Que l’on pense aux innovations technologiques et numériques qui traversent nos vies personnelles et professionnelles, aux enjeux environnementaux découlant de l’urgence climatique qui forcent la transformation de nos pratiques quotidiennes ou aux problèmes de santé liés à des conditions de travail et de vie dégradées, il est clair que nous vivons à une époque où les modalités de nos vies en société changent radicalement. Le constat de ces transformations n’est pas nouveau, car elles sont au centre des discussions depuis une vingtaine d’années. Pourtant, c’est rarement dans la perspective d’une pensée complexe (Morin, 2014) que ces discussions sont menées : bien souvent, on ne les entrevoit qu’à travers le prisme réducteur et soi-disant objectif des dimensions économiques de la vie humaine, au détriment des autres dimensions subjectives et sociales.
Le concept d’activité décrit ce que réalisent réellement les sujets en situation (de travail ou de vie) et intègre différentes dimensions objectives, subjectives et sociales. Depuis une soixantaine d’années, ce concept se développe comme un pilier central de nombreuses disciplines en lien avec sa portée systémique, socioculturelle, historique ou encore éducationnelle : ergonomie francophone (St-Vincent et coll., 2011), psychodynamique du travail (Dejours, 2000), clinique de l’activité (Clot, 2010), didactique professionnelle et sciences de l’éducation (Pastré, 2011), sociologie du travail et des organisations (de Terssac, 2003; Reynaud, 1987; Maggi, 2006), philosophie (Schwartz, 2000), urbanisme (Gehl, 2006), design (Zahedi et Tessier, 2014) ou gestion (Rouleau, 2013). Pourtant, toutes ne dressent pas les mêmes contours à ce concept, pouvant parfois rendre difficile le travail interdisciplinaire. L’objectif de ce colloque est d’ouvrir un espace permettant la discussion et la réflexion afin d’alimenter une compréhension commune, interdisciplinaire et complexe de l’activité des sujets en situation.