Cinq chercheuses et chercheurs nous racontent ici quelques moments où la "rencontre" a joué un rôle.
Inspirants
Les scientifiques sont des gens normaux.
Bon. Énoncé comme ça, c’est un peu bizarre, mais cela a été mon sentiment initial quand j’ai assisté à mon premier congrès lors de ma première année de thèse. J’étais tétanisée, je devais présenter des travaux sur lesquels j’avais contribué, mais que je n’avais ni initiés ni même trop développés à cette époque. Le syndrome de l’imposteur était au plus haut point, mon anglais dans l’approximatif, et la tâche ressentie comme surhumaine.
Et pourtant … Ce n’est pas ce que je retiens. J’ai souvenir d’avoir trouvé tous ces scientifiques inspirants; ils avaient l’air sûrs d’eux, sociables, drôles et en fait complétement normaux. Je ne sais pas à quoi je m’attendais, des gens introvertis sûrement, solitaires, incapables de communiquer… Et bien non, ils mangent des petits fours à la pause, s’autorisent un verre de vin (ou deux) le soir, des gens « ordinaires » quoi.
Le fait qu’ils aient l’air normaux a été très important pour moi, car j’ai pu m’identifier. Pas à l’époque, c’est sûr, où je devais dealer avec mon stress, ce qui me rendait probablement tout sauf normale, mais peut-être plus tard, à la fin de ma thèse, je serais comme ça. Je désirais ressembler. Je savais qu’il y avait encore du travail à accomplir, mais j'avais envie d'appartenir à cette communauté, de pouvoir échanger, de parler avec tous, d'être à l’aise, dans mon élément. Je m’étais dit que c’était possible d’avoir une vie normale et d’être scientifique.
Camille Lehuede
Postdoctorante
Université McGill
Le début d’une longue histoire... de la santé
Mai 2012, c’est mon tout premier congrès de l’ACFAS. Je viens de m’installer à Montréal, et j’organise avec une collègue parisienne un colloque de deux jours sur l’histoire de la santé, réunissant des chercheur(e)s européens et canadiens. L’idée de cette rencontre est de rassembler les spécialistes francophones de ce champ de recherche historique en plein développement afin de faire un état des lieux des travaux qui s’y effectuent, des sujets qui y sont abordés, des méthodes qui y sont utilisées et des directions qui y sont prises. Bref, il s’agit de faire un bilan. Et ce dernier est assez clair : les recherches sont nombreuses, mais les chercheur(e)s dispersé(e)s, souvent seul(e)s dans leur faculté ou leur département, sans espaces de rencontres ni lieux d’échanges spécifiques. Émerge alors rapidement l’idée de créer un réseau de recherche permettant de lister et de publiciser les travaux francophones, mais surtout de rassembler ceux qui travaillent sur l’histoire de la santé, en français. Dans la foulée du colloque, un blogue de veille scientifique et une liste de diffusion sont donc créés. Puis, suivent d'autres colloques organisés aux congrès de l’ACFAS de 2014 et 2016, ainsi qu’un livre collectif publié en 2015. Six ans plus tard, le réseau Historiens de la santé compte plus de 350 membres répartis à travers le monde francophone et poursuit activement son œuvre de valorisation de la recherche historique sur les questions de santé et de mise en relations des chercheurs qui s’y intéressent.
Alexandre Klein, Ph.D.
Chercheur postdoctoral
Département des sciences historiques
Université Laval - Québec
histoiresante.blogspot.ca/
ulaval.academia.edu/AlexandreKlein
Professeur à temps partiel à l’Université d’Ottawa
Membre associé au CIRST et au CIEQ
Outre-Mer
C'est du Gabon qu'est née cette idée de colloque sur les enjeux du séquençage à haut débit dans les pays en voie de développement. Une idée bien vite devenue projet avec l'acceptation du comité d'organisation du 86e congrès de l'ACFAS. Aventure excitante en tout point. Un défi de taille aussi, car Chicoutimi est bien loin du Gabon, et de plusieurs des interlocuteurs. J'ai pu sentir à travers tous les échanges l'engouement de chacun à vouloir partager son expérience et ses travaux sur cette thématique plus qu'actuelle. Et au fil des invitations et des conversations, la distance d'abord, puis les financements, et enfin les formalités ce sont imposées pour plusieurs comme des limites. Comment alors réussir un colloque quand les matrices sociales et professionnelles sont surtout à l'international? Mon défi : amener la communauté scientifique à venir nous visiter... le reste est à suivre! Expérience des plus enrichissantes pour moi en tant qu'organisatrice...mon souhait est qu'elle le soit aussi pour tous les participants.
Ingrid Labouba
Ph.D en Biologie Moléculaire
Chargée de recherche
CIRMF – GABON
Organisatrice du colloque #104 du 86e Congrès de l’ACFAS
Des besoins nutritifs pour notre esprit
Deux raisons motivent ma participation aux événements scientifiques. Me nourrir intellectuellement afin de proposer des situations d’apprentissages et d’évaluation (SAE) signifiantes aux élèves. Ou encore changer sur les dernières recherches, menées par les collègues, sur les processus d’appréhension des savoirs afin d'enrichir ma pratique enseignante. Les colloques et les congrès participent à ma construction professionnelle tout comme les protéines, les glucides et les lipides participent à la construction du corps humain. Les protéines structurent tissus et organes. Les glucides fournissent l’énergie. Les lipides dynamisent les échanges entre cellules.Tous ces constituants sont essentiels et complémentaires au bon fonctionnement du corps biologique, tout comme les rencontres scientifiques structurent, énergisent et dynamisent le « corps » intellectuel. De ces conférences, nous repartons repu mais impatient du dévoilement du prochain rendez-vous.
Coralia Elias Lopez
Doctorante en Sciences de l’Éducation
Université de Sherbrooke
Ma rencontre « choc » avec la robotique pédagogique
Tout comme plusieurs doctorants, j’ai commencé ma thèse avec un projet de recherche X, et j'ai terminé avec le projet Y. Initialement, il était question des jeux sérieux et de l’enseignement des sciences physiques. Et rien ne pouvait m'amener à croire que la robotique pédagogique s’inviterait comme mon nouveau champ d’expertise; champ dont j’ignorais l’existence jusqu’à ma rencontre avec Patrick. Ce jour-là, ma directrice de recherche m'avait invité à une séance de robotique pédagogique animée par le dit Patrick. Ce que j’y ai observé transforma mes visées de recherche. Une rencontre, un pédagogue, et voilà que l'on peut bifurquer définitivement.
Raoul Kamga
Technopédagogue
Président du Fab Lab Ste-Foy (Québec)
Chercheur dans le projet CoCreaTIC
Doctorant en Technologie Éducative
Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval
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