Sous la gouverne de Sophie Malavoy, Josée Boileau, Catherine Potvin, Louise Nadeau et Frédéric Bouchard ont partagé la scène pour nous faire part des pièges, des responsabilités, mais aussi de la nécessité de l'implication des chercheurs-experts.
Aller au « front » de l'expertise
La question de l’expertise a été soumise au débat en amont du présent dossier, lors d’une rencontre organisée par le Cœur des sciences le 12 mars 2015, en partenariat avec Le Devoir et l’Acfas.
La biologiste Catherine Potvin, la psychologue Louise Nadeau et le philosophe Frédéric Bouchard ont fait part des embûches et des avantages quand un chercheur se fait « expert ».
Aussi, de dire d’entrée de jeu l’animatrice et directrice du Cœur des sciences, Sophie Malavoy, il était important d’inviter « les médias parce que ce sont des relais incontournables de l’expertise scientifique ». Ainsi, Josée Boileau, rédactrice en chef du quotidien Le Devoir, s’est jointe à la conversation pour rappeler que les médias « ne demandent pas mieux qu’un chercheur expert qui "veut" prendre la parole », mais celui-ci doit être conscient qu'il va au front, ajoute-t-elle.
Voici donc quatre extraits, et à la suite, un lien vers l'intégralité du débat.
Extrait de Josée Boileau, rédactrice en chef du journal Le Devoir
« La personne qui a la parole d’or c’est l’expert scientifique parce qu’il a une double crédibilité. Il est expert, et il porte la crédibilité de la science ». Cette relation médias-experts n’est pas simple, et il n’est « pas évident de faire se rencontrer ces deux logiques », souligne Josée Boileau. Deux logiques en tension entre le temps comprimé des médias et le temps méticuleux du chercheur.
Le chercheur doit être conscient, dit-elle, que du moment « où il se lance dans l’espace public, surtout de nos jours avec Internet et les réseaux sociaux, c’est sûr qu’il avance en terrain miné, et il doit savoir qu’il s’en va au front ». Il peut s’équiper pour aller au front, mais il doit être bien conscient qu’il y va, conclut-elle.
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Extrait de Catherine Potvin, biologiste, Université McGill
Catherine Potvin raconte ici trois moments illustrant son expérience. « J’ai poussé les limites de mon ignorance », avoue-t-elle humblement en racontant le jour où elle s’est prononcée sur un sujet à la périphérie de son domaine. Son deuxième moment, son rôle très constructif de consultante auprès du gouvernement du Panama. Puis, elle fait part d’une initiative encore en cours, soit l’engagement de plus de 60 chercheurs regroupés pour produire un document « présentant une liste de solutions, adaptées au Canada et au Québec, afin de permettre de concrétiser la lutte contre les changements climatiques en s’appuyant sur des bases scientifiques solides ». [Je vous invite à commenter ce rapport]
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Extrait de Louise Nadeau, psychologue, Université de Montréal
Pour Louise Nadeau, « La diffusion des connaissances, c’est une chose, le changement social, c’en est une autre ». Spécialiste des comportements addictifs, la psychologue fait bien ressortir qu’une donnée probante n’est qu’un point de départ, et que « ce n’est pas parce que c’est un chiffre que c’est valide ». Les données objectives servent à orienter un monde subjectif et complexe, le travail du chercheur expert en est donc un de patience. Et quand on remet un rapport au gouvernement, conclut la chercheuse dans cet extrait, « on va à l’oratoire Saint-Joseph faire brûler des lampions pour espérer qu’ils en fassent quelque chose ».
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Extrait de Frédéric Bouchard, philosophe, Université de Montréal
La démarche d’expertise est une forme de mobilisation des connaissances du chercheur. Et elle est tout aussi valable pour le chercheur que pour celui qui sollicite l’avis. « La mobilisation de connaissances c’est bidirectionnel », de dire Frédéric Bouchard, et « comme chercheur, cela me rend meilleur ». De fait, une connaissance plus fine des gouvernements ou des communautés émergent à travers une relation qui nécessairement demande beaucoup d’écoute. « La démarche d’expert comme source d’enrichissement de la recherche », voilà un angle souvent sous-estimé, souligne le philosophe.
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Intégralité du débat
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