410 - Travaux de la relève en transfert et mobilisation de connaissances

Contexte. Divers obstacles limitent l'adoption de la réduction des méfaits liés à l’usage du cannabis (RDM-C) auprès des jeunes. L'élaboration d’un plan de transfert des connaissances (TC) adapté à cette réalité peut contribuer à optimiser son applicabilité. L’étude consiste à 1) identifier les attitudes des intervenant.e.s de la santé travaillant auprès des jeunes au Québec envers la RDM-C, et 2) élaborer, mettre en œuvre et évaluer un plan de TC conçu pour favoriser son adoption. Méthodes. L’étude a été guidée par le Knowledge-To-Action model et le Consolidated Framework for Implementation Research. Une méthode d'échantillonnage non probabiliste a été utilisée pour recruter des gestionnaires et des intervenant.e.s travaillant auprès de jeunes au Québec. Une méthode d’évaluation mixte a permis d’évaluer la mise en œuvre du plan de TC et des stratégies prévues. Les données qualitatives ont fait l'objet d'une analyse thématique et les données quantitatives ont été analysées à l'aide de statistiques descriptives et inférentielles. Résultats. Les participant.e.s présentent des attitudes positives à l'égard de la RDM-C et négatives envers les traitements fondés sur l’abstinence. Le plan de TC mis en œuvre regroupait des notes de politique et des ateliers délibératifs, et s’alignait avec leurs besoins et leur contexte.  Conclusion. Le plan de TC mis en œuvre a favorisé des attitudes positives envers la RDM-C et présente un potentiel pour favoriser son adoption.  

Problématique : Une manière de réduire le fossé entre les connaissances et la pratique est d’introduire des « courtiers de connaissances » dans le milieu de la santé, des intermédiaires qui aident à renforcer les liens entre les personnes qui produisent des connaissances et celles qui les utilisent. C’est précisément ce qui a été fait dans certains centres de santé et de services sociaux au Québec. Cependant, le temps qu'ils consacrent au courtage de connaissances n'est pas optimal.  Objectifs : Cette étude vise donc à comprendre quels sont les obstacles et les facteurs facilitants à la pratique du courtage. Méthodologie : Des entretiens semi-structurés ont été menés et analysés au moyen d'une analyse thématique réflexive. Résultats : Les participants consacraient plus d’heures au courtage de connaissances que l'on pensait auparavant. Certains facteurs facilitants étaient le soutien de la direction et de détenir un poste consacré au courtage de connaissances. Certains obstacles nommés étaient le manque d'expérience de recherche, l'absence d'accès aux revues scientifiques et les tâches concurrentes qui prennent le pas sur le courtage de connaissances. Discussion et implication : La quantification du courtage de connaissances est assez complexe et peut varier considérablement. Néanmoins, il existe plusieurs facteurs qui peuvent aider ou entraver les courtiers, et il est important de tirer parti de ces facteurs afin de mieux les soutenir dans leur travail.

Malgré la disponibilité d’interventions fondées sur des données probantes pour prévenir les Violences à caractères sexuel -VACS-, leur adoption en contexte réel demeure problématique. Cette étude a examiné les processus de mise en œuvre de BERA, un programme de prévention des VACS, non adopté par cinq universités francophones au Canada. L’objectif était d’identifier les enjeux qui ont entravé et qui auraient pu faciliter sa mise en œuvre en contexte universitaire. Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès d’acteurs clés impliqués dans l’implantation (8 formatrices et 7 représentant.e.s d’associations étudiantes). Le Consolidated Framework for Implementation Research (CFIR) a servi de cadre d’analyse à postériori pour l’analyse thématique des données. Les participant.e.s ont souligné que les lois et politiques, la reconnaissance des besoins en prévention, la préparation à la mise en œuvre, le climat d’implantation, les connaissances et croyances relatives à l’intervention ainsi que la qualité de présentation du programme ont été des éléments déterminants dans la décision de mise en œuvre de BERA. Cette étude est l’une des premières à documenter un échec dans la mise en œuvre d’une intervention préventive des VACS. Elle met en lumière l’importance de considérer les conditions optimales avant d’implanter de telles interventions basées sur des données probantes.

La crédibilité scientifique exerce une influence déterminante sur les décideurs politiques et le grand public. Les médias, en diffusant des informations sur les organisations scientifiques, contribuent à attribuer cette crédibilité, mais la façon dont ils l’attribuent reste peu étudiée. Notre projet propose un cadre méthodologique reproductible pour mesurer la crédibilité accordée à quatre organisations de santé publique (INSPQ, INESSS, ASPC, OMS) dans les médias canadiens. À partir de plus de 100 000 articles, nous appliquons des techniques de Traitement automatique du langage naturel (TALN) pour identifier et quantifier différents indices de crédibilité, regroupés en quatre catégories : positives (rigueur, transparence), négatives (conflits d’intérêts, erreurs méthodologiques, etc.) polarisantes (positions controversées ou politiques, etc.) et ambiguës. À partir de ces catégories, un processus d’annotation manuelle est mis en place afin d’entrainer des modèles d’apprentissage automatique capables de repérer ces indices et de calculer un score de crédibilité pour chaque organisation. L’approche proposée, rigoureuse et reproductible, offre une meilleure compréhension des mécanismes de légitimité scientifique et de l’influence du conseil scientifique. Elle permet également de mesurer la crédibilité selon différents paramètres (sujets, périodes, médias), afin de cerner précisément les conditions qui la façonnent et améliorer ainsi la communication du conseil scientifique.

La mobilisation des connaissances en milieux de pratique repose de plus en plus sur la reconnaissance des savoirs expérientiels et sur la coconstruction des savoirs Cela s’inscrit dans une perspective de justice épistémique et de lutte contre les inégalités sociales et dans un mouvement de démocratisation des savoirs visant à donner de la crédibilité aux savoirs marginalisées. Pourtant des défis persistent quant à l’intégration effective de ces savoirs dans l’action collective et la transformation sociale. Au cours d’un stage de recherche, j’ai documenté les pratiques mises en œuvre en ce sens par un organisme de lutte à la pauvreté et l’exclusion sociale. Dans un deuxième temps, j’ai accompagné la cocréation d’un outil, la boussole de la justice épistémique, qui vise à renforcer les pratiques existantes en renforçant la réflexion des acteurs sur ces enjeux. Cet outil repose sur un aller-retour entre la théorie et l’action, en offrant un cadre accessible pour rendre opérationnels les concepts et théories complexes de la justice épistémique. À travers mon expérience de terrain, je souhaite présenter comment cet outil soutient l’appropriation des connaissances par les acteurs non-universitaires et favoriser la mise en œuvre dans des contextes variés de pratiques de justice épistémique, tout en contribuant à la démocratisation des savoirs en milieu de pratique. 

Chaque année, d'importantes connaissances scientifiques sur la santé mentale étudiante sont produites, mais leur diffusion et utilisation auprès des publics concernés demeurent un défi. Parmi les stratégies existantes, les balados apparaissent être un outil pertinent pour rejoindre les personnes étudiantes en enseignement supérieur puisqu’ils sont aisément accessibles, populaires, permettent une écoute anonyme et se partagent facilement sur les réseaux sociaux. Cette présentation a pour but d’introduire brièvement ce que sont les balados de vulgarisation scientifique et ce que la recherche rapporte quant à leurs retombées. Ensuite, l’expérience avec le balado « Être et Liberté : Un balado pour être Soi-Même » sera partagée. Ce balado par et pour les personnes étudiantes vise à favoriser la santé mentale étudiante. Il est financé par le Fonds de recherche du Québec et s’inscrit au cœur de l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur. Ce balado sera présenté sous le format d’un plan de mobilisation des connaissances (Pourquoi? Quoi? Qui? Comment? Quand?), incluant sa stratégie derrière l’utilisation des réseaux sociaux. Quelques recommandations et pistes de réflexion pratiques, ainsi que des pistes de recherche future clôtureront le tout. Cette présentation s’adresse à toute personne qui souhaite découvrir un moyen novateur pour vulgariser les connaissances scientifiques.

Amener un changement en éducation peut être complexe en raison de la réticence au changement ou de l’absence de ressources. L’écart entre la recherche et les besoins des milieux, souvent influencé par des facteurs idéologiques, psychosociaux ou cognitifs, peut aussi freiner l’adoption de nouvelles pratiques. Pour surmonter ces enjeux, un projet doctoral visant à codévelopper un outil de sensibilisation à la violence éducative ordinaire en milieu scolaire a été réalisé.
L’outil a été codéveloppé en collaboration avec des praticien·ne·s selon la démarche de recherche-développement en cinq phases. À la fin du projet, des entrevues semi-dirigées ont été conduites auprès de participantes (n = 8) afin d’identifier les caractéristiques de la démarche de développement de l’outil qui contribuent à le rendre adapté et utilisable pour amorcer un changement.
Cette communication présente les résultats de l’analyse de contenu dirigé de ces entrevues. Elle met en lumière la nature de l’implication des participantes, l’impact de leur implication sur le développement et l’utilisation de l’outil ainsi que les freins et les facilitateurs à leur participation. Les résultats suggèrent des pistes d’action quant aux approches qui peuvent répondre à la fois aux besoins pratiques et scientifiques, tout en soutenant le transfert et la mobilisation des connaissances.

Au cours des vingt dernières années, les recherches sur les mécanismes neurocognitifs liés à l’apprentissage se sont multipliées et la diffusion de leurs résultats, auprès du personnel enseignant, s’est intensifiée. Elles suscitent l’intérêt de bon nombre d’enseignant.e.s, qui y voient un moyen de mieux comprendre le processus d’apprentissage afin de mieux le soutenir. Cependant, on en sait encore peu sur les façons dont les enseignant.e.s mobilisent les connaissances issues de ces recherches dans leurs pratiques, en particulier dans le domaine des arts. C’est pourquoi, au cours de l’année scolaire 2024-2025, nous avons piloté une enquête qualitative avec 5 enseignantes de danse en milieu scolaire. Cette recherche poursuivait deux objectifs : décrire le processus des enseignantes, de la réception à la mobilisation de connaissances sur les mécanismes neurocognitifs liés à l’apprentissage, et décrire les utilisations qu’elles font de ces connaissances. Une analyse préliminaire des données recueillies lors de discussions de groupe, d’entretiens d’explicitation ainsi qu’à l’aide de questionnaires met en lumière des aspects convergents et divergents de leurs expériences de mobilisation de connaissances, que nous présentons pour ensuite discuter des implications pour la diffusion et le soutien à la mobilisation des connaissances sur les mécanismes neurocognitifs liés à l’apprentissage par le personnel enseignant, en danse comme dans d’autres disciplines.