Un nouvel "emblème" émerge depuis peu dans le discours environnemental à travers le monde : la notion de transition. Preuve que l’idée fait son chemin, lors de la déclaration finale de la conférence Rio+20 en 2012, l’expression « transition vers l’économie verte » est revenue à quatre reprises.
[Colloque 417 - Transition énergétique et territoires : quels modèles pour le développement du Québec? – 12 et 13 mai]
Un nouvel « emblème » émerge depuis peu dans le discours environnemental à travers le monde : la notion de transition. Preuve que l’idée fait son chemin, lors de la déclaration finale de la conférence Rio+20 en 2012, l’expression « transition vers l’économie verte » est revenue à quatre reprises.
Pour René Audet, professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’ESG UQAM, l'engouement pour cette notion est visible depuis une dizaine d’années, mais vraiment de manière encore plus intense depuis cinq ans. Ce sociologue de l’environnement croit que cette notion se démarque car elle s’attaque aux structures mêmes de la société. L’idée repose en effet sur la nécessité d’amorcer une profonde transformation de notre modèle économique, social et politique pour faire face aux grands défis environnementaux déjà en cours et à venir.
Une guerre de motsLe mot est déjà abondamment employé sous plusieurs variantes : transition écologique, transition vers l’économie verte, transition vers l’économie sobre en carbone, transition énergétique, villes en transition, transition juste et mouvement citoyen de la transition.
Le chercheur avance l’idée que le concept « ne représente pas tant la réalité » qu’un « conflit idéologique ». Dans le domaine de l’environnement, les concepts théoriques émergents seraient en fait des « champs de bataille » investis par différents acteurs qui tentent de se les approprier. Pour illustrer son hypothèse, il évoque un concept plus ancien dont l’émergence peut se comparer : le développement durable. Cette innovation « s’est institutionnalisée avec le temps pour devenir un outil d’évaluation et de mesure de l’impact environnemental, économique et social des entreprises et des organisations », une finalité qui n’était pas du tout envisagée au départ, explique-t-il.
La transition en actionDéjà, plusieurs acteurs se partagent le nouveau concept. À l’échelle locale, ce sont surtout les mouvements citoyens qui s’activent à mettre en place « des dynamiques de résilience pour se préparer au peak du pétrole et aux désastres environnementaux à venir », observe René Audet. Plusieurs quartiers montréalais voient d’ailleurs apparaître des initiatives citoyennes, souvent reliées à l’agriculture urbaine, et qui se réclament du mouvement de la transition. Inspirées d’expériences comme celle de Rob Hopkins, ces actions locales surgissent partout sur le globe, note René Audet.
Une initiative de « transition » complètement différente est née en 2013, unissant des gens d’affaires et des environnementalistes au sein d’un regroupement provincial : l’Alliance pour une économie verte au Québec, ou SWITCH. Denis Leclerc, président d’Écotech Québec, une des organisations à l’origine du projet, affirme que « l’objectif est de trouver des façons d’accélérer le virage vers l’économie verte au Québec » en s’appuyant sur les consensus qui existent déjà entre les acteurs économiques et écologiques, par exemple, autour de la valorisation énergétique des résidus industriels ou l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.
Bien que complémentaires, ces deux initiatives illustrent la difficulté à définir ce nouveau concept à la mode. D’un mouvement citoyen inspiré de l’écologie radicale à une alliance incluant des entrepreneurs verts, voici un bel exemple de démarches différentes qui se réclament de la même idée. À long terme, la transition pourra-elle être assimilée à des initiatives aussi distinctes? La bataille idéologique autour du concept est donc bel et bien lancée.
- Rémi Léonard
JournalistePrésentation du journalisteRémi Léonard est étudiant en journalisme à l’Université du Québec à Montréal. Originaire de la Montérégie, il collabore depuis deux ans dans différents journaux étudiants et au Journal des Alternatives, un média indépendant montréalais. Il a également complété des études en sciences humaines avant de se joindre à Découvrir pour ce "spécial congrès".
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