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Katy Larouche, Journaliste
Certains agriculteurs les utilisent comme engrais, d’autres les brûlent sous forme de biomasse, mais les quantités produites dépassent toujours la demande. La créativité des scientifiques est donc sollicitée pour trouver de nouvelles applications à ces boues de désencrage.

 

[Colloque 204 - Les nouveaux produits d’origine lignocellulosique : outils pour une industrie plus verte – 13 mai]

En mettant au bac de récupération journaux et feuilles de notes, il est difficile de croire qu'ils ressortiront tout blanc du processus de recyclage. Pourtant le procédé qui combine le papier usagé à de l'eau et à un coagulant - sorte de savon - pour séparer l'encre de la pâte de bois a fait ses preuves depuis plusieurs décennies. Cette démarche aux accents écologiques comporte toutefois un bémol : les résidus générés par le désencrage. Certains agriculteurs les utilisent comme engrais, d’autres les brûlent sous forme de biomasse, mais les quantités produites dépassent toujours la demande. La créativité des scientifiques est donc sollicitée pour trouver de nouvelles applications à ces boues de désencrage.

L’hypothèse de Sébastien Migneault, post-doctorant à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT),  a de quoi piquer la curiosité : il propose d’utiliser ces boues gorgées d'eau et de métaux comme agent de remplissage dans les produits dérivés du bois.

Rapidement, l’idée a séduit sa collègue Lila Djerroud, étudiante à la maîtrise en ingénierie à l’UQAT. « Je voulais trouver une autre option que l'agriculture pour valoriser les boues qui contiennent après tout une certaine quantité de produits chimiques », indique-t-elle. 

Dans le cadre de ses recherches, elle s’est intéressée tout particulièrement au bois-polymère, matériau combinant du bois et du plastique. Moins dispendieux que le bois massif, il est maintenant utilisé couramment dans la fabrication de mobilier. La chercheuse a ainsi tenté d’y intégrer les boues pour maximiser les propriétés de ses deux composés. « L'avantage du bois, c'est qu'il est très dur et qu’il ne plie pas, explique Lila Djerroud. Le plastique, lui, a la propriété d'être imperméable à l'eau, mais il a l'inconvénient d'être comme de la gomme à mâcher et de s'étirer. » 

Les expériences de ses prédécesseurs tendaient à démontrer que le bois-polymère ne permettait pas de conserver tout à fait les propriétés utiles de ses deux composants. Par exemple, la dureté du produit final n’était pas comparable à celle du bois, alors que son imperméabilité était moindre que celle du plastique.  

« Cette nouvelle propriété a l’avantage d’augmenter significativement la durée de vie des produits de bois-polymère, un atout environnemental indéniable. »

En ajoutant la boue de désencrage, Lila Djerroud a alors eu une agréable surprise : elle réussissait en quelque sorte à sceller le bois, le rendant complètement imperméable à l'eau. « Mes échantillons trempent dans des bassins depuis deux mois, et ils n’ont pas absorbé une seule goutte d’eau », ajoute-t-elle avec fierté. Cette nouvelle propriété a l’avantage d’augmenter significativement la durée de vie des produits de bois-polymère, un atout environnemental indéniable.

« Mais la plus grande découverte, c’est la diminution drastique des émissions de formaldéhyde - un des gaz polluants les plus répandus dans l’environnement domestique- dans les produits auxquels on ajoute la boue de désencrage», souligne Ahmed Koubaa, le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la valorisation, la caractérisation et la transformation du bois de l’Institut de recherche sur les forêts (IRF). Selon ce professeur qui a accompagné Mme Djerroud dans ses recherches, les raisons du phénomène restent pour l'instant mystérieuses. Cette découverte fera, espérons-le, couler de l’encre dans les publications scientifiques et de moins en moins dans les sites d’enfouissement...


  • Katy Larouche
    Journaliste
    Présentation de la journalisteKaty Larouche est étudiante au certificat en journalisme à l’Université de Montréal. Adepte du multiplateforme, elle a complété un baccalauréat en télévision à l’UQAM et a contribué à différents médias étudiants sur le web. C’est toutefois sur le voilier-école des Reporters de la mer qu’elle a fait ses premiers pas en journalisme de terrain en sillonnant le fleuve St-Laurent. Cette expérience a confirmé son intérêt pour les questions environnementales qu’elle souhaite aborder sous diverses facettes, dont celle de la science.

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