaires additionnelles que de la distribution.

D’autres, comme les entreprises qui fournissaient exclusivement les restaurants ou les écoles ont dû procéder à des changements majeurs pour survivre. Au contraire, celles qui commercialisent leurs produits en ligne ont vu leurs ventes exploser, et bien souvent, peinent à répondre à la demande. Beaucoup ont fait appel à leur potentiel créatif et adaptatif, par exemple en modifiant le format de leurs produits pour vendre en épicerie plutôt qu’en restauration, ou en créant des partenariats avec d’autres compagnies pour partager des plateformes de vente en ligne. 

À court terme, on peut s’attendre à voir les changements suivants pour les entreprises en transformation alimentaire : un approvisionnement plus local, une adaptation des formats et des assortiments de produits ou une modification de la composition des aliments pour répondre aux divers canaux de distribution (vente au détail, commerce en ligne). Des efforts importants seront réalisés pour réduire les coûts de production, en particulier en remplaçant certains ingrédients par des alternatives moins dispendieuses. 

Au niveau des consommateurs, on verra possiblement la recherche d’une alimentation santé, cuisinée à la maison, avec des produits locaux. Des changements inévitables d’habitudes de consommation sont également à prévoir dans les restaurants et tous les lieux de rassemblement. Les achats en ligne et la livraison à l’auto poursuivront leur croissance. 

Les répercussions à moyen terme sont plus difficiles à prévoir. Elles dépendront en grande partie de la forme que prendront la reprise économique, la progression de l’épidémie, les choix budgétaires des gouvernements, mais aussi le comportement des consommateurs. 

Le secteur de la transformation alimentaire sera longtemps confronté à de nouvelles réalités telles que la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, la hausse des coûts de production et les répercussions du manque de main-d’œuvre. Ainsi, certaines entreprises chercheront à réduire davantage les coûts de formulation, à automatiser leurs lignes de production, à augmenter les durées de vie de leurs produits, à valoriser leurs résidus de production et revoir leurs gammes de produits en fonctions des besoins et attentes des consommateurs. 

Au cours de cette crise, les consommateurs ont tous pris conscience de l’importance des entreprises de la transformation alimentaire, de la complexité des interactions entre les différents acteurs qui permettent aux aliments de passer du champ à notre table. Plus conscientisés, ils deviendront plus exigeants, et pour survivre, les entreprises devront faire preuve de créativité et d’adaptation. L’histoire nous apprend qu’en cas de crise, les entreprises qui innovent s’en sortent toujours mieux que les autres.

Au cours de cette crise, les consommateurs ont tous pris conscience de l’importance des entreprises de la transformation alimentaire, de la complexité des interactions entre les différents acteurs qui permettent aux aliments de passer du champ à notre table. Plus conscientisés, ils deviendront plus exigeants, et pour survivre, les entreprises devront faire preuve de créativité et d’adaptation. L’histoire nous apprend qu’en cas de crise, les entreprises qui innovent s’en sortent toujours mieux que les autres.


  • Jean-Yves Lecompte
    Cintech agroalimentaire

    Jean-Yves Lecompte, Ph.D., est directeur Scientifique à Cintech agroalimentaire. Il se spécialise dans l’adaptation de technologies nouvelles aux besoins des entreprises, et l’étude de l’effet des procédés de transformation sur la qualité microbiologique et organoleptique des aliments. Les domaines d’application de ses travaux principalement la valorisation de coproduits, l'augmentation de la durée de vie, l'amélioration de la qualité et de la sécurité sanitaire des aliments.
     

  • Sophie Vincent

    Directrice de projets en recherche consommateurs et évaluation sensorielle, Sophie Vincent développe des relations d’affaires durables avec de nombreuses entreprises de tous calibres depuis plus de 20 ans. Elle a coordonné plusieurs centaines d’études auprès des consommateurs, animé de nombreux groupes de discussion, coordonné des panels sensoriels et donné plusieurs formations et conférences. Toujours à l’affût de nouvelles méthodologies développées sur mesure au bénéfice de ses clients, elle combine bien réflexion et intuition.
     

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