L’Association canadienne des stagiaires postdoctoraux (ACSP) est une organisation nationale qui représente les intérêts des stagiaires postdoctoraux (postdocs) travaillant au Canada, ainsi que des postdocs canadiens à l’étranger. L'ACSP s'efforce d'identifier les défis rencontrés par les stagiaires au cours de leur formation et préconise des changements dans les politiques fédérales, provinciales et institutionnelles pour résoudre ces problèmes.
Dans le cadre de nos efforts de plaidoyer fédéral, nous avons récemment soumis le Mémoire prébudgétaire de 2019 : Investir dans le système de formation postdoctorale canadien, un mémoire rédigé pour la consultation prébudgétaire avant le budget 2019, qui appelle à des changements majeurs dans la politique postdoctorale au niveau fédéral.
La contribution de plus de 5 000 postdocs actuels/anciens pour les trois enquêtes postdoctorales nationales canadiennes que nous avons menées en 20091, 20132 et 20163, ainsi que la publication du rapport officiel de l’ACSP dans l’Examen du soutien fédéral aux sciences4 a abouti à trois recommandations majeures incluses dans notre récent mémoire prébudgétaire.
Première recommandation : un statut et des assurances
Notre première recommandation vise à fournir le statut d'employé, l'accès à l'assurance-emploi et l’accès au Régime de pensions du Canada pour les postdocs financés par des fonds externes, y compris les titulaires de bourses des trois organismes de financement fédéraux. Les postdocs financés par des fonds internes au Canada, pour leur part, se voient progressivement et éventuellement attribuer le statut d’employé par l’entremise de l’Agence du revenu du Canada ou par les commissions provinciales du travail. Le fait de fournir aussi le statut d'employé à des postdoctorants financés par des ressources externes améliorera le recrutement en rendant le Canada plus compétitif par rapport à de nombreux pays étrangers offrant des avantages similaires à leurs postdoctorants (Royaume-Uni, France, Suisse, Australie). Bien que cette approche puisse sembler inhabituelle, il convient de souligner que les postdocs (y compris ceux financés par des sources externes) satisfont déjà à la plupart des critères de détermination du statut d'employé aux niveaux provincial et fédéral au Canada et que des décisions spéciales de cette nature ont préséance (par exemple, les industries du taxi et de la coiffure).
Deuxième recommandation : une politique postdoctorale pancanadienne
La deuxième recommandation vise à créer une politique postdoctorale uniforme au niveau national. L'absence de surveillance du système et de coordination des politiques aux niveaux national, provincial ou régional a contribué à des disparités généralisées en matière d'indemnisation, d'avantages sociaux et d'autres formes de soutien. En ce qui concerne le recrutement de postdocs nationaux et internationaux, il est important de noter que le Canada est en concurrence avec de nombreux pays qui ont des politiques nationales normalisées pour la formation postdoctorale. À ce titre, l’élaboration d’une politique nationale postdoctorale uniforme rendra le système canadien plus compétitif et facilitera l’orientation des nouvelles recrues. L'idée selon laquelle les statuts de stagiaire et d'employé s'excluent mutuellement est très répandue dans les universités, en dépit du fait que les règlements de l'assurance-emploi stipulent clairement le contraire (paragraphe 6b; Règlement sur l'assurance-emploi). Un certain nombre de ministères fédéraux qui recrutent des postdocs en sont également responsables. Malgré une décision contraire de l’Agence du revenu du Canada de 2012, les postdocs de nombreux laboratoires gouvernementaux continuent de se voir refuser le statut d’employé et les avantages connexes. Inversement, certains établissements dans lesquels les postdocs ont obtenu le statut de salarié traitent désormais les postdocs financés de façon interne comme s'ils n'étaient pas des « stagiaires », réduisant ainsi leur accès aux possibilités de formation. Cela ne devrait tout simplement pas être autorisé, car bien qu’un postdoc soit considéré comme un employé, l’inclusion de la « formation » devrait, par définition, être inhérente à toute position postdoctorale. Autrement, les postdocs sont simplement réduits au rôle de substituts, moins coûteux, des assistants de recherche et des techniciens.
Troisième recommandation : un système de suivi permanent
La troisième recommandation vise à maintenir un système de formation postdoctorale viable en finançant le suivi des conditions d'emploi et des politiques postdoctorales aux niveaux institutionnel, provincial et national ainsi qu’en améliorant le suivi des anciens postdocs pour évaluer la réalité du marché du travail à long terme. Il s’agit d’une mission que l’ACSP se propose de remplir. Ces investissements sont essentiels au maintien de la santé et de l’adaptabilité du système, car des ajustements des politiques et des financements fondés sur des données factuelles ne peuvent être réalisés en l’absence de données précises.
À l'heure actuelle, le système de formation postdoctorale canadien ne fournit pas un niveau de soutien concurrentiel suffisant par rapport aux autres pays en ce qui concerne le recrutement et la rétention de personnel hautement qualifié. L’ensemble de ces recommandations vise à transformer le système de formation postdoctoral canadien afin de renforcer notre capacité d’attirer, de développer et de retenir du personnel hautement qualifié. Ce sont les changements nécessaires pour remettre le système canadien de formation postdoctorale sur la bonne voie. Après des décennies de négligence en matière de financement et d'élaboration de politiques, nous croyons que l'adoption de ces politiques permettra d’inscrire notre pays parmi les leaders mondiaux en matière de recherche et de formation de troisième cycle.
L’ensemble de ces recommandations vise à transformer le système de formation postdoctoral canadien afin de renforcer notre capacité d’attirer, de développer et de retenir du personnel hautement qualifié.
- Association canadienne des stagiaires postdoctoraux
François Potus, Sara Teinturier et Joseph Sparling, Association canadienne des stagiaires postdoctoraux - caps-acsp.ca/fr/
- Joseph Sparling est président de l'ACSP, contributeur principal aux réformes des relations de travail postdoctorales en cours en Alberta, et il participe à la défense d'une réforme politique fondée sur les évidences scientifiques et la formation postdoctorale.
- Sara Teinturier, est co-vice-présidente des communications françaises pour l'ACSP, chercheure postdoctorale, coordinatrice à la Chaire de recherche Droit, religion, laïcité, et chargée de cours au Centre d'étude du religieux contemporain de l'Université de Sherbrooke.
- Francois Potus est co-vice-président des communications françaises pour l'ACSP et chercheur postdoctoral à l'Université Queen's.
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