537 - Les enjeux et défis méthodologiques de la recherche à la petite enfance (0-8 ans) : pistes de réflexion et de solution

La recherche a mis en lumière que le manque de collaboration entre le personnel éducateur et le personnel enseignant en contexte scolaire peut entraîner des tensions, des conflits dans le milieu de travail, notamment sur le plan relationnel (Caron, 2016) et entraver le processus de continuité éducative auprès des élèves (Caron et Boudreault, 2020). Cette communication expose la méthodologie utilisée pour mettre de l’avant les types de collaboration existants entre deux entités distinctes qui sont amenées à travailler ensemble au sein d’une même communauté éducative : le personnel éducateur et le personnel enseignant. S’inspirant de l’approche de catégorisation basée sur un modèle fermé (L'Écuyer, 1990) en ayant premièrement recourt aux catégories établies par Boies (2012) qui avait étudié la collaboration existant entre les personnes enseignantes entre elles, cette communication présente le processus de raffinement des catégories qui a été réalisé tout au long de l'étape de codage pour faire émerger des niveaux de collaboration établis et à l’intérieur de ceux-ci leurs caractéristiques d’appartenance. Les défis rencontrés pour présenter le continuum de relation de collaboration entre les personnes éducatrices et enseignantes en milieu scolaire émergeant des résultats basés sur des représentations appartenant à des groupes de personnels distincts sont discutés. Parallèlement, des recommandations sont proposées pour les recherches futures.

Les recherches participatives accordent une grande importance au questionnement orienté sur l’action pour faire émerger des résultats utiles tant pour la communauté scientifique que pour les personnes praticiennes (Anadon, 2007; Desgagnés, 1997). Or, plusieurs enjeux traversent les différentes étapes de telles recherches. Au cours des dernières années, nous avons mené des recherches participatives au cours desquelles nous avons été confrontés à certains défis, notamment en ce qui concerne les intérêts à participer à la recherche, les rôles des personnes impliquées et la flexibilité de la démarche. Dans le cadre de cette communication, nous proposons d’ouvrir une discussion à propos de certains enjeux et défis méthodologiques auxquels nous avons été confrontés en menant des recherches participatives. Il sera notamment question de défis concernant les journaux de bord (collecte de données, qualité des données collectées, etc.). Des liens seront faits avec des enjeux documentés par Aurousseau et al. (2020) tels que la motivation et l’engagement ainsi que la relation avec les personnes participantes. Les constats tirés, qui tiennent compte de la réalité des praticiennes de l’éducation préscolaire, représenteront des pistes pour de futures recherches participatives.

Cette communication expose une étude entreprise dans les milieux de garde éducatifs à l’enfance pour soutenir le développement de la compétence en pédagogie multiculturelle (Boily et al., 2022 ; 2023). S’intéressant à la pédagogie culturellement sensible (Spanierman et al., 2011) comme forme d’éducation inclusive et équitable, l’étude présente une méthodologie séquentielle qui fait état des étapes choisies pour sensibiliser au développement de cette compétence et la mettre en œuvre afin d’obtenir un niveau de qualité « excellent » à la suite des apprentissages. Les avantages d’utiliser une méthodologie séquentielle sont mis en lumière en lien avec les défis rencontrés. Cette communication met en évidence les liens entre la méthodologie utilisée, les instruments de mesure et de collecte de données mis de l’avant ainsi que les activités proposées aux éducatrices pour développer cette compétence telles que l’autoréflexion, la conscientisation et l’expérimentation. En outre, la communication traite de l’adaptation qu’ont subi les instruments de mesure afin de les utiliser en contexte québécois, notamment à l’égard des activités d’autoréflexion proposées. Celle-ci fait état des défis observés sur le plan conceptuel chez les participants et des ajustements auxquels ont eu recourt les chercheurs pour atteindre les objectifs de la recherche. Une analyse met en relief les principes qui ont servi de fondement à la recherche et la méthodologie utilisée pour faire émerger les résultats.

Dans le cadre d’un récent projet de recherche, nous avons étudié le développement de la pensée mathématique relationnelle dans un contexte de jeu chez des enfants de 5 classes du préscolaire (Anwandter-Cuellar et al., 2023). Nous avons opté pour une approche de méthodologie qualitative/descriptive qui reposait sur l'observation filmée des enfants pendant la mise en place de jeux de règles accompagnés par l’adulte et des jeux libres avec thématique (Vogt et al., 2018). À travers cette présentation, nous souhaitons aborder les enjeux méthodologiques de cette recherche en nous concentrant sur ces deux aspects clés : l'emploi de vidéos pour observer la pensée mathématique chez les enfants et les situations de jeu comme moyen de collecte de données. Tout d’abord, nous aborderons l'utilité des vidéos et des contextes ludiques en tant qu'instruments de recherche et les types d’analyse qu’ils nous ont permis de mener. Ensuite, nous expliquerons leur apport à l’obtention de certains résultats et les éléments saillants qu’ils ont permis de révéler. Pour finir, nous discuterons des défis vécus et limitations rencontrées en lien avec l’utilisation des vidéos et des jeux. L'objectif global est de mettre en lumière leur intérêt ainsi que les diverses difficultés rencontrées, qu'elles soient d'ordre épistémologique, méthodologique ou éthique, et de proposer des pistes potentielles pour les surmonter.

Nous proposons une réflexion méthodologique sur des outils visant à mesurer l’apprentissage de mots dans une recherche collaborative sur le développement du vocabulaire à l’éducation préscolaire. Quinze enseignantes ont reçu une formation sur l’enseignement direct de vocabulaire et mis en œuvre des séquences autour de mots ciblés dans des œuvres jeunesse. Huit enfants par classe, choisis aléatoirement, ont été rencontrés avant et après chaque séquence pour vérifier à travers diverses tâches leur connaissance réceptive (définition et désignation d’images) et productive des mots (dénomination). Bien qu’ils rendent compte de gains lexicaux, les outils développés présentent des limites (ex. difficulté à illustrer certains mots). Pour la tâche de définition, notamment, une analyse fine des explications des enfants témoigne de traces d’apprentissage qui ne se reflètent pas toujours dans les scores attribués. Nous envisagerons la nécessité de compléter ces outils par des données plus qualitatives, telles que le réemploi spontané des mots dans des contextes de classe authentiques. Nous réfléchirons aussi à des moyens de permettre aux enseignantes d’observer l’appropriation des mots par les enfants sans recours à des outils formels comme ceux utilisés en recherche. Cette communication souligne la complexité de l'évaluation du vocabulaire chez les jeunes enfants et l'importance d'envisager diverses approches méthodologiques pour un portrait plus fidèle de leur développement lexical.