513 - Accompagner des enseignants afin qu’ils intègrent la littérature jeunesse en classe

Comme le souligne Abdallah-Pretceille (1999), la diversité est un vecteur important d’enrichissement culturel et civique du monde contemporain. Cette question renvoie à un défi de taille, car la légitimité univoque de la langue de scolarisation occulte le répertoire langagier des élèves (Cuq, 2003). Pour tendre vers un renouveau didactique et pédagogique, plus adapté aux élèves allophones, nous avons fait le choix de la littérature de jeunesse (LDJ), car elle convoque chez l’élève un certain nombre de déclencheurs : plaisir, motivation, interculturalité, etc. (Poslaniec, 2008). De plus, elle permet de développer des connaissances linguistiques et métalinguistiques au regard de recherche de similitudes ou de différences des langues inconnues des élèves (Fleuret, 2013). Dans cette communication, nous présenterons les résultats préliminaires d’une étude intersite que nous menons entre le Canada et la France et qui porte sur la prise en compte de la diversité dans les pratiques pédagogiques chez des enseignants de l’accueil. Pour ce faire, ces derniers ont rempli un questionnaire traitant, entre autres, de ces deux aspects. À partir des données recueillies, nous les avons formés à l’approche interculturelle et la LDJ. Pendant deux ans, nous les accompagnerons dans la mise à l’essai de nouvelles pratiques pédagogiques et nous mesurerons, d’une part, les gains potentiels en français des élèves allophones de leurs classes et, d’autre part, leurs représentations quant à ce changement.

Depuis que la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke offre à ses étudiantes et à ses étudiants un baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire, l’importance à accorder dès la formation initiale des maitres à la littérature de jeunesse est source de débats : doit-on, par exemple, se servir d’œuvres littéraires dans tous les cours de français ou seulement dans certains cours ciblés? Doit-on offrir un cours obligatoire ou optionnel sur la littérature de jeunesse? Les réponses à ces questions, comme à d’autres, ont influencé les choix de parcours imposés au fil du temps en didactique du français, parfois par une approche intégrative des volets de l’enseignement du français dans tous les cours, parfois par une formule à dominante pour chacun des cours. Dans l’état des lieux que nous proposons pour cette communication, nous présentons un survol historique des cours de français et de didactique offerts au BEPP et le parcours actuel en ce qui concerne la lecture et l’appréciation des œuvres littéraires. Nous analysons ainsi spécifiquement deux exemples d’activités intégrées aux cours de la deuxième et de la quatrième année : 1) une séquence didactique de lecture interactive; 2) une création d’un album de littérature. Les résultats de notre analyse montrent la pertinence d’accompagner étroitement et progressivement les futures enseignantes et les futurs enseignants dans le choix des œuvres et dans les approches didactiques de la littérature à l’école.

Le Master Métier de l’Enseignement de l’Education et de la Formation (MEEF) comprend des unités d’enseignement telles que la didactique du français et de la littérature (UE1) et une initiation à la recherche (UE 9). L’ESPE de Vannes propose, dans le cadre de l’initiation à la recherche, plusieurs parcours : culturel et artistique, citoyen et scientifique. Dans ces parcours la littérature de jeunesse est fortement impliquée.
Cette communication a pour ambition d’une part de s’interroger sur la pertinence de la place accordée à la littérature de jeunesse dans ces parcours de recherche et d’autre part d’observer l’impact créé au sein de ces mêmes parcours à travers deux focales : les thèmes de recherche choisis et la pratique d’un carnet de lecteur.
Nous nous proposons, afin de répondre à notre questionnement, d’établir tout d’abord un état des lieux des sujets de recherche, au sein de cette unité d’enseignement (à travers le nombre et les thèmes retenus), qui nous offrira une photographie des questions professionnelles sur l’enseignement de la littérature de jeunesse d’étudiants se consacrant au métier de professeur des écoles. Dans un second temps, à travers une pratique individuelle d’un groupe d’étudiants, qui sont inscrits dans le parcours culturel et artistique, nous analyserons les carnets de lecture complétés tout au long de l’année. Définis conjointement par les étudiants et l’enseignant, ils portent sur la lecture d’ouvrages de jeunesse dont particulièrement ceux du prix ESPE. Ce sera ainsi l’occasion de présenter ce prix ESPE de littérature de jeunesse nouvellement créé. A travers une analyse de contenu (Bardin, 1977) nous dégagerons les thèmes récurrents, les jugements portés par les locuteurs et les représentations sociales qui s’en dégagent.

Plusieurs travaux ont montré que les enseignants avaient besoin de pratiquer eux-mêmes l’écriture pour l’enseigner efficacement (Grossman et coll., 2000; McDonald et coll. ; 2004, Routman, 2010). En faisant l’expérience des batailles et des satisfactions du travail de l’écrivain, ils seraient mieux outillés pour accompagner leurs élèves dans l’apprentissage de l’écriture (Brooks, 2007; Cremin, 2006). Pourtant, les enseignants du primaire écrivent peu, et ce, particulièrement dans une perspective créative (Lamb, 2017). Dans cette communication, nous présenterons les résultats préliminaires d’une recherche-action dans laquelle des enseignants du primaire ont été amenés, à expérimenter, à travers des cercles d’auteurs, des pratiques novatrices d’enseignement de l’écriture ayant recours à la littérature jeunesse. Un cercle d’auteur est un dispositif qui permet de réunir environ 5 participants qui écrivent, de façon régulière, sur un thème de leur choix ou à partir d’un déclencheur, pour ensuite partager leurs productions, recevoir des commentaires, les réviser et les publier (Vopat, 2009). Nous décrirons la démarche de formation et d’accompagnement que nous avons mise en place et qui consistait, à travers une communauté d’apprentissage, à faire vivre aux enseignants l’expérience des cercles d’auteurs. À l’aide de données issues de questionnaires, de témoignages d’expériences et d’entretiens menés avec les enseignants, à l’issue de la première année du projet, nous décrirons également son impact sur leur développement professionnel.