Quel est le chemin à prendre pour rendre une ville accessible? Faut-il aller, comme sur la photographie de gauche, vers des espaces simples et vastes, ou à droite vers un « jeu » de contraintes imposées : borne-fontaine, poteaux, poubelle?
Ma représentation de la ville accessible, celle où je peux me déplacer librement et pour laquelle j’ai un sentiment d’appartenance, peut s’avérer totalement différente, voire même contradictoire de celle de mon voisin. Pourtant, qu’il se déplace en fauteuil roulant pour la sillonner, qu’il utilise une canne blanche pour mieux la percevoir ou qu’il en amplifie les sons pour mieux l’entendre, ce voisin, tout autant que moi, a un droit moral à une ville accessible. Comment, dès lors, faire se rencontrer des perspectives de gens ayant des capacités de mobilité différentes, et ce, en vue de créer cette ville pour tous?
Depuis longtemps, des standards de construction guident la conception d’aménagements piétonniers, tels les trottoirs et les traverses piétonnières. Ils ont pris naissance dans les villes du 18e siècle où chevaux et charrettes primaient. Les espaces piétonniers étaient généralement restreints et peu élaborés. Sans surprise, ces standards n’ont jamais répondu aux besoins des personnes ayant des incapacités qui se butent donc quotidiennement à d’innombrables obstacles. Les pratiques ont certes évolué, mais elle restent souvent dictées par les standards d’autrefois. L’injustice créée par ces espaces contraignants et les effets néfastes qu’ils génèrent pour nos concitoyens aux capacités variées, nous obligent à nous dépasser afin de trouver des solutions plus inclusives. C’est cette recherche de solutions novatrices pour améliorer la qualité de vie qui m’a passionnée.
Mon projet de recherche participatif vise ainsi à établir, avec les citoyens ayant des incapacités physiques, de nouveaux standards pour répondre à leurs besoins, appuyés par les connaissances de professionnels de la santé et de chercheurs (réadaptation et design). Pour assurer la concrétisation de ces solutions, j’en valide l’applicabilité avec des représentants municipaux et des sociétés de transport en commun qui deviennent alors acteurs de ce changement. Ces experts de divers horizons, de professions et de vécus variés, mettent ainsi l’épaule à la roue pour bâtir une ville accessible qui permettra à tous les piétons, y compris ceux ayant des incapacités physiques, de se déplacer là où ils le désirent… pour finalement prendre ensemble le bon chemin.
Mon projet de recherche participatif vise ainsi à établir, avec les citoyens ayant des incapacités physiques, de nouveaux standards pour répondre à leurs besoins, appuyés par les connaissances de professionnels de la santé et de chercheurs (réadaptation et design).
- Stéphanie Gamache
Université Laval
Stéphanie Gamache est étudiante au doctorat en sciences cliniques et biomédicales, sous la direction de François Routhier, Ernesto Morales et Marie-Hélène Vandersmissen, et ergothérapeute au CIUSSS-CN site IRDPQ au programme d’intégration communautaire. Elle s'intéresse à l'accessibilité des environnements publics pour les personnes ayant des déficiences motrices, visuelles et auditives. Son projet de doctorat, intitulé Mobilité et Accès - La voirie urbaine au service des déplacements sécuritaires des personnes à mobilité réduite, traite spécifiquement de l’accès aux aménagements piétonniers.
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