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Morgane Urli, Université du Québec à Montréal

Je suis introvertie. Ne vous méprenez pas, je suis sociable et je ne pense pas être timide. Face à une assemblée, je peux effectivement avoir le trac et craindre le regard des autres. Mais cela n’est pas assez fort pour m’empêcher de dire ce que j’ai à dire. Introversion n’est pas timidité. En tant qu’introvertie, je n’ai aucun problème à échanger et à engager des discussions animées qui peuvent durer des heures… avec une ou deux personnes. Mais recroisez-moi au sein d’un groupe dans un lieu achalandé et bruyant, vous verrez une autre facette de ma personnalité, caractéristique de notre lot. Je ne prendrais probablement que très peu la parole, et je m’éclipserais dès que ce serait possible. Cette situation puisant beaucoup de mon énergie, j’aurais ensuite besoin de me retrouver seule et au calme, pour me recentrer et me ressourcer. Une personne extravertie au contraire se ressource au milieu des autres dans le cadre de ces échanges.

DC - Morgane Urli - arbre
Source : Pixabay

Imaginez le défi que représente une participation à un colloque : des centaines de personnes concentrées au même endroit, des activités de groupe organisées et la pression de ne pas rater une rencontre décisive pour mon avenir professionnel. En effet, un colloque est l’occasion de construire, consolider et d’élargir son réseau professionnel. Y participer signifie donc une dépense d’énergie énorme.

Avec l’expérience et grâce à des lectures (voir ci-après, quelques suggestions), j’ai appris à limiter cette dépense. La seule incompressible, à mon sens, est celle investie dans la présentation orale de ses travaux devant une assemblée1. Toutefois, je ne pense pas que cet exercice coûte plus à un introverti qu’à un extraverti. Une communication orale est une activité où la prise de parole est très cadrée. Ainsi, elle s’apparente beaucoup à un échange entre deux personnes (moi et l’auditoire, puis moi et une personne posant une question).

Les pauses entre les conférences ainsi que les repas, quant à eux, constituent les moments les plus « énergivores » : tous ces gens, une salle densément peuplée, ce bruit, et cette nécessité d’entrer en interaction, dans ce moment n’existant que pour les échanges. Bref, le cauchemar… sauf pour qui sait s’adapter.

Mon premier réflexe en arrivant à un colloque est d’aller joindre les collègues que je connais déjà, et de discuter avec eux. Ces derniers me présentent souvent tout naturellement à leurs connaissances comme je les présente aux miennes. Par l’intermédiaire d’un « permettez-moi de vous présenter Morgane », il est vraiment plus aisé d’engager une conversation.

Les présentations jouent, également, le rôle d’intermédiaire. De là l’importance de bien réussir ce moment de « séduction ». En effet, certaines personnes viendront d’elles-mêmes vers vous après avoir été captées par vos propos. À votre tour, si vous voulez prendre contact avec quelqu’un, trouver une phrase d’accroche sera plus facile si vous avez assisté à sa présentation.

Il n’est pas non plus toujours nécessaire de rencontrer le chercheur en personne. Pour être tout à fait honnête avec vous, je suis incapable d’aborder quelqu’un que je ne connais pas et encore moins dans un lieu bruyant. Et à vrai dire, je ne le vois pas comme un problème. Rien ne m’empêche de retenir le nom du chercheur et de me présenter à lui par courriel. Ah, le courriel, cet ami, mon outil de prédilection en fait, probablement le meilleur ami de tout introverti.

Suivre et participer aux fils de discussions sur Twitter concernant les différentes conférences du colloque grâce au mot #clic du colloque en question est aussi une bonne façon de réseauter, particulièrement adaptée aux introvertis.

Dernier conseil et non des moindres : économisez votre énergie. Qu’elles se déroulent entre connaissances voire même amis, vous assisterez dans tous les cas à des conversations de groupe. L’extraversion-introversion étant un continuum, cette activité vous demandera plus ou moins d’énergie, mais il vous en coûtera toujours plus qu’à un extraverti. Lors des pauses, trouvez un coin isolé, un peu plus au calme et ressourcez-vous dans le silence! Rien ne vous oblige d’être toujours entouré. Je profite souvent de ces moments pour vérifier mes courriels et surfer sur Twitter. Dans la même idée, ne mangez pas au restaurant tous les soirs de la durée du colloque avec des collègues. Réservez quelques soirées avec vous-même pour vous ressourcer. L’expérience permet de se connaître et de savoir quand vient le moment de recharger ses batteries.

Participer à un colloque n’est pas incompatible avec le fait d’être « moins sociable ». Au contraire, cette expérience se révèle très enrichissante et permet de faire de belles rencontres lorsque l’on connait son modus operandi. Un introverti averti en vaut deux !

Suggestions de lectures :

  • 1Il y a deux ans, lorsque j’ai commencé à comprendre mon modus operandi mais sans encore parler d’introversion, j’ai écrit un billet de blogue intitulé « Petit guide pour diminuer son stress avant de participer à une conférence internationale ». Vous y trouverez des astuces pour vous préparer à une présentation orale. http://chercheurjourapresjour.blogspot.ca/2016/11/petit-guide-pour-diminuer-son-stress.html

  • Morgane Urli
    Université du Québec à Montréal

    Chercheure en écologie forestière, Morgane Urli s’intéresse aux impacts des changements globaux et de l’aménagement forestier sur la dynamique des peuplements forestiers, et à une plus large échelle, sur l’aire de répartition des arbres. À travers ses différentes recherches, elle cherche toujours à vulgariser ses travaux sous différentes formes et à faire découvrir les coulisses du métier de chercheur : www.morganeurli.com/chercheurjourapresjour

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