Ultimement, je ne changerais rien de ce parcours, car le défi au quotidien me passionne et je suis extrêmement fier du parcours qui a été accompli. Une de mes plus grandes fiertés reste l’équipe que nous avons réussi à bâtir chez Innodal et qui croit fermement au succès de l’entreprise. S’entourer de personnes motivées, compétentes et optimistes rend le travail beaucoup plus facile.
[Concours Génies en affaires de l'Acfas 2018 : Premier prix du jury et prix du public]
Comment en êtes-vous venu à l’entrepreneuriat?
L’entrepreneuriat a toujours fait partie de ma vie. Mes deux parents, Anne Camirand et Philippe Dallaire, m’ont beaucoup inspiré depuis la fondation de Dallaire Consultants qui œuvre dans l’ingénierie et la mécanique du bâtiment. Leurs défis au quotidien, mais surtout leur leadership, m’ont poussé dans cette voie. Pour ma part, je me suis intéressé au domaine du génie biotechnologique et des possibles avancées avec l’utilisation du vivant pour générer des produits d’innovation.
C’est lors de mon baccalauréat en génie biotechnologique de l’Université de Sherbrooke que j’ai développé mes compétences dans ce domaine. J’y ai fait la rencontre du Pr Denis Groleau qui m’a fait découvrir le potentiel d’innovations dans ce domaine tout en ravivant ma flamme entrepreneuriale. En effet, nous avons pris le temps d’analyser plusieurs biotechnologies issues de recherches universitaires québécoises afin d’évaluer celles ayant le plus grand potentiel de développement commercial. C’est lors de ces démarches que nous avons rencontré le Pr Ismaïl Fliss de l’Université Laval, qui travaillait sur la technologie révolutionnaire des bactériocines et de leurs pouvoirs antimicrobiens. Les bactériocines sont de petites protéines normalement produites par des probiotiques et éliminant spécifiquement les pathogènes alimentaires comme E.coli, Listeria, Salmonella et autres.
C’est donc dans cette voie que j’ai poursuivi mes études à la maîtrise afin de démontrer qu’il était possible de produire et commercialiser cette technologie à l’échelle industrielle. On savait à l’époque que technologie avait l’attention de plusieurs transformateurs alimentaires à la recherche d’alternatives aux agents chimiques de conservation. C’était motivant. Au final, le défi a été relevé : la production industrielle de bactériocines par fermentation était possible et abordable.
C’est aussi durant ce parcours que j’ai rencontré mon associé actuel, François Bédard qui poursuivait ses études au doctorat en sciences pharmaceutiques. Il avait de son côté développé et breveté une technologie permettant la synthèse de bactériocines. Il était évident que nos technologies étaient très complémentaires, comme l’étaient nos personnalités. En 2017, on lançait le Laboratoire Innodal en 2017 dédié au développement de ces bactériocines dans le domaine de la transformation alimentaire. Depuis, nous avons collaboré avec de nombreux partenaires stratégiques et commerciaux qui ont mené au développement du premier produit, Inneo. Il s’agit d’un agent technologique antimicrobien à base d’une bactériocine ciblant efficacement et spécifiquement des souches pathogènes comme Listeria spp. et Clostridium spp. dans le domaine de la transformation alimentaire. Notre objectif à terme est de développer un portfolio de solutions permettant de remplacer définitivement des agents chimiques de conservation, tout en améliorant la qualité des aliments.
...un premier produit, Inneo [soit] un agent technologique antimicrobien à base d’une bactériocine ciblant efficacement et spécifiquement des souches pathogènes comme Listeria spp. et Clostridium spp. dans le domaine de la transformation alimentaire.
Quels sont les joies, les angoisses, les défis de l’entrepreneur?
Les défis sont très nombreux, surtout lorsque l’on sort d’études graduées dans un domaine scientifique. Lors de ces études, on spécialise, mais souvent au détriment de nombreuses compétences essentielles dans l’opération d’une entreprise. En effet, ce n’est pas une maîtrise en microbiologie alimentaire ou un doctorat en sciences pharmaceutiques, qui fait de nous des experts en marketing, en ressources humaines, en finance, en négociation ou en gestion de la croissance. Il a donc fallu se former en tant qu’entrepreneur afin de bien s’outiller et ainsi réellement pouvoir propulser notre technologie sur le marché. Ce que nous avons fait en participant à l’Académie de la relève entrepreneuriale de l’Université Laval.
Évidemment, tout le monde vous le dira, mais se lancer en affaires exige beaucoup d’efforts au quotidien et quelques sacrifices. Mais ultimement, je ne changerais rien de ce parcours, car le défi au quotidien me passionne et je suis extrêmement fier du parcours qui a été accompli. Une de mes plus grandes fiertés reste l’équipe que nous avons réussi à bâtir chez Innodal et qui croit fermement au succès de l’entreprise. S’entourer de personnes motivées, compétentes et optimistes rend le travail beaucoup plus facile.
...se lancer en affaires exige beaucoup d’efforts au quotidien et quelques sacrifices. Mais ultimement, je ne changerais rien de ce parcours, car le défi au quotidien me passionne et je suis extrêmement fier du parcours qui a été accompli.
Quels conseils donneriez-vous à des chercheurs voulant emprunter cette voie?
Le meilleur conseil que je peux donner aux chercheurs qui veulent goûter à l’aventure entrepreneuriale est de s’entourer de toutes les ressources possibles et de ne pas avoir peur de la critique. En effet, une grande partie de notre succès jusqu’à présent vient du fait que nous avons su nous entourer d’experts en entrepreneuriat (SOVAR, AG-Bio Centre et Entrepreneuriat Laval). Ils nous ont permis de grandir en tant qu’entrepreneurs en nous guidant, mais surtout en nous challengeant sur notre plan d’affaires afin d’être prêts à toute éventualité.
N’ayez pas peur de présenter votre projet à des publics divers afin d'en arriver à bien le vulgariser et ultimement, à bien le vendre. La marche est grande entre le laboratoire et l’entrepreneuriat, mais il s’agit de la plus belle valorisation de vos recherches!
N’ayez pas peur de présenter votre projet à des publics divers afin d'en arriver à bien le vulgariser et ultimement, à bien le vendre. La marche est grande entre le laboratoire et l’entrepreneuriat, mais il s’agit de la plus belle valorisation de vos recherches!
- Laurent Dallaire
Laboratoire Innodal
Diplômé de l’Université de Sherbrooke en génie biotechnologique, M. Dallaire a aussi complété une maîtrise en sciences des aliments à l’Université Laval dans le cadre de la chaire industrielle METABIOLAC. C’est suite à ces études qu’il a cofondé Laboratoire Innodal, une entreprise développant et produisant des antimicrobiens naturels pour l’industrie alimentaire. Il a d’ailleurs remporté plusieurs concours d’entrepreneuriat, dont Osentreprendre, Génie en Affaires, Genium 360, et plusieurs autres
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