212 - Le leadership en génie ensemble, main dans la main

La variété des facteurs expliquant la sous-représentation féminine en génie est largement reconnue. Citons à titre d’exemples, l’influence du milieu familial et l’environnement social, les représentations que les jeunes filles et les femmes se font de l’ingénierie ainsi que des carrières dans ces domaines, etc. De récentes enquêtes canadiennes (ex. CRSNG, 2017) pointent des zones d’ombres entourant encore l’impact de l’expérience scolaire au primaire et au secondaire. En effet, si des études recourant à des méthodologies de type enquête mettent en évidence le déclin de l’intérêt des filles envers les études en génie dès la fin du premier cycle du secondaire (Potvin et Hasni, 2019; Hasni et al., 2014), très peu ont documenté en profondeur les facteurs explicatifs comme la nature de la formation générale offerte à toutes les filles dans le cas spécifique des études liées à la technologie: quelle formation à l’enseignement de l’ingénierie pour le corps enseignant? quelles conceptions de l’activité professionnelle de l’ingénieure sont véhiculées par les tâches d’apprentissage proposées dans les manuels scolaires et dans les classes?

Dans le cadre de ses travaux, la chaire pour les femmes en sciences et génie mobilise une approche interdisciplinaire en collaborant avec le Centre de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage des sciences pour documenter ces dimensions avec différentes entrées (analyses du curriculum, des pratiques déclarées et effectives des enseignants, etc).

Au Québec, à la suite de la réforme de 2001 du système éducatif, la technologie industrielle est intégrée aux cours de sciences dans une section de la science et la technologie, intitulée univers technologique. Quant aux contenus prescrits, ils réfèrent explicitement à des savoirs et des démarches liées à des pratiques professionnelles en ingénierie comme la conception. Si ces changements se justifient par l’importance d’une formation contemporaine pour l’élève, ils soulèvent de nombreuses questions, notamment : comment transposer des savoirs appartenant à des pratiques industrielles variées ayant une logique économique en savoirs scolaires avec une visée d’abord éducative?

Que ce soit au Québec ou ailleurs, les écrits scientifiques révèlent de grands déficits dans la formation des enseignants (par ex. Cunningham et al., 2007). Ces derniers se considèrent peu outillés pour enseigner le volet technologique du programme. En adoptant un point de vue qui garde en vue l’activité authentique de l’ingénieur, nous avons développé un dispositif de formation qui s’appuie sur les étapes du processus créatif de résolution de problème en ingénierie. Conçu et testé à l’U de Sherbrooke, le dispositif met l’emphase sur l’analyse et la comparaison de produits réels. Les objectifs sont de comprendre les choix qui ont été faits dans le développement d’un produit et d’identifier les besoins des utilisateurs, les fonctions d’usage du produit ainsi que les spécifications pour le cahier des charges.

En Amérique du Nord, le besoin d’une relève de jeunes personnes qui souhaite poursuivre des carrières en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM) est criant (UNESCO, 2015). Par exemple, en 2016 il y avait trois millions d’emplois à combler en STIM aux États-Unis (Umoh, 2017). Alors que 36% des garçons sont intéressés aux carrières en STIM, pour les filles, ce pourcentage diminue à 11% (Chang, 2017). 

L’UNESCO (2017) souligne que certains membres du personnel enseignant détiennent toujours des attitudes négatives quant à la réussite des femmes (et des personnes trans*) dans le domaine des STIM, et ce dernier influence le choix d’études et de carrières des élèves. 

Pour vous informer quant aux moyens d’enseigner les STIM à une diversité de genres, nous proposons une présentation orale qui traite d’une recension des écrits.  Lors de la présentation, nous allons décrire ce qu’est l’enseignement des STIM et la diversité de genres. Nous allons aussi explorer la personne gingenre (Killerman, 2017) afin de mieux comprendre ce qu’est une identité de genre. Par la suite, nous discuterons de l’importance d’enseigner les STIM à une diversité de genres et des pratiques pédagogiques que peut utiliser le personnel enseignant; notamment la transdisciplinarité (Ing, Aschbacher et Tsai, 2014). Finalement, nous donnerons des pistes pour rendre la salle de classe inclusive aux divers genres. 

Comme première vice-présidente du département des Services partagés du gouvernement fédéral, on parlera du manque de femmes dans les domaines de STIM et, en particulier, en technologies de l'information, et des expériences vécues de cette leader de plusieurs programmes  fédéraux (en droit, santé et technologie). Quelles stratégies pouvons-nous utiliser pour accroître non-seulement le nombre de femmes mais aussi les pourcentages des autres groupes visés par l'équité en matière d'emploi dans ces domaines?  

Le Ministère des Transports (MTQ) a élaboré un 4^e Plan d’action ministériel en matière d’égalité entre les femmes et les hommes pour la période de 2017-2020 (PAMEFH). Ce plan d’action concerne le personnel du Ministère, mais aussi des partenaires comme les sociétés organisatrices de transports collectifs ainsi que les municipalités.

Dans le cadre des engagements pris dans le PAMEFH 2017-2020, le Comité ministériel de la condition féminine a produit le Guide d’analyse du genre adapté au domaine des transports.

Ce guide vise à sensibiliser les employés et les partenaires du Ministère à l’incidence du genre sur les réalités quotidiennes et à la façon dont elle se traduit différemment entre les femmes et les hommes dans le domaine du transport. Il explique ce qu’est l’analyse différenciée selon les sexes (ADS) et donne des exemples concrets appliqués au secteur des transports.

Le guide prend également en considération l’approche intersectionnelle qui prône une analyse inclusive des différents groupes de population dans lesquels on retrouve des femmes et des hommes, notamment les personnes âgées, les jeunes, les personnes immigrantes, les Autochtones, les personnes handicapées, les personnes à faible revenu, etc.

Notre communication portera sur les travaux menés dans ce cadre.

Le Conseil national de recherche du Canada a récemment réalisé une étude compréhensive des femmes parmi leurs chercheurs scientifiques pour comprendre les défis et obstacles à leur avancement. Le résultat en est une suite de recommandations stratégiques pour améliorer les processus de recrutement et de rétention.  Un groupe de travail incluant les vice présidentes des technologies émergentes et des ressources humaines est en place pour la mise en œuvre.