Informations générales
Événement : 88e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Dans sa dimension théorique, cette proposition s’appuie sur la recherche actuelle, qui met en évidence l’engagement social de l’art (Cauquelin, 2018; Fourmentraux, 2012; Lamoureux et Uhl, 2018; Zask, 2014). Par cette connexion avec les enjeux sociétaux, les arts représentent un terrain privilégié pour l’éducation (Kerlan et Langar, 2015; O’Farrell et Kukkonen, 2017), favorisant le développement d’une panoplie d’« éducations » : à la citoyenneté, à l’antiracisme, à l’inclusion, à la démocratie, à l’environnement, etc. Cette dynamique d’arrimage de l’enseignement artistique au nouveau paradigme de l’art a fait l’objet de la première édition de ce colloque (2019), offrant un espace de convergence entre divers acteurs œuvrant dans le domaine de l’art et de l’éducation. Dans la continuité de ces travaux, qui ont dressé « le fond de scène » de la problématique, nous nous proposons d’approfondir au cours d’un nouveau colloque en 2021 la réflexion sur des sujets touchant, grâce à l’expression artistique, à diverses questions socialement vives (QSV). Celles-ci visent des sujets d’actualité qui suscitent des controverses, attisent des émotions, mettent en concurrence des représentations et des intérêts divergents, interrogent les systèmes de valeurs (Audigier, 2007; Legardez et Simonneaux, 2006), sujets qui interpellent inévitablement l’artiste contemporain et qui finissent par remettre en question les pratiques des acteurs scolaires. Afin de proposer les meilleures pistes susceptibles de soutenir l’enseignement artistique dans une formule actualisée, nous nous penchons, d’une part, sur l’éducation liée à l’environnement (Ghouati, 2016; Planche, 2018; Ribotti, 2010; Sauvé, 2009; Simonneaux et Simonneaux, 2009), et plus spécifiquement sur la crise du climat; d’autre part, nous abordons la diversité humaine en nous interrogeant sur l’éducation au vivre-ensemble (Estivalèzes, 2016; Larochelle-Audet, Borri-Anadon et Potvin, 2016; Moldoveanu, 2009; Vatz Laaroussi, Tadlaoui et Gélinas, 2013).
Date :Format : Uniquement en ligne
Responsables :- Maia Morel (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Vincent Bouchard-Valentine (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
L’art pour soutenir la formation au vivre-ensemble : intentions de recherche et études exploratoires
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Communication orale
Former (et se former) à mieux vivre ensemble : points de vue de futurs enseignantsMaia Morel (UdeS - Université de Sherbrooke)
Au Québec, des transformations importantes visant les compétences professionnelles de l’enseignant visent, entre autres, les enjeux d’intégration, d’inclusion et de cohésion sociale. Un cadre normatif révisé (MÉ 2020) exige, par « infusion » dans les compétences à développer, une formation plus appuyée dans ce sens. Il s’agit notamment de la prise en compte « de l’hétérogénéité des élèves qui repose sur le respect de la diversité » (p. 62) afin de donner « une réponse tangible aux réalités plurielles et culturelles de la société et de l’école » (p. 81). Dans ce contexte nous nous sommes proposé d’étudier les liens qui existent entre l’art et les questions socialement vives (QSV), avec comme objectif de sensibiliser le futur enseignant aux problématiques du vivre-ensemble. Notre étude repose sur la théorie des représentations sociales (Jodelet 2011, Moscovici 1993) permettant aux groupes sociaux d’agir et interagir avec les autres (Negura 2017). Nous l'avons intégrée à la pensée créative (Lipman 2003) et au concept d’éducation par l’approche sensible (Kerlan et Langar 2015, Lemonchois 2017). La recherche a été menée dans un contexte de formation enseignante en lien avec la diversité humaine et le vivre-ensemble. Étude exploratoire de type qualitatif (Savoie-Zajc 2011), cette recherche témoigne de l’influence que peut avoir un processus de réflexion autour de l’art actuel dans l’évolution des représentations initiales des participants à l’égard des questions abordées.
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Communication orale
Enseigner la justice sociale par la musique : exemple de deux cours interdisciplinaires de premier cycleVanessa Blais-Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal)
(à venir)
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Communication orale
Accompagnement d’animateurs et de jeunes yézidis par la biographie artistique en IrakAlbane Buriel (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Monique Loquet (Université de Rennes, France), Sylvie Morais (Université du Québec à Chicoutimi)
Le champ de l'éducation en situation d'urgence s'est développé à partir de la nécessité de réponses humanitaires aux besoins des populations et, surtout, à partir de pratiques de terrain. Les activités artistiques sont de plus en plus utilisées dans ces interventions humanitaires (Boateng, 2017). Elles contribueraient à l’acquisition de compétences interdisciplinaires et au bien-être des jeunes qui en bénéficient (Hassan et al., 2015 ; Kerlan, 2013 ; Tyrer et Fazel, 2014). L'objectif du projet de recherche présenté est d'accompagner des animateurs socioculturels par la création et la mise à l’essai d’une biographie artistique alors entendue comme un dispositif didactique (CdPE, 2019). Il s’agit de transformer des pratiques d’animateurs socioculturels afin qu'elles favorisent la résilience et l'empowerment de jeunes yézidis avec lesquels ils travaillent dans un camp au nord de l’Irak. La biographie (ou l'écriture de la vie) artistique vise ainsi la narration par l’art, des expériences de vie individuelles et collectives au travers de thématiques centrées sur la culture, les identités et les environnements (espaces) au travers de processus créatifs (Morais, 2012). Notre communication présente notre cadre théorique et méthodologique, en particulier les étapes de l'ingénierie didactique coopérative dans le champ de l’éducation artistique, et identifie les enjeux quant aux résultats attendus pour le développement de la résilience et l’empowerment des participants à la recherche.
Arts et problématiques environnementales : réflexions théoriques et conceptualisation
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Communication orale
Faire / corps / avec : explorer la matrice expérientielle multimodale de pédagogies écoresponsables de l’art et du designCéline Monvoisin (Université du Québec à Montréal), Moniques Richard (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Face aux mutations du monde (Latour, 2015), les nouvelles générations vivent une crise des valeurs entre changements climatiques, prolifération des réseaux de communication, surconsommation, densification des territoires. Cette crise se manifeste dans les préoccupations éthiques issues des recherches et pratiques professionnelles. Alors comment (trans)former, tout au long de leur vie, de futurs citoyennes et citoyens, qu’elles ou ils soient artistes, designers ou architectes, en êtres créatifs, responsables et avertis? Nos objectifs visent : 1) la recension de pédagogies innovantes en art et en design; 2) l’élaboration d’un cadre conceptuel sous forme de matrice expérientielle multimodale; 3) l’analyse de pratiques pour une pédagogie écoresponsable. Nous aborderons les concepts de corporéité (Johnson, 2007; Rohrer, 2007), d’interactions subjectives et objectives (Latour, 1994; Julien et Rosselin, 2009; Andrieu, 2017), et de faire expérientiel (Ingold, 2018; Sennett, 2010) et multimodal (Lacelle et al, 2015; Pink, 2011). Nous utiliserons une approche ethnographique pour analyser les processus à l’œuvre sur le terrain (Pink, 2009). Les résultats préliminaires permettent une première recension de pratiques pédagogiques écoresponsables et créatives au Québec et en France. Ils témoignent d’une effervescence des pratiques qu’il reste à cartographier et documenter pour mieux saisir leur mise en œuvre ainsi que leur répercussion sur l’apprentissage et les pratiques.
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Communication orale
Écologie sonore et changement climatique : transpositions esthétiques en classe de musiqueVincent Bouchard-Valentine (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Adoptant une posture résolument interdisciplinaire et s’appuyant sur les arts sonores, l’éco-éducation musicale privilégie la conception et la conduite de projets pédagogiques visant à susciter chez l’apprenant des expériences esthétiques profondes autour d’enjeux socio-écologiques contemporains (Bouchard-Valentine, 2020).
Cette communication rend compte des résultats d’une recherche théorique de type spéculatif en cours (Van der Maren, 2004) abordant le changement climatique sous l’angle de l’écologie sonore et de la musique (Schafer, 1977). Le cadre méthodologique retenu est l’anasynthèse (Legendre, 1983) et la stratégie de recherche privilégiée est l’analyse de contenu qualitative (L’Écuyer, 1990, Bardin, 2013).
Les effets du changement climatique sur le paysage sonore global seront d’abord décrits, notamment à partir des travaux de l’audionaturaliste Bernie Krause, qui révèlent l’effondrement de la biodiversité à travers des captations sonores échelonnées dans le temps (Sueur, Krause et farina, 2019). Puis, des exemples d’œuvres et de démarches musicales seront présentés pour illustrer comment cet enjeu est traduit en musique par certains artistes professionnels. Enfin, une proposition pédagogique provisoire précisera de quelle manière une démarche d’éco-éducation musicale pourrait amener des élèves à aborder la question du changement climatique en classe de musique.
Pause midi
L’écoéducation artistique dans le contexte scolaire : expérimentations et propositions pédagogiques
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Communication orale
Comment intervenir sur la question des changements climatiques dans le cadre de la formation artistique de l’élève au secondaire ?Anne Deslauriers (Université Laval)
Au cœur de la crise climatique actuelle (Bourg, 2018; Larrère, 2017), l’école doit réfléchir à son rapport au monde. Incontestablement, l’exemple des changements climatiques (Legardez, A. (2016) au sein des domaines d’apprentissage loge au premier rang de cette introspection éducative (Sauvé, 2013). Néanmoins, le domaine des arts (PFEQ, 2007) peine à intégrer les enjeux des changements climatiques comme question fondamentale. Parallèlement, les enseignants d’art font face à un manque de ressources pédagogiques pouvant guider leurs actions socioécologiques, puisque les modèles d’enseignement en art (Bordeaux, 2017) demeurent insuffisamment adaptés aux grands défis de notre époque (O’Farrell et Kukkonen, 2017). Dans ce contexte, comment intervenir sur la question des changements climatiques dans le cadre de la formation artistique de l’élève au secondaire? Cette communication présente la synthèse d’un modèle en enseignement des arts plastiques issu de notre recherche doctorale. Elle témoigne d’une façon de composer avec la question des changements climatiques à partir de la classe d’art.
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Communication orale
« Arrêtons de tourner en rond », une étude de la pratique du graphisme citoyen au troisième cycle du primaireDaniel Leblanc (École multidisciplinaire de l’image - UQO), Catherine Nadon (Département des sciences de l’éducation), Valérie Yobé (UQO - Université du Québec en Outaouais)
« En septembre j’ai vraiment eu peur j’ai cru que j’allais mourir, maintenant, je suis une guerrière !» (Jade C, 11 ans)
Le graphisme citoyen se caractérise une pratique engagée où le graphiste conçoit et met à la disposition de publics variés des dispositifs plastiques visant à leur permettre de s’exprimer dans l’espace public (Heller, 2018 ; Zask, 2003). Au cœur de la démarche se trouve l’importance d’œuvrer en co-création (Sanders et Stappers, 2008) autour d’une préoccupation sociale qui rejoint les convictions tant du graphiste que celles de la communauté dans laquelle il s’insère. Ainsi, après le passage de tornades dans la région de l’Outaouais le 21 septembre 2018, une équipe formée de chercheurs, de graphistes et d’enseignants du primaire a mis au point une série de 11 ateliers de graphisme citoyen visant à offrir une voix aux élèves d’une classe de 5e année.
Sous un devis de recherche-développement (Loiselle et Harvey, 2007), ce projet nous permet aujourd’hui de concevoir une boîte à outils permettant aux enseignants d’explorer le graphisme citoyen au primaire. Dans le cadre de cette conférence, il sera question de présenter sommairement les approches didactiques développées lors de ce projet. De plus, nous préciserons comment le graphisme citoyen a représenté pour les élèves un moyen non seulement pour expier la peur vécue, mais surtout pour développer leur agentivité (Giddens, 1979) à l’égard des changements climatiques.
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Communication orale
L’éco-art : pour une éducation artistique relative à l’environnementIsabelle Guillard (Université Concordia)
En éducation artistique, l’éco-art permet de répondre aux objectifs d’une éducation relative à l’environnement (UNESCO, 1977, Inwood, 2008) par des partenariats et des pratiques transdisciplinaires plus responsables et participatives (Carruthers, 2006). La question de ma recherche propose d’examiner : qu’est-ce que la collaboration entre artistes et enseignants peut apporter dans la modélisation d’un curriculum axé sur les pratiques éco-arts dans l’enseignement des arts plastiques au secondaire ? Cette étude s’appuie sur les composantes sujet-objet-milieu-agent et relations de la situation pédagogique « SOMA » (Legendre, 2005) afin de relier la théorie à la pratique (Elliott, 2007) dans un contexte de communauté d’apprentissage (Orellana, 2005). Avec une équipe de trois enseignants en arts plastiques et trois artistes du programme La Culture à l’école, j’ai coordonné la réalisation de trois projets éco-arts auprès de six classes d’élèves au cours d’une année scolaire. Par cette recherche-action collaborative, impliquant une démarche de co-construction des connaissances (Guillemette et Savoie-Zajc, 2012), j’ai analysé avec les praticiens-chercheurs des contenues notionnels et stratégies d’enseignement mettant en valeur les rapports entre l’art, la matière et l’environnement. Dans cette présentation, je parlerai des résultats de ma recherche et mettrai en évidence les phases de conception par lesquelles le modèle d’enseignement éco-art s’est développé.
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Communication orale
Pour une éducation artistique sonore citoyennePascale Goday (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En ce début de siècle, les phénomènes d’écoutes liés à l’apparition vertigineuse du numérique, marquent un "basculement dans l'ère de la profusion, de la portabilité et de l'accessibilité" des produits de consommation sonore (Perticoz, 2017; Granjon et Combes, 2007; Pecqueux, 2009), dans une société qui depuis l’ère industrielle s’enferme dans une pollution sonore croissante (Schafer, 1977). Le son continuellement présent dans nos vies, subit ou apprécié, nous enveloppe et nos oreilles ne peuvent y échapper. Comment ré-apprendre à mieux écouter, comment se réapproprier ce savoir-être ancestral que nous avons perdu (Ernst-Berendt dans Volcler, 2011), afin de mieux comprendre, les environnements sonores dans lesquels nous évoluons et aboutir à une « clairaudience » (Schafer, 1977) ou à une « perscuité auditive » (Mariétan, 2016) ?
À la croisée des arts, de la pédagogie et de l’éducation relative à l’environnement, la recherche intervention que j’entreprends dans le cadre de ma recherche doctorale se déroule en milieu scolaire et propose d’installer une écoute active et créative qui permettrait la découverte et la compréhension d’univers sonores non conventionnels (au regard de la norme musicale). Découvrir le « monde des sons et le monde par les sons » (Barbanti, 2016) permet de conscientiser l’élève-citoyen aux phénomènes relevant de l’écologie sonore.