Les localités côtières sont devant deux problèmes critiques posées par les changements climatiques : l’érosion des berges et l’inondation des terres. La menace ne plane pas que sur les pays du Sud. Il s’agit aussi d’une réalité pour plusieurs régions du Québec et pour les provinces maritimes.
[Colloque 611 - Adaptation aux changements climatiques et à l’augmentation du niveau de la mer en zones côtières : une perspective mondiale]
« Faire sa recherche et présenter ses résultats sans sortir de l’université, ça ne donne rien », lance d’entrée de jeu le chercheur Christopher Bryant. Au risque de renier la posture académique traditionnelle, ce géographe de l'Université de Montréal ne conçoit pas la recherche sans l'action. Et pour ce spécialiste de la réponse des communautés humaines aux changements climatiques, cette démarche implique le développement de stratégies « faites par et pour » les communautés côtières afin qu’elles développent une solide résilience face à l'augmentation du niveau de la mer.
La clé de la recherche-action, c'est l'intégration des citoyens dans le processus, explique Christopher Bryant. « On leur dit : ‘’Voilà nos analyses, dites-nous quelles sont vos impressions’’. Pas besoin d’expert, soutient-il, les gens sont suffisament intelligents ». À partir de ce moment, la solution se trouve entre les mains de la communauté. Le chercheur sert alors de facilitateur, il est là « pour enlever les contraintes et placer les gens dans une situation qui n’est pas menaçante ». Le rôle du chercheur se limite ainsi à appuyer les communautés installées près des côtes.
« La clé de la recherche-action, c'est l'intégration des citoyens dans le processus. »
Les localités côtières sont en effet devant deux problèmes critiques posées par les changements climatiques : l’érosion des berges et l’inondation des terres. La menace ne plane pas que sur les pays du Sud. Il s’agit aussi d’une réalité pour plusieurs régions du Québec et pour les provinces maritimes. Dans le monde, une personne sur quatre habite dans une région côtière, affirme Sébastian Weissenberger, professeur à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM.
Une carte vaut mille mots
La chercheuse Julie Guillemot de l’Université de Moncton réalise en ce moment une initiative dans l’esprit de la recherche-action. À travers la diffusion de cartes représentant l’érosion potentielle que subiraient à long terme deux localités du Nouveau-Brunswick, son équipe cherche à initier un changement dans ces communautés. Déjà, à partir de résultats préliminaires, elle observe que les participants sont généralement prêts à reconnaître les changements climatiques comme un défi, mais qu’« il y a un blocage du côté de l’action ». Comme Christopher Bryant, elle voit dans sa démarche « un accompagnement, un support au dialogue et aux initiatives », afin que les communautés amorcent d'elles-mêmes leur adaptation.
Pour Christopher Bryant, cette étroite collaboration avec les citoyens se justifie car le sujet, aussi global soit-il, « requiert pourtant des actions locales ». Malgré la multiplication des événements climatiques extrêmes, les actions individuelles et collectives allant dans le sens d’une véritable adaptation sont encore rares. En attendant l’action, les chercheurs œuvrant dans le domaine des changements climatiques peuvent au moins provoquer une prise de conscience dans les collectivités où ils débarquent. Un gain non-négligeable alors que 14% des Canadiens ne croient toujours pas au réchauffement climatique.
- Rémi Léonard
JournalistePrésentation du journalisteRémi Léonard est étudiant en journalisme à l’Université du Québec à Montréal. Originaire de la Montérégie, il collabore depuis deux ans dans différents journaux étudiants et au Journal des Alternatives, un média indépendant montréalais. Il a également complété des études en sciences humaines avant de se joindre à Découvrir pour ce "spécial congrès".
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