25 - L’accès de la recherche au terrain : processus, contraintes, impacts et stratégies

Il s'agit dans cette communication de démontrer, comment un changement de paradigme dans le domaine de la recherche en sociologie de l'éducation,  contraint les étudiants à modifier leur habitus scientifique.

Dans le cadre d'un mémoire de master en Éducation, la démarche empirico inductive a été privilégiée pour appréhender les faits éducatifs.  Cette approche se décline en  quatre phases : la phase explicative, présentation de la démarche, la phase formative, initier et impliquer l'étudiant, la phase constructive, accéder au terrain et collecter les données et enfin la phase appropriative, donner du sens.

  Par cette démarche l'étudiant entre dans de nouvelles formes d'intelligibilité, de doute méthodologique et  ontologique  sur le terrain.  Cela l'oblige à ne plus considérer la recherche dans un rapport au savoir objet mais dans un rapport au savoir action (Charlot, 2001).

La médiation de l'universitaire pendant les séminaires se révèle formative et facilite l'entrée  de l'étudiant /chercheur dans un processus de recherche. Cette étape, s'avère difficile, en raison de la résistance de l'étudiant. Toutefois, elle contribue à une  déconstruction des représentations  scientifiques ou théoriques, au profit d'une nouvelle intelligibilité du terrain, sans enfermer l'étudiant dans un savoir savant.

La recherche empirico inductive devient  alors un enjeu  essentiel  d'appréhension et de compréhension des sociétés éducatives  grâce  des  savoirs jusque là ignorés.

Une stratégie d'accès au milieu : des dimensions liées aux concepts de partenariat, de la collaboration et du travail d'équipe sont soutenues comme des domaines de connaissances nécessaires aux chercheurs pour faciliter l'accès au terrain. Les articles qui ont guidé cette réflexion relèvent de recension d'écrits sur ces concepts provenant de différents domaines d’intervention et de recherche. Être au fait des intentions respectives de partenariat débute par une exploration des dimensions de nos préoccupations de la santé des travailleurs qui est au centre du partenariat (Courtney, Ballard, Fauver, Gariota, & Holland, 1996). Le terme partenariat est exploré en terme de qualité individuelle et collective et est inclusif au concept de collaboration (Henneman, Lee, & Cohen, 1995; Jewel, 1994). La collaboration nécessite que les individus s'estiment comme les membres d'une équipe et s'engagent à un objectif commun. Les membres offrent leur expertise et se sentent responsables des résultats. Ils ont une valeur importante pour tous les membres du groupe en lien avec leur contribution au processus (Mailick & Jordon, 1977). Cette collaboration demande un environnement orienté vers l'équipe (Evans & Carlson, 1992). Le travail d'équipe se réalise grâce à une collaboration interdépendante entre les membres. Ces dernières années, le travail d'équipe apparaît comme un facilitateur à l'atteinte de résultats et de rentabilité dans divers contextes organisationnels (Procter & Currie, 2004).

Les connaissances sur le cerveau se sont rapidement développées au cours des dernières décennies et elles ont permis l’émergence d’une approche de recherche neuroscientifique en éducation. Cette approche, souvent appelée la neuroéducation, étudie notamment la nature des mécanismes cérébraux mobilisés lors de certaines tâches scolaires et les effets d’interventions pédagogiques sur le cerveau. L’accès au terrain constitue une préoccupation importante pour les études en neuroéducation, surtout en raison des contraintes associées à l’utilisation de l’imagerie cérébrale. Malgré l’effort des responsables des installations de neuroimagerie pour prioriser la sécurité, la dignité et le bien-être des participants, les conditions expérimentales inhabituelles imposent un défi supplémentaire lors de l’approbation éthique des projets par les commissions scolaires, les directions d’écoles et les parents. Ces différents acteurs peuvent en effet exprimer des réticences qui sont susceptibles de complexifier le processus d’accès au terrain. Le contrôle des donneurs d’accès peut également s’en trouver amplifié, notamment au sein des organisations dont les processus d’approbation éthique sont plus centralisés ou unilatéraux. Cette communication abordera certains de ces enjeux d’accès au terrain dans les recherches en neuroéducation et quelques stratégies envisageables. Elle abordera également quelques-uns des effets possibles de ces enjeux sur le champ de la neuroéducation.

Une abondante littérature fait le constat que l’intérêt des managers pour la recherche s’avère très limité. Et il en a résulté une série d’articles académiques appelant à plus de pertinence. Pour autant, cette littérature souffre de deux limites principales. D’une part, une seule étude empirique permet de statuer le manque de pertinence de la recherche en management. Et d’autre part, aucune étude empirique n’a permis d’apprécier la pertinence du point de vue des managers. Notre recherche adresse donc deux questions : la recherche en management est-elle pertinente du point de vue des praticiens ? Et quels critères ces derniers considèrent-ils pour en apprécier l’utilité ? La réponse à ces questions a conduit, à partir d’une revue de littérature, à préciser la notion de pertinence des recherches en gestion, à en identifier les dimensions et à élaborer une série de critères permettant de l’apprécier. Puis, à partir d’une série d’entretiens collectifs avec des managers inscrits dans des programmes de formation continue et confrontés à la lecture d’articles de recherche, l’étude a révélé, d’une part que la recherche en management leur est utile et que cette utilité prend quatre formes, et d’autre part qu’elle est d’autant plus utile qu’elle satisfait à sept conditions. Ces résultats permettent notamment de repenser la relation entre les chercheurs en management et leur traditionnel terrain d’étude : les praticiens.

L’accès au savoir pratique des comptables qui exercent leur jugement professionnel lors de l’audit des états financiers est primordial pour approfondir la compréhension des processus psychiques et sociaux, personnels et professionnels qui conditionnent l’exercice de ce jugement. Toutefois, bien que cette compréhension devrait permettre d’améliorer la qualité du service rendu par l’auditeur et, éventuellement, de faire évoluer les normes vers une prise en compte encore plus importante de la dimension centrale du jugement, peu de recherches ont été menées sur le sujet. L’accès à ce milieu professionnel particulier comportant certains défis, les recherches sont alors difficiles à structurer et à se réaliser. L’objectif de cette communication est de présenter les défis auxquels la chercheure a été confrontée. Le premier défi est de convaincre les professionnels de se libérer du temps pour réaliser l’entretien, car ces derniers facturent leur temps à l’heure et sont très demandés sur le marché. Toutefois, le défi le plus grand concerne un sujet très préoccupant pour ce milieu, soit d’assurer la confidentialité des données recueillies lors des entretiens. Un deuxième objectif est visé par cette communication, soit de présenter les stratégies qui ont été utilisées par la chercheure pour obtenir des appuis positifs de ce milieu professionnel dans le cadre de sa recherche. Finalement, quelques enjeux relatifs à la méthode de recherche utilisée seront également exposés.

Dans les recherches empiriques en sciences humaines et sociales, l’accès aux participants est d’une importance capitale. Plus que seulement rendre la tâche ardue pour le chercheur, un accès difficile peut dans certains cas compromettre la réalisation d’une collecte de données, ou de manière plus subtile, engendrer des biais au sein des données recueillies. Par conséquent, nous déplorons que les connaissances sur ce processus d’accès soient à l’heure actuelle très fragmentées et qu’elles reposent presque exclusivement sur des réflexions ou des anecdotes relatives à des expériences vécues par certains chercheurs. Un travail de synthèse nous apparait pertinent afin de recenser et organiser les connaissances existantes sur le sujet.

Lors de cette communication, nous présenterons un projet d’examen de la portée (scoping review) en cours de réalisation. Suite à l’exposition de la méthode utilisée, nous ferons un survol systématisé des thèmes identifiés dans les écrits, incluant : les diverses stratégies que peuvent utiliser les chercheurs pour accéder aux participants ; les facteurs susceptibles de favoriser la décision prise par les individus de participer à un projet de recherche ; les facteurs susceptibles de favoriser la décision prise par des individus-clés (des gatekeepers) de permettre aux chercheurs d’accéder aux participants potentiels. Nous conclurons la communication par l’identification de lacunes dans l’état actuel des connaissances ainsi que de quelques pistes de recherches futures.