Les hautes vagues et l’augmentation des tempêtes découlant des changements climatiques peuvent avoir un impact direct sur les rivages de la région de Québec.
[Colloque 651 - Colloque du Centre d’études nordique (CEN)]]]]]] ]]
Depuis une quinzaine d’années, de nombreux chercheurs étudient l’impact des changements climatiques sur l’érosion des berges dans le Golfe du St-Laurent. Des Îles de la Madeleine jusqu’à la Côte Nord, en passant par la Gaspésie et Terre-Neuve, la hausse du niveau de l’océan, combinée à une incidence accrue des tempêtes, met à mal la côte et menace les riverains. Mais jusqu’où ce phénomène est-il susceptible de se produire? Audrée Gervais, étudiante à l’Université Laval, a voulu aller voir s’il se poursuit plus loin de l’océan… jusque dans la région de Québec.
Jusqu’à présent, on dispose de peu de connaissances sur l’évolution naturelle des rives dans l’estuaire à l’ouest de Rivière-du-Loup; une évolution se produit indépendamment de tout influence humaine directe comme la construction de routes en bordure du fleuve ou la navigation. « Avec cette étude, nous voulons décrire le bruit de fond naturel de l’érosion des berges. Ces données serviront par la suite de point de repère pour qualifier l’impact des changements climatiques», explique Audrée Gervais, étudiante à la maîtrise dans l’équipe de la professeure Najat Bhiry, associée au Centre d’études nordiques. Le projet est mené en collaboration avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs et le consortium Ouranos sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques.
Armés de marégraphes, d’appareils photographiques infrarouges, de plaques métalliques et de rubans à mesurer, les chercheurs ont évalué l’impact des vagues et des marées sur l’érosion et la sédimentation sur une période de deux ans. Ils ont choisi quatre sites où l’influence humaine se fait peu sentir : Saint-Augustin-de-Desmaures, Château-Richer et l’Isle-aux-Grues.
«Nous voulons décrire le "bruit de fond" naturel de l’érosion des berges.»
« Nos résultats démontrent que les vagues plus hautes et l’augmentation des tempêtes découlant des changements climatiques peuvent avoir un impact direct sur les rivages de la région de Québec, même si la dégradation observée est de moins grande ampleur que dans le golfe », explique Audrée Gervais. Des études à plus long terme seront cependant nécessaires pour quantifier l’impact des changements du niveau de la mer sur ces régions.
Les chercheurs ont aussi analysé des photographies aériennes, remontant dans certains cas jusqu’au années 1960, pour comprendre les dynamiques d’érosion et de sédimentation à une plus grande échelle spatio-temporelle. « On voit que certaines zones s’érodent alors que d’autres, submergées une grande partie de l’année, sont en légère expansion, raconte Audrée Gervais. La faible résolution temporelle de ces images ne permet pas, cependant, de conclure à une augmentation significative de l’érosion totale sur la période étudiée ».
En parallèle, deux autres étudiants à la maîtrise professionnelle du Département de géographie de l’Université Laval, Philippe Lamarre et Mathieu Normandeau, ont réalisé le recensement de plusieurs plantes menacées de disparition, localisées dans la région de Québec. Ils ont constaté que l’érosion a un impact directe sur trois d’entre elles : l’ériocolon de Parker (Eriocaulon parkeri), la gentianopsis de Victorin (Gentianopsis virgata) et la cicutaire de Victorin (Cicuta maculata var. victorinii). « Ces plantes poussent au ooeur des des zones d’érosion. Si rien n’est fait pour contrer cette dégradation naturelle des berges, ces populations seront condamnées à moyen terme », prédit Audrée Gervais.
« Notre étude a permis de réaliser un premier balayage de la situation de l’estuaire. Mais il faudra bien d’autres recherches pour mesurer l’impact du réchauffement climatique sur l’érosion dans cette région. »
- Alexandre Guertin-Pasquier
JournalistePrésentation de l’auteur :Alexandre Guertin-Pasquier est étudiant au certificat en journalisme à l’Université de Montréal. Il est également chargé de cours au département de géographie de cette même université, là où il a complété une maîtrise en paléoécologie en juin 2012. Il est aussi vice-président du Musée de paléontologie et de l’évolution à Montréal.
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