Toujours portés sur l’avenir, les référenceurs s’échinent désormais à sortir d’une certaine "Google-dépendance" afin d’accroître leur légitimité et ainsi jouer un rôle encore plus stratégique sur le Web.
2013 - 81e Congrès – Concevoir un site web est aujourd’hui un peu plus facile, mais cela demande tout de même beaucoup de rigueur en termes de planification, de créativité et de contrôle des aspects techniques. Mais à quoi sert tant d’investissement si votre « bébé » se retrouve perdu au beau milieu de la masse de sites concurrents, repérable après avoir fait défiler cinq ou six pages sur votre moteur de recherche? Pour se garantir une forte visibilité et ainsi générer du trafic sur son site (car c’est cela l’objectif principal, non?), la nécessité d’un positionnement optimal sur les portails et les moteurs de recherche apparaît. Inévitablement. Un besoin précis, connu sous le terme de référencement.
Ombre est lumière
« L’univers du référencement sur le web a été appréhendé voilà quinze ans par quelques informaticiens-pionniers. Bien sûr, rien n’était prémédité, les référenceurs sont arrivés par hasard, sans aucune vision à long terme. Leur unique but était de promouvoir leur site personnel, chacun de leur côté », explique Jean-Claude Domenget, enseignant-chercheur en communication à l’Université française de Franche-Comté, lors de sa présentation au congrès. Découvertes après découvertes, tests après tests (évolution des algorithmes, détournement des filtres Google, etc.), ces « petits génies de l’ombre », véritables défricheurs, engrangent de l’expérience. Puis se rencontrent, échangent, jusqu’à créer une communauté de référenceurs. « C’est une génération d’autodidactes « sociaux ». En effet, ils ont ajouté une dimension communautaire à l’apprentissage par soi-même. Le partage des connaissances acquises individuellement a permis, paradoxalement, la construction d’une identité collective », affirme Jean-Claude Domenget, qui a bâti son travail de recherche sur une série d’entretiens concernant les trajectoires professionnelles et les pratiques de formation de référenceurs pionniers.
Maîtrisant de plus en plus les techniques et les contenus, les référenceurs passent naturellement du statut de défricheurs à celui d’explorateurs. Ainsi, ils s’orientent vers la quête de la performance maximale, bien conscients de leurs capacités à réagir devant les évolutions - entre autres - de Google. Une étape décisive pour gagner en visibilité et accroître leur réputation auprès de la clientèle d’un marché encore embryonnaire. « Certains, comme le pape du référencement français, Olivier Andrieu, demeurent des explorateurs, toujours guidés par la vision de partage. D’autres ont préféré s’atteler au niveau supérieur en structurant les premiers réseaux, les premières agences et en édictant les premières règles éthiques », poursuit le chercheur. Ces derniers, appelés « organisateurs » et « planificateurs », se posent comme les garants de la légitimité du métier de référenceur.
L’avènement du stratège
Structurer le milieu, c’est bien. Important, même! Mais rapidement les référenceurs se rendent compte des difficultés encourues pour retenir le client, le fidéliser. Face à ce marché volatil, comment assurer la pérennité d’un métier tout neuf? C’est là que le rôle de « stratège » entre en scène. « Même s’il conserve une forte expérience dans l’univers du référencement, le stratège sort de l’opérationnel, le cœur du métier. En s’inscrivant dans une démarche d’accompagnement des attentes du client, par exemple définir la cible prioritaire, il élabore des stratégies qui crédibilisent le métier », démontre le chercheur français. D’où l’apparition de termes de visibilité en ligne ou de e-réputation. Cette entrée dans une dimension de communication globale et stratégique permet la pérennité du métier de référenceur ainsi que son employabilité durable. Une bonne chose de réglée, donc! Toujours portés sur l’avenir, les référenceurs s’échinent désormais à sortir d’une certaine « Google-dépendance » afin d’accroître leur légitimité et ainsi jouer un rôle encore plus stratégique sur le Web. Avec succès?
- Thomas Belin
Stagiaire en journalisme scientifique
Thomas Belin est un journaliste français. Détenteur d’une maîtrise en journalisme et communication ainsi que d’une maîtrise en économie appliquée, toutes deux obtenues à l’Université d’Aix-Marseille, il a évolué au sein de la rédaction de plusieurs quotidiens régionaux d’Avignon comme La Provence ou Le Dauphiné-Libéré. Dernièrement, il était rédacteur pour le guide touristique Le Petit Futé, en charge des parutions spéciales « Avignon », « Vaucluse » et « Provence ». De retour au Québec, il effectue un stage à l’Acfas qui lui permet d’appréhender l’univers des sciences.
Vous aimez cet article?
Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.
Devenir membre