Ils sont parfois 200 000 à suivre un MOOC, en même temps et sur tous les continents. Des formations gratuites et ouvertes à tous sur Internet, livrées sous forme de vidéos et capsules pédagogiques.
[Colloque 624 - Universités sans frontières : la proximité de la distance]
Un jeune étudiant réussit à s’inscrire au cours de la prestigieuse université Harvard. Tout y est : les examens, les quizz, les notes de cours et le diplôme. Seule différence, la formation ne lui coûte pas un sou et se fera en ligne.
Ils sont parfois près de 200 000 à suivre un de ces cours qu’on nomme MOOC (Massive Open Online Course), à travers le monde. Des formations gratuites et ouvertes à tous, livrées sous forme de vidéos et capsules pédagogiques sur internet. Certaines des plus grandes universités américaines, telles que Berkeley, Stanford et le MIT offrent maintenant ces cours sur des plateformes comme celles offertes par les compagnies Coursera, edX ou Udacity. Les cours ne sont pas crédités par les universités, mais les étudiants qui les réussissent obtiennent un diplôme émis par les entreprises qui gèrent les plateformes.
Le premier MOOC est né au Canada en 2008, à l’initiative de Georges Siemens, de l’Université d’Athabasca et de Stephen Downes, du Conseil national de recherches. Mais les universités francophones du Québec restent réticentes face à ce phénomène. Un retard volontaire qui témoigne d’une « prudence scientifique », explique Stéphane Villeneuve, professeur au département de didactique de l’UQAM, lors de sa présentation au congrès.
HEC Montréal est, pour l’instant, la seule université québécoise à offrir trois cours MOOC. « Les autres sont craintives et veulent d’abord évaluer les coûts réels de ce type d’enseignement », croit le chercheur.
« Lorsque les MOOC se sont développés aux États-Unis, les grosses universités n’avaient pas de soucis financiers. Ici, en période de restrictions budgétaires, on a plus tendance à calculer », souligne Stéphane Villeneuve, qui reconnaît que ces services pourraient mobiliser plus de temps ou de personnel.
Chez les Américains, cette démocratisation de l’éducation supérieure agit plutôt comme vitrine publicitaire importante pour les grandes institutions. « Plus il y a de cours disponibles, plus il y a de participants. C’est avantageux pour les universités de s'afficher encore plus sur ces plateformes », démontre le professeur.
Sans recherche approfondie sur le sujet, les institutions québécoises gardent leur distance. Les impacts réels sur l’éducation n’ayant pas été démontrés, elles préfèrent le statu quo. « C'est leur question prioritaire. En diffusant un MOOC, les étudiants apprendront-ils mieux? », précise Stéphane Villeneuve, alors que les premières études scientifiques sur ce phénomène devraient être publiées prochainement.
Si les MOOC s’implantent au Québec, c’est toute la tâche professorale qu’il faudra repenser.
Le taux important d’abandon des étudiants inscrits à ces cours en ligne augmente le besoin de bien penser à cette nouvelle avenue. « Pour 154 000 étudiants inscrits à un cours, on peut observer un taux d’abandon de 50% après une semaine, et seuls 7000 étudiants vont réussir », illustre le chercheur.
Repenser l’éducation
« Si les MOOC s’implantent au Québec, c’est toute la tâche professorale qu’il faudra repenser », prévient Stéphane Villeneuve.
Surtout, cette nouvelle méthode pose des questions sur les méthodes pédagogiques à adopter. « Il faut des plates-formes attrayantes, qui se démarquent des autres. Les quizz et les vidéos devront garder l’attention et la motivation des étudiants », insiste le chercheur.
Bien que les MOOC fassent peu de vagues dans le monde francophone, selon les recherches de Stéphane Villeneuve, la moitié des universités québécoises discuteraient actuellement de cette possibilité.
Coursera en chiffres :
La plateforme Coursera.org, c’est :
- 328 cours diffusés
- issus de 62 universités
- provenant de 17 pays
- les cours sont de 6 semaines
- la note de passage est 70%
- 3 millions de personnes se sont enregistrés comme participants
- originaires de 220 pays
- Laurence Houde-Roy
JournalistePrésentation de l’auteure :Laurence Houde-Roy est finissante à la maîtrise en journalisme international à l’Université Laval. Après un passage à l’étranger lors de stages avec Radio France et la French Radio London, elle poursuit sa collaboration comme journaliste à CIBL 101,5 Radio-Montréal.
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