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Les fous de Bassan nichant à l’île Bonaventure migrent à l’automne vers trois aires d’hivernage différentes : au nord-est et au sud-est des États-Unis dans l'océan Atlantique, ainsi que dans le golfe du Mexique. Les migrations et le comportement de vol de 66 fous de Bassan ont été étudiés en 2011 et 2012 en utilisant des consignateurs d’intensité lumineuse (CIL). Les CIL ont également permis de déterminer leur aire d’hivernage ainsi que le temps qu’ils y ont passé. Alors que la diminution des stocks de poisson provoquée par le déversement pétrolier de Deepwater Horizon en 2010 laissait prévoir une complication de la quête alimentaire des fous de Bassan qui y hivernent et donc, un temps de vol quotidien supérieur à celui de leurs congénères ayant migré plus au nord, le contraire a plutôt été observé. Le temps passé à voler était significativement moins élevé pour les individus du golfe du Mexique par rapport à ceux de la côte Atlantique. Ces résultats supposent qu’il serait avantageux pour les fous de Bassan de se rendre jusqu’au golfe du Mexique en hiver : il y aurait une plus faible compétition intra-spécifique et/ou les ressources alimentaires y seraient plus abondantes et/ou elles seraient plus faciles à repérer. Par conséquent, arrivés à destination, les fous de Bassan dépenseraient moins d’énergie à se déplacer en volant pour s’alimenter que ceux hivernant dans l’Atlantique.

Les riboswitchs sont des ARN structurés présents majoritairement dans les régions 5′ non traduite d’ARNm qu’ils régulent, chez les bactéries. Ces structures sont composées d’un domaine de liaison de ligand, soit l’aptamère, et d’un domaine à mécanismes-variables contrôlant l’expression d’un gène, soit la plateforme d’expression. L’aptamère d’un riboswitch adopte deux structures différentes : la structure liée et la structure non-liée au ligand. À ce jour, il n’y a qu’une structure non-liée de riboswitch qui a été résolue par crystallographie, contre des dizaines de structures liées. Suite à la découverte dans notre laboratoire d’une nouvelle variante de riboswitch de type S-adénosylméthionine (SAM) II chez B. thailandensis, on vise à confirmer l’existence de la structure non-liée de l’aptamère. Basé sur la théorie que les deux structures compétitionnent entre elles, une série de mutants, ayant pour but d’affaiblir ou de renforcer la structure non-liée, sont testés pour leur affinité avec SAM, par la technique d’in-line probing. Nos résultats permettent de confirmer l’existence de certaines composantes structurales importantes de la structure non-liée. Par contre, à notre surprise, la structure non-liée ne compétitionne pas avec la structure liée, mais contribue plutôt à la liaison de SAM. Cette caractéristique de la structure de l’aptamère non-lié révèle des indices sur les déterminants structuraux essentiels au mécanisme d’action des riboswitchs.

Notre laboratoire a récemment caractérisé une nouvelle interaction entre la ligase de l’ubiquitine
Itch et une petite protéine lysosomale encore mal connue LITAF. Cette interaction
peut s’établit grâce à deux motifs PPXY situé dans la portion N-terminale de
LITAF, qui sont reconnus par les domaines WW de Itch. Fait remarquable, la
présence de LITAF dans les cellules en culture modifie la distribution
intracellulaire de Itch, qui passe d’une association avec les compartiments
endosomaux à une localisation lysosomale. Ce déplacement est dépendant de l’association avec LITAF.

Nous avons utilisé différents mutants de LITAF pour déterminer  l’influence de la
présence de l’interaction entre LITAF et Itch sur l’activité auto catalytique
de Itch, ainsi que sur sa capacité à interagir et ubiquityler certains de ses
substrats. Nous avons ainsi constaté que l’interaction entre Itch et LITAF
cause une diminution importante du niveau d’expression des deux protéines. Ce
résultat suggère que l’activité catalytique de Itch est fortement stimulée par
l’interaction avec LITAF. De plus, des mutations au niveau de la séquence
codant LITAF sont associées à certaines formes du syndrome neurodégénératif de
Charcot-Marie-Tooth. Cette neuropathie est caractérisée par l’accumulation de
protéines au niveau des cellules. Ces observations suggèrent que LITAF pourrait
agir comme un activateur de la ligase Itch et stimuler son activité, ce qui
accroîtrait l’action de la ligase sur ses substrats.



La microflore fongique du fromage Camembert, composée principalement de Geotrichum candidum et de Penicillium camemberti, est responsable de son apparence et du développement de ses caractéristiques sensorielles typiques. Cependant, peu d’informations sont disponibles concernant les gènes portés par ces Fungi, et leurs profils d’expression pendant l’affinage. L'objectif de cette étude était de générer cette information en utilisant les outils de la métranscriptomique. Le pyroséquençage a été utilisé afin d’évaluer l’activité potentielle des Fungi à sept moments clés de la période d’affinage du Camembert sur une période de 77 jours. Les 1 060 019 séquences-étiquettes (reads) obtenues ont été assemblées en 7916 nouvelles séquences (contigs) dans une base de données nommée CamemBank01. Leur identification a permis d’évaluer que 64 % d’entre elles provenaient de moisissures, 19 % de levures et 17 % d’origine non caractérisée. L’annotation des contigs a montré que les fonctions prédominantes retrouvées dans CamemBank01 étaient associées aux mécanismes liés à l’expression des gènes, à l’utilisation des sucres, des acides organiques, des protéines et des lipides présents dans la matrice fromagère, de même qu’à la réponse à divers stress. La majorité de ces activités semblent être exprimées pendant les 15 premiers jours de l’affinage. CamemBank01 est un outil précieux qui permet une compréhension plus précise des activités biologiques des ferments d’affinage du fromage Camembert.

Les aires marines protégées (AMP) jouent un rôle clé dans la réalisation des engagements internationaux pour la protection de la biodiversité. Cependant, étant donné les transformations que les écosystèmes marins subissent en raison du changement climatique (CC), la nature statique des AMP présente des défis de gestion importants (ex., lutte contre la perte d'habitat, augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes, migration d'espèces vers/hors de la zone protégée).

Les projections de CC peuvent être incorporées dans le processus de conception de nouvelles AMP, mais l'adaptation est plus complexe pour les AMP déjà établies et qui n'ont pas été initialement conçues en tenant compte des impacts du CC. Quelles mesures supplémentaires peuvent être prises par les gestionnaires pour anticiper, adapter et atténuer les conséquences du CC et assurer l'efficacité de leurs AMP ?

Une analyse de l'intégration des mesures relatives au CC dans les plans de gestion des AMP existantes sera présentée, suivie des contributions à une base de données open source sur les actions et les mesures visant à renforcer la résilience et l'adaptation au CC dans les AMP du monde entier. Les gestionnaires d'AMP pourront ainsi accéder à une « boîte à outils » d'actions concrètes, leur permettant d'explorer les options de gestion et de les personnaliser en fonction de leurs vulnérabilités climatiques spécifiques.

La mammite bovine à Staphylococcus aureus se caractérise habituellement par une infection sub-clinique difficile à éradiquer par l'administration d'antibiotiques, la bactérie y devenant très souvent résistante.  La littérature nous rapporte l'application d'une nouvelle approche curative, l’utilisation de bactériophages, des virus qui ne s’attaquent qu’aux bactéries.  Des essais d’infusion intramammaire de bactériophages ont été faits sur des vaches, avec des résultats mitigés.  Certaines études ont démontré une meilleure efficacité des phages lorsqu’administrés de façon systémique plutôt que locale.  Nous avons donc testé différents modes d’administration de phages, soit par voies intrapéritonéale et orale, afin d’en comparer l’efficacité face à l’infusion intramammaire.  Nous avons établi que l’administration IP de nos phages permet de les retrouver en circulation à de bonnes concentrations et que certaines familles de phages semblent persister plus longtemps en circulation, ce qui représente un avantage dans la perspective où on les utiliserait à des fins prophylactiques ou curatives.  La voie orale ne semble pas fonctionner, même après avoir neutralisé l’acidité gastrique.  Suite à ces essais de pharmacocinétique, nous sommes à procéder à des essais de traitement par différentes voies d'administration, sur un modèle murin de mammite.  Ce modèle a été standardisé et a fait l'objet de nombreuses publications.

Au Québec, l’utilisation grandissante du milieu forestier boréal comme zone d’exploitation des ressources ou comme territoire de loisir accroit d’autant le risque encouru par les usagers de ce milieu de s’y retrouver un jour confrontés à une situation critique ou de survie. Ces situations critiques peuvent parfois conduire des personnes à vivre un séjour en état de grande précarité, notamment sans autres moyens de subsistance que les ressources naturelles disponibles. Dans ce contexte, l’objectif de la recherche est de dresser un portrait scientifique de l’utilité de la flore québécoise, soit d’inventorier les plantes comestibles de la zone boréale offrant à des victimes de situations de survie un potentiel réel pour favoriser le maintien des fonctions vitales par le biais de l’alimentation.

Cette recherche est de type opérationnel et se fonde sur une méthodologie mixte et expérimentale. L’outil final dont elle visait l’élaboration est une liste d’espèces végétales indigènes de la forêt boréale, hiérarchisées selon leur potentiel d’utilité effective (PUE). Ce potentiel a été établi grâce à une analyse multicritères de la répartition spatiale de la flore, de sa disponibilité temporelle, de son accessibilité physique, de sa valeur nutritionnelle et de son acceptabilité gustative. La connaissance de ce potentiel contribuera à la prévention des usagers et à la gestion des risques en relativisant la disponibilité et l’usage alimentaire de la flore en territoire nordique.

La dispersion océanique longue distance et la dispersion terrestre sont deux hypothèses évoquées en biogéographie historique pour expliquer la répartition des espèces sur la Terre au cours du temps. Nous avons vérifié ces hypothèses par l’étude de l’évolution des arbres tropicaux du genre Crudia, inclus dans la famille des Légumineuses et localisés en Afrique de l’Ouest, en Amérique du Sud et en Asie du Sud-est. Afin de reconstruire l’histoire biogéographique des 55 espèces du genre Crudia, une phylogénie moléculaire a été reconstruite. Le genre Crudia forme un groupe naturel – toutes les espèces sont étroitement apparentées – et comprend deux lignées distinctes, aisément identifiables, qui ont évoluées à partir de plusieurs lignées africaines : une lignée asiatique et une lignée américaine. Nos analyses suggèrent que l’Afrique est l’aire ancestrale du genre Crudia ; par la suite, une séparation précoce est observée entre toutes les espèces asiatiques et le reste du genre, suivi par un second évènement de dispersion tardif depuis l’Afrique vers l’Amérique durant l’Éocène. Suite à l’étude des caractères environnementaux, morphologiques et géographiques, cette distribution pantropicale s’explique vraisemblablement par la dispersion océanique longue distance à l’aide de graines flottantes, portées par les courants marins de surface, plutôt que par la dispersion terrestre.

Selon la théorie de la sélection naturelle, il existe une proportion égale des sexes. Cependant, cette règle n’est pas toujours un cas idéal, car une proportion plus élevée d’un sexe peut entrainer certains bénéfices tels qu’assurer la fertilisation, encourager la dispersion  et contrôler la population. Les épidémies causées par les ravageurs forestiers mettent les arbres en péril, rendant ainsi les ressources moins disponibles. La rareté des ressources affecte le fitness des femelles en raison des coûts métaboliques et reproductifs plus élevés. L’objectif de ce travail est de déterminer s’il existe une distorsion du sexe ratio en conditions de stress chez la tordeuse des bourgeons de l’épinette; un des ravageurs les plus problématiques au Canada. Une colonie de tordeuse des bourgeons de l’épinette a été élevée pendant trois générations sur deux types de diètes artificielles : une diète témoin et une avec un stress sucre : azote. Les variables considérées sont la mortalité différentielle au stade chrysalide et au stade papillon. Les résultats indiquent qu’il y a effectivement une distorsion causée par un débalancement nutritionnel. Le fitness chez les femelles est fortement affecté, ce qui se traduit par une proportion plus élevée de mâles. Lors d’une épidémie, un nombre plus faible de femelles entraine une plus forte compétition entre les mâles, stimule la dispersion dans des lieux où les ressources sont plus disponibles et contrôle la taille de la population.

Par sa définition sur plusieurs aspects dont la physiologie et la philosophie, l’animal est considéré comme une entité vivante différente de l’être humain.  De plus, à la lumière des informations disponibles dans la littérature, l’animal est aussi considéré différemment de l’être humain en fonction de son statut sociétal et en fonction de la vision de son utilité pour l’être humain.  De ce fait, les médecins vétérinaires conçoivent l’animal-patient de façon distincte selon l’évaluation de ce que représente ce dernier pour chacun dans leur vie professionnelle et de leur vie personnelle.  Ces conceptions de l’animal influencent grandement la vision des professionnels lors de situations vécues dans leur milieu de travail et conséquemment influencent aussi leurs décisions cliniques, particulièrement lors de dilemmes éthiques tels que lors de demande d’euthanasie.  En évaluant les divergences au niveau de ces conceptions de l’animal, il sera possible de mieux comprendre les points de vue des vétérinaires interrogés au sujet du dilemme éthique.  Où est la place de cet animal dans la relation entre le vétérinaire, le propriétaire de l’animal et ce dernier?  Pour tenter de répondre à ces questions cette communication portera sur des résultats d’une étude descriptive qualitative faite à partir d’entrevues avec questions ouvertes permettant de démystifier globalement le sujet.

Dans le cadre de nos recherches sur les techniques de microscopie optique non linéaire, nous avons imagé du tendon de queue de souris, un tissu connectif riche en protéines de collagène de type I, avec une technique de microscopie de seconde harmonique interférométrique (figure 1a). Cette technique, qui n’avait encore jamais été employée pour l’imagerie tissulaire, permet de déterminer l’orientation relative des différentes structures émettrices de seconde harmonique (noncentrosymétriques). Nous avons observé que l’orientation structurale des fibrilles de collagène dans ce tissu peut être maintenue sur des distances de plus de 150 μm le long de leur axe tandis que dans la direction transversale, cette organisation varie sur des distances de 1 à 15 μm. Ces résultats peuvent être expliqués à l’aide d’un modèle dans lequel les fibrilles sont représentées par des nanocylindres distribués de façon hétérogène, tous alignés dans la même direction, mais avec un signe de susceptibilité optique de 2e ordre aléatoire. Le rapport entre les fibrilles qui pointent dans une direction et celles qui pointent dans le sens contraire varie autour de 1 en fonction de la position dans le tendon ce qui permet d’expliquer la présence de domaines noncentrosymétriques dans celui-ci. Nous concluons également que les structures observées à l’aide de technique de microscopie de seconde harmonique (figure 1b) sont dues aux fluctuations de ce rapport dans le tissu.

La demande croissante en protéines animales et le gaspillage alimentaire sont des préoccupations majeures du domaine de la sécurité alimentaire qui touchent l’ensemble de la population mondiale. Une solution commune et écologique à ces problématiques est l’exploitation des larves de mouches soldat noires (Hermetia illucens) pour la bioconversion des déchets organiques en biofertilisant et en protéines animales de qualité pour l’alimentation animale. Toutefois, les aspects microbiologiques de la performance et de la santé de la mouche soldat noire ont été largement négligés. Cette étude investigue comment les interactions hôte-microbiote affectent l’ontologie des larves et caractérise les communautés microbiennes associées aux stades développementaux. Une approche de métatranscriptomique a été utilisée pour comparer les fonctions enrichies chez des larves avec et sans microbiote (axéniques). Une approche de métataxonomique des gènes 16S et 18S utilisant des amorces de blocages spécifiques a permis d’analyser la composition et la diversité du microbiote eucaryote et procaryote associé à la larve. Les résultats ont montré l’importance du microbiote dans le développement et sa modulation avec le cycle de vie. Cette étude développe les connaissances nécessaires à l'élaboration d'outils microbiologique (probiotiques) pour l'optimisation de l'élevage de larves à des emplois industriels spécifiques (gestion de déchets contaminés, alimentation de bétail, re-valorisation des déchets).

Une augmentation des activités de navigation dans l'Arctique, résultant du réchauffement climatique et de l'exploitation des ressources, peut accroître les risques d’introduction d'espèces aquatiques envahissantes dans cette région. Nous avons examiné, à l'échelle de l'Arctique canadien, la distribution spatiale potentielle d’un groupe d’espèces envahissantes dans les conditions environnementales actuelles, puis projetées dans le futur, à la moitié du siècle. Les résultats de la modélisation de l'habitat dans les conditions environnementales actuelles et futures ont montré que des espèces comme le crabe royal rouge (Paralithodes camtschaticus), le crabe vert (Carcinus maena), la crevette squelettique japonaise (Caprella mutica), la mye (Mya arenaria) et le bigorneau (Littorina littorea) trouveraient un habitat adéquat dans plusieurs régions de l’Arctique canadien comme dans la baie d'Hudson et la mer de Beaufort. Le but de ces travaux de recherche est d'identifier des espèces qui, dans le contexte des changements climatiques, représentent un danger élevé d’invasion.

Anaphes listronoti, une guêpe parasitoïde des œufs, est actuellement l’ennemi naturel le plus efficace contre le charançon de la carotte (Listronotus oregonensis). Les changements climatiques pourraient cependant altérer le contrôle qu’elle exerce sur les populations de ce dernier, de par l’effet de la température sur sa physiologie et ses comportements. L’accouplement en particulier s’avère crucial pour le maintien des populations de A. listronoti : l’espèce étant haplo-diploïde, une femelle non-accouplée ne donnera naissance qu’à des mâles. L’accouplement d’A. listronoti a été étudié en laboratoire à des températures constantes de 15, 20, 25, 30 et 35°C. La température lors de l’accouplement n’a pas d’effet significatif sur le « sex-ratio » de la progéniture pondue par la femelle ultérieurement. Elle  affecte cependant les durées de la cour du mâle et de l’accouplement : plus elle est élevée, plus les durées sont courtes. Elle a également un effet significatif sur la proportion de rencontres résultant en un accouplement : moins de couples s’accouplaient aux températures les plus hautes et les plus basses. Si ces températures se maintiennent pour une durée conséquente, le « sex-ratio » au sein de la population de parasitoïde pourrait être déséquilibré vers plus de mâles, ce qui pourrait diminuer le contrôle biologique sur le charançon de la carotte.

La morue arctique (Boreogadus saida) est une espèce clé de l'écosystème marin arctique. Elle représente une forte biomasse dans toutes les mers arctiques et une source majeure de nourriture pour de nombreuses espèces d'oiseaux et de mammifères marins tels le phoque annelé (Pusa hispida) et le béluga (Delphinapterus leuca). Comprendre les facteurs déterminant la survie larvaire de la morue arctique est essentiel pour prédire la réponse de l'espèce aux changements climatiques. Des études menées au cours des deux dernières décennies dans différentes mers arctiques ont permis de documenter l'effet de plusieurs facteurs physiques et biologiques sur la survie larvaire de l'espèce. La quantité de lumière, la densité de proies, la température, la dynamique de la glace de mer ainsi que l'apport d'eau douce par les fleuves ont été reconnus comme facteurs importants pour la croissance, le succès d'alimentation et la survie des jeunes stades de morue arctique. Dans les régions où ces caractéristiques environnementales se combinent de façon appropriée, certaines larves survivent à une éclosion hâtive, connaissent une longue saison de croissance et atteignent de grandes tailles préhivernales, un attribut important pour contrer la mortalité hivernale. L'augmentation des températures, la diminution du couvert de glace et l’intensification du débit des fleuves pourraient augmenter la survie de ces larves et le succès reproducteur de l'espèce à court terme.

Le principe de FULCRUM établit qu'un signal stimulant sous de seuil (entrant dans un sens) qui est synchrone avec un signal de facilitation (entrant dans un sens différent) peut être augmenté (jusqu'à un niveau maximal de résonance) et ensuite diminué par l'énergie et le contenu de fréquence du signal de facilitation. En conséquence la sensation du signal stimulant change selon la force de signal de facilitation. Dans ce contexte, les transitions de sensibilité représentent le changement de l'activité sous de seuil à une activité stimulée dans des neurones multi sensorielles. Initialement l'énergie de leur activité (fourni par les signaux faibles) n'est pas assez pour être détecté, mais quand le signal de facilitation entre dans le cerveau, il produit une activation générale parmi des neurones multi sensorielles, modifiant leur activité originale. À notre avis, le résultat est une activation intégrée qui promeut des transitions de sensibilité et les signaux sont alors perçus.

Autrement dit, l'activité créée par l'interaction du signal stimulant (par exemple visuelle) et le signal de facilitation (le bruit tactile) à une certaine énergie spécifique, produit la capacité d'une détection centrale d'un signal autrement faible. Dans ce travail nous présentons et discutons des résultats théoriques et expérimentaux récents qui supportent le principe de Fulcrum.



Une étude antérieure portant sur le déploiement de l’attention visuo-spatiale dans la reconnaissance de mots fournit des observations suggérant un traitement privilégiant l’information pertinente, i. e. la valeur diagnostique de la position de la lettre dans le mot (Blais et al., 2009). La présente étude fait usage de la technique de sonde attentionnelle afin de ré-examiner cette question avec une autre approche expérimentale. L’application de cette technique dans ce contexte implique de présenter aux participants des mots (4 lettres; durée de 200 ms) qui doivent être lus à voix haute. Se superpose à ce mot une ligne horizontale ou verticale dont la localisation (centrée sur l’une des lettres) et le moment de présentation varient de manière aléatoire. La tâche principale consiste à indiquer l’orientation de la ligne. La variable dépendante est la performance des participants à la sonde attentionnelle, qui sert d’indicateur de la distribution de l’attention visuelle à travers l’espace et le temps. L’objectif principal consiste à déterminer le déploiement de l’attention visuo-spatiale lors de la reconnaissance de mots écrits. Trente et un lecteurs normaux ont participé. Les profils de temps de réaction et de taux d’erreurs suggèrent un avantage des trois premières lettres par rapport à la quatrième au travers du temps. Ces résultats seront comparés avec un observateur idéal, qui attribue une valeur informative moyenne pour chaque lettre à partir de la liste de mots utilisée.

Aeromonas salmonicida est une bactérie pathogène qui provoque la furonculose chez les poissons. À cause de la résistance aux antibiotiques développée par cette bactérie, il faut trouver des traitements alternatifs pour combattre la furonculose dans les piscicultures en ciblant de nouveaux facteurs de virulence. Il faut aussi faire un meilleur suivi des souches infectieuses. L’analyse des plasmides contenus dans diverses souches de la bactérie représente une approche intéressante pour identifier de nouveaux marqueurs génétiques pour le suivi de la maladie et pour trouver des gènes codant pour de nouveaux facteurs de virulence. Le profil plasmidique de 92 souches d’A. salmonicida a été analysé par électrophorèse. Cela a permis d’identifier 9 souches possédant des plasmides supplémentaires ou différents de ceux normalement retrouvés dans les souches d’A. salmonicida. Des extractions d’ADN plasmidique, des analyses PCR et le clonage de fragments de restriction des nouveaux plasmides ont été faits. La présence d’un petit plasmide nommé pRAS3 qui code pour la résistance à la tétracycline a été confirmée dans quatre souches. De plus, un second plasmide a été caractérisé et consiste en une variante du plasmide pAsal1, mais possédant une séquence d’insertion supplémentaire. Ainsi, ce projet constitue une première étape dans l’identification de nouveaux marqueurs génétiques et de facteurs de virulence pour la bactérie A. salmonicida.



Le fuseau mitotique, composé de microtubules (MTs) et de protéines, est une structure intégrale à la mitose. Les MTs s’associent aux chromosomes ou forment des paires avec les MTs provenant du pôle mitotique opposé et forment les MTs de la zone médiane (mzMTs). Nos travaux dans la levure à bourgeons ont démontré que la formation du fuseau débute avec celle de paires antiparallèles par la kinésine-5 Cin8, qui deviendront les mzMTs qui stabilisent le fuseau. Ce qui détermine le nombre de mzMTs formé reste inconnu. Étonnamment, nous avons démontré que la tubuline-γ, responsable de la nucléation des MTs, y joue un rôle. La souche phosphomimétique Y445D produit des fuseaux instables et la protéine Ase1, qui contribue à former les mzMTs, y est essentielle. Avec la microscopie confocale, je trouve Cin8 aux pôles et à la zone médiane dans les cellules de type sauvage, alors que dans les cellules Y445D, elle est biaisée vers le pôle hérité du cycle cellulaire précédent et sa densité est réduite dans la zone médiane. Ase1 se trouve à la zone médiane dans les deux cas. Je propose que la phosphorylation de Y445 séquestre Cin8 aux pôles, inhibant la formation des mzMTs, et qu’Ase1 compense pour ces défauts. En anaphase, l’Ase1 déphosphorylée recrute Cin8 aux mzMTs. En l’absence de la cycline Clb2, les fuseaux Y445D sont plus stables, mais inhiber la phosphorylation de Cin8 amplifie son biais aux pôles, suggérant qu’une autre cible de Clb2-Cdk1, tel qu’Ase1, cause ce regain de stabilité.

L’épithélium de jonction adhère à la surface minéralisée de la dent grâce à la lame basale unique (BL). Cette adhésion unique est essentielle au maintien de la santé parodontale et nécessite des composants spéciaux. De nouvelles protéines ont été identifiées -AMTN, ODAM- et localisées dans la BL. Ces protéines, dont les fonctions sont obscures, n’ont pas d’homologue et aucune donnée ne concerne leurs structures. Puisque la fonction d’une protéine est reliée à sa structure, notre but est de les caractériser structuralement et d’étudier leurs interactions afin de déterminer leurs fonctions. Des complexes protéiques obtenus par gel filtration révèlent, par des images tridimensionnelles d’AFM, des complexes globulaires d’environ 30nm de diamètre et d’une hauteur d’environ 2,5nm. Le mélange des protéines crée de plus gros complexes suggérant des interactions. La MET confirme ces données suggérant une indépendance de la forme obtenue vis à vis du substrat utilisé. Le dichroïsme circulaire et le SAXS révèlent que les protéines ont une portion déstructurée importante. Ces portions sont connues pour augmenter la capacité de fixation en plus de promouvoir les interactions. Notre travail a permis les premières observations de ces protéines et suggère qu’elles sont capables de s’auto-assembler. Leur capacité de s’associer soutient l’hypothèse que in vivo elles participent à former la BL. Elles pourraient contribuer au diagnostic, à la prévention et au traitement de la maladie parodontale.

Dans les forêts tempérées et boréales, les feuillus perdent leurs feuilles à l’automne et en produisent des nouvelles pendant le printemps. Le débourrement est un processus contrôlé par la température en plus d’autres facteurs tels que la photopériode. Pendant l’hiver, les arbres accumulent des heures de refroidissement, qui ensuite permet un débourrement rapide lorsque les conditions sont favorables. Les prédictions sur le changement climatique annoncent une augmentation des températures globales de 1,8°C à 6,3 °C avant la fin du siècle. Cette augmentation pourrait affecter le débourrement en deux façons contradictoires : les températures élevées au printemps pourraient l’avancer, mais un hiver chaud peut réduire la quantité d’heures de refroidissement accumulées, ce qui le ralentirait.

Dans ce projet, on a testé l’effet de différentes accumulations de froid sur des semis d’érable à sucre, un arbre qui a une grande importance économique et environnementale pour le Québec. Un total de 144 semis d’érable ont été soumis à des températures froides pendant la dormance, différente en durée, en type (naturel ou artificiel) et en intensité. Les semis ont ensuite été transférés à de différentes températures chaudes et le temps nécessaire au débourrement a été mesuré, 30 plantules par traitement ont été étudiées. Finalement, des tests statistiques permettront de tirer des conclusions sur la relation entre les traitements et la vitesse du débourrement.

La conception de nouvelles séquences d'ARN qui conservent la fonction de l'ARN original est un défi en bioinformatique en raison de la complexité structurelle de ces molécules. L'ARN peut se replier en une structure secondaire et tertiaire en formant des paires de bases canoniques et non canoniques et idéalement un algorithme devrait prendre en compte ces deux types de paires de bases pour donner un résultat fiable. Dans notre étude, nous utilisons des ribozymes en tête de marteau (HHRz) synthétiques conçus par deux algorithmes différents. Le HHRz est un petit ARN catalytique auto-clivant et est capable de cliver l'ARNm lorsqu'il est conçu pour être actif en Trans. Nous avons développé un nouveau service Web appelé 'RiboSoft' qui conçoit facilement des HHRz spécifiques à n'importe quelle cible d'ARN. Nous avons prouvé que les ribozymes conçus par RiboSoft sont actifs et spécifiques pour de multiples cibles choisies. Le second algorithme utilisé, 'Enzymer', est destiné à la conception de toute structure d'ARN en utilisant comme entrée la structure secondaire de l'ARN et en tenant compte des pseudonoeuds. Le pseudonoeud est un motif de structure secondaire où les bases d’une boucle s’apparient avec des nucléotides d'une autre boucle ou jonction et ce motif est très important pour les structures fonctionnelles. Nous avons conçus avec Enzymer et avons testé des HHRzs qui ont un pseudonoeuds pour prouver leur activité et démontrer l'efficacité de 'Enzymer'.

Les comparaisons entre les forêts industrielles et les forêts actuelles du Bas-Saint-Laurent démontrent une augmentation non négligeable de l’érable à sucre. Soit, près de 15 % de plus de peuplements dominés par l’érable à sucre se retrouvent aujourd’hui sur le territoire. Dans ce contexte, nous tentons de savoir si cet enfeuillement est toujours en cours et quels sont les facteurs environnementaux qui l’influencent. À l’aide d’une zone de 4km2 située au sud de Rimouski et inventoriée systématiquement au 200m, nous avons observés la présence de plusieurs peuplements susceptibles de voir une augmentation d’érable à sucre dans le couvert, à moyen ou long terme. Ces peuplements sont identifiés par une proportion d’érable à sucre dans la banque de semis largement supérieure à celle mesurée dans la canopée. Aucun facteur environnemental mesuré n’est significativement corrélé à ces peuplements à l’exception de l’altitude. Les proportions d’érable à sucre dans la banque de semis et dans le couvert sont plus élevées en sommets, tel qu’attendu à la limite nord de son aire de répartition. Les perturbations survenues depuis les années 1970, telles que les coupes et les épidémies de tordeuse de bourgeon de l’épinette, ne semblent pas avoir eu d’effet sur l’emplacement ou le nombre de ces peuplements.

Eurytemora affinis, un copépode calanoïde, est un complexe d’espèces. Deux de ces clades sont géographiquement séparés dans la zone de turbidité maximale (ZTM) de l’estuaire moyen du St-Laurent. Le clade Atlantique (A) domine les eaux douces (<0,5psu) et le clade Nord-Atlantique (NA) domine les eaux salée (0,5-20psu). La salinité apparait comme le facteur environnemental responsable de cette ségrégation. Seulement, le clade A tolère de fortes salinités (15psu) mais est exclusivement situé dans la zone oligohaline malgré les forts courants de marée. Le but de cette étude est de définir l’habitat et le niveau trophique des deux clades afin de comprendre la ségrégation des deux clades d’E. affinis.Nous suggérons que les valeurs des isotopes stables du carbone (δC13) des clades A et NA seront couplées aux valeurs du δC13 de la matière organique particulaire (MOP) respectif à leur habitat et qu’ils occuperont le même niveau trophique. Nos résultats révèlent qu’il n’y a pas de différence significative entre le δC13 de la MOP d’eau douce et d’eau salée. Par contre, il y a une différence significative du δC13 entre le clade A et NA. Le faible δC13 du clade A indique une source alimentaire d’eau douce et terrigène, alors que la plus haute valeur du δC13 du clade NA indique une origine marine. Ici, la MOP d’eau douce peu supporter l’alimentation du clade A. Mais, le découplage entre la réponse isotopique du clade NA et la MOP d’eau salée suggère un autre processus alimentaire

L’écosystème de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent (EGSL) est de plus en plus soumis à divers stresseurs d’origine anthropique qui menacent sa biodiversité. Une grande diversité de mammifères marins fréquente l’EGSL mais celle-ci compte plusieurs espèces ayant un statut préoccupant. L’EGSL présente une combinaison de caractéristiques favorisant une forte productivité biologique dans certaines zones qui semblent attirer davantage d’espèces de mammifères marins. Or, les assemblages d’espèces sont un élément important de la caractérisation de la biodiversité. L’objectif du projet est de prédire la distribution des assemblages de mammifères marins de l’EGSL à l’aide d’un modèle et de générer des cartes de probabilité de présence en considérant que la distribution des assemblages est hétérogène et régie par différentes variables environnementales. Plus de 170 inventaires ont été effectués entre 1988 et 2015 sur des portions variables de l’aire d’étude à diverses périodes de l’année. Des analyses multivariées et des modèles additifs généralisés seront utilisés afin de déterminer la relation entre les observations de mammifères marins et la température, l’altimétrie de surface, la chlorophylle a, la bathymétrie et la pente. Ce projet propose le développement d’un nouvel outil qui permettra d’augmenter nos connaissances sur les assemblages de mammifères marins et de contribuer à la préservation de l’intégrité d’un écosystème unique situé dans une région d’intérêt économique majeur.