La notion de rapport au savoir (RAS) émergée dans les années 90 a permis de poser autrement la question de la réussite et de l’échec scolaire, ainsi que celle du sens que l’on donne à l’apprendre (Caillot, 2014). Après trente ans, le RAS est devenu un vaste champ théorique dont les apports nous semblent loin d’être épuisés (Charlot, 2021). Ce colloque est une occasion d’ouvrir un espace de partage, de discussion, d’interrogation et de diffusion des recherches et des interventions réalisées sous cet angle théorique. Théorie du RAS amplifiée par les perspectives socioanthropologique (Rogoff, 1990) et socioculturelle (Bruner, 2008) qui permettent une prise en compte approfondie du caractère social des savoirs et de leur socialisation. Dans un contexte de changement en éducation au Québec, nous discutons du RAS de différents acteurs et actrices sociaux de la scène scolaire où l’IA manifeste sa présence. Tout d’abord, l’élève est abordé, considéré comme un sujet épistémique confronté à de nouveaux savoirs proposés par l’école en tant que communauté (Maury et Caillot, 2003). L’élève, cet apprenant qui construit et donne sens aux savoirs dans un ensemble d’interactions avec sa communauté et, plus particulièrement, avec ses enseignant·es : Quelles médiations culturelles sont mises en œuvre pour favoriser la construction de son rapport à l’écrit? Quelles questions vives sont prises en charge par les enseignant·es qui jouent un rôle décisif dans le rapport à la langue de l’élève et par extension aux autres? À l’heure de pratiques rationalisées et de robots conversationnels, qu’en est-il des inégalités et des rapports de force exercés dès l’école primaire dans les milieux scolaires? Nous poursuivons avec les enseignant·es et les formateur·rices de ceux et celles qui prennent la relève. Quelle place peut être accordée à la réflexion « dans » et « sur » l’action alors qu’une montée du renforcement du contrôle externe s’accompagne de celle non moins importante de la présence de l’IA? Du côté des agents et agentes d’interface, c’est-à-dire les directions d’écoles, les conseiller·ères pédagogiques et autres agents de transfert, sur quelle marge de manœuvre comptent-ils·ou elles pour exercer leur jugement professionnel? Des directions d’écoles et de centres de services scolaires, ainsi que des membres des comités d’engagement pour la réussite des élèves, sont également invités à partager leur façon de composer avec les attentes ascendantes et descendantes de même que la marge de manœuvre sur laquelle ils comptent pour favoriser la réussite scolaire et éducative. Enfin, des chercheur·ses font part des enjeux d’essaimage qui leur reviennent. Entre la rupture et la continuité, ce colloque tente de surmonter les tensions en proposant des lignes d’action. Le colloque décline cet argumentaire sous la forme de panels qui suivent une conférence d’ouverture par Yves Reuter.
Remerciements
Nous remercions le FRQSC ainsi que la Fondation Antoine-Turmel qui, par leurs contributions respectives, rendent possible ce colloque.