Notre objet principal n’est pas un secteur ou un domaine en particulier, si ce n’est celui des approches d’innovation collaborative. Nous sommes donc en mesure d’intervenir tant en démocratie participative qu’en tourisme ou en informatique. Nous sommes un Living Lab généraliste. Cette particularité nous fait intervenir dans des projets intersectoriels déjà en place ou nous amène à générer de nouveaux projets.
On se présente
Le Living Lab en innovation ouverte (LLio) du Cégep de Rivière-du-Loup est un service d’accompagnement, de référencement, de transfert et de recherche en innovation ouverte et en innovation usager, et ce tant pour les organisations et entreprises du Bas-St-Laurent que celles du Québec ou de l’étranger. Dans le cadre de nos mandats, nous avons jusqu’à présent, mis en œuvre et accompagné des projets d’innovation portés par les usagers à l’aide de la méthodologie Living Lab. Nous avons aussi conçu et animé des événements d’innovation collaborative et ouverte. Cette proximité avec le terrain a permis d’effectuer de la recherche sur l’approche Living Lab et dans les projets Living Lab. Le LLio propose également des formations, conférences et ateliers-formation sur la facilitation et l’innovation ouverte. Notre organisme est apparenté au Cégep de Rivière-du-Loup, et sa gouvernance, bien sûr, s’inspire de l’écosystème Living lab en y intégrant une représentativité des personnes qui participent aux projets que nous initions.
Mais commençons par faire de la lumière sur les concepts amalgamés de notre nom qui parfois suscitent interrogation et questionnement, soit les notions de Living Lab et d’innovation ouverte.
La vraie nature de l'innovation ouverte...
L'innovation ouverte (IO) repose sur le postulat que les innovations peuvent provenir de l’intérieur ou de l’extérieur de l’organisation et que la commercialisation de l’innovation peut être faite par un partenaire externe1. Elle assume que les connaissances utiles pour innover sont distribuées, et qu'elles ne sont pas nécessairement internes à l'organisation; et qu'il faut donc chercher à identifier et à intégrer ces sources de connaissances externes dans le processus d'innovation1. Pour innover ouvertement, l'entreprise doit ouvrir ses frontières, partager ses connaissances et collaborer. Dans les faits, ce changement de paradigme nécessite des formes innovantes de collaboration. Le modèle nécessite d'impliquer les usagers au-delà du simple processus de consommation, et de les amener vers des rôles d’agents d'innovation où ils deviendront alors cocréateurs de valeur, codéveloppeurs et copromoteurs.
... et du Living Lab
L'approche Living Lab s’inscrit dans cette mouvance en étant à la fois une approche et un environnement d’innovation, où l’usager est le moteur de l’innovation. “« Les Livings Labs permettent la formulation, le prototypage, la validation et le raffinement de solutions complexes à travers l’expérimentation dans des contextes de vie réelle », peut-on lire dans le Livre blanc des Living Labs2.
Au tournant du millénaire, de grandes entreprises technologiques ont constaté que leurs clients, rassemblés en communautés d’usagers sur le web, proposaient des innovations souvent plus pertinentes que celles provenant de leur propre service de R et D. Il n’en fallait guère plus pour que les leaders de ce secteur s’interrogent sur les moyens à mettre en place pour intégrer ces usagers créatifs dans leurs processus d’innovation. Bien que le concept de Living Lab existait depuis plus d’une quinzaine d’années, ce n’est qu’à partir de l’instant où le secteur privé à commencer à y reconnaître son potentiel d’agrégation et de contribution de l’input usager qu’il a connu une croissance soutenue. Depuis, cette approche de l’innovation portée par l’usager s’est affinée et permet aujourd’hui de regrouper les parties prenantes dans des écosystèmes qui s’intéressent à l’innovation technologique comme à l’innovation sociale.
L’écosystème d’un Living Lab est large et ouvert, et il tend à maximiser la diversité des parties prenantes et à multiplier/combiner les projets d'innovation dans l’écosystème, afin de :
- favoriser la rétention, l'exploitation, la reproductibilité et le transfert des savoirs acquis;
- favoriser l'émergence de spécialistes et de nouvelles opportunités dans l’écosystème;
- consolider la synergie, la confiance et la collaboration.
Les projets Living Lab impliquent les usagers, comme cocréateurs, dans tout le processus (observation des usages, cocréation, exploration, expérimentation, validation) en contexte réel. L’objectif étant de :
- capter les usages et besoins;
- générer des solutions potentielles (technologies, services, produits et systèmes);
- se rendre jusqu’au prototypage afin d’en valider : les fonctionnalités, les usages, l’ergonomie, le modèle d'affaires, etc.;
- identifier de nouvelles opportunités.
Retour au LLio
Pour sa part, le LLio réalise des mandats d’intervention et des projets de recherche-action à l’aide du désormais éprouvé dispositif Living Lab. Notre objet principal n’est pas un secteur ou un domaine en particulier, si ce n’est celui des approches d’innovation collaborative. Nous sommes donc en mesure d’intervenir tant en démocratie participative qu’en tourisme ou en informatique. Nous sommes un Living Lab généraliste. Cette particularité nous fait intervenir dans des projets intersectoriels déjà en place ou nous amène à générer de nouveaux projets.
Depuis 2012, notre groupe a oeuvré en :
- tourisme et technologie;
- tourisme et adaptation aux changements climatiques;
- développement local porté par les citoyens;
- urbanisme participatif;
- développement d’outils et méthodes collaboratives en entreprise.
Et comme organisation de recherche en sciences sociales et sur l’innovation sociale, nos orientations de recherche ont croisés les objets suivants :
- nouveaux modèles d’action socioterritoriale /innovation territoriale;
- accroissement des capacités innovantes des intervenants;
- et outils et méthodes d’innovation ouverte et collaborative.
Le projet de recherche-action Cocréation d’expériences touristiques enrichies par la technologie, impliquant des touristes et des intervenants touristiques, pour sa part, a démontré l’intérêt de l’approche pour initier un changement de culture dans les organisations et pour favoriser l’empowerment des intervenants et usagers.
C’est dans ce type environnement, qui part de l’amont (les usagers et leurs besoins) et qui implique l’aval (l’appropriation des innovations) que l’intersectorialité se manifeste. De fait, un projet en mode Living Lab implique un partenariat public-privé et population, où la dimension publique peut entraîner une pluralité de secteurs de recherche appelés à coconstruire avec des usagers, des entrepreneurs et/ou des industriels. À titre d’exemple, le projet de recherche-action Adaptation aux changements climatiques des territoires touristiques en zones côtières, réalisé en mode Living Lab, et récemment démarré par l’UQAM en partenariat avec nous, devrait intégrer la contribution :
- de sociologues/ethnographes pour faire émerger les usages;
- de géographes pour circonscrire le territoire;
- de chercheurs en informatique sur l’adéquation d’algorithmes aux besoins spécifiques;
- et de designers et d'architectes.
Cette équipe multidisciplinaire mettra en forme des prototypes, et elle sera en interaction constante avec des usagers et des promoteurs.
Ce n'est pas toujours simple
Le défi de faire collaborer une diversité des parties prenantes doit être adressé dès le départ des projets. Ce n'est pas compliqué, mais il ne faut ne faut surtout pas négliger cette étape. Usagers, chercheurs ou entrepreneurs doivent donc initialement partager leurs préoccupations/attentes/besoins en regard la problématique. Par la suite, l’approche Living Lab et la méthodologie de la pensée design (design thinking) impliquent de prendre une distance créative par rapport à un problème ou un enjeu afin de générer une palette variée de solutions. Une appropriation de compétences sur les mécanismes de facilitation devient un incontournable et prévient la génération de divergences irréconciliables entre les parties.
Cette préoccupation amène nos intervenants à utiliser tant le post-it que le jeu sérieux ou le prototype de basse fidélité dans les processus d’accompagnement afin d’assurer la génération de valeur, (développement économique et social), ainsi que la création et le transfert de connaissances pour toutes les parties, et ultimement le déploiement d’une solution cocréée, qu’elle soit produit, service ou processus.
On accompagne des projets assez localisés que ce soit dans l’Est du Québec, dans les Laurentides ou aux Iles de la Madeleine, mais l'implication au sein de réseaux d’innovation ouverte (European Network of Living Labs, Réseau des Living labs francophones et Living Lab Québec) favorise la mise à l’échelle des solutions sur des espaces plus vastes, l’intégration de parties prenantes internationales ou la mise en marché sur d’autres territoires. D’autres mandats sont réalisés avec des associations et des regroupements nationaux, en tourisme, en agroalimentaire, par exemple. Être situé en région ne fait pas de nous qu'une organisation régionale.
Le mot de la fin
L’approche Living Lab, dans sa méthodologie de recherche-action et dans son esprit, vise à faciliter la cocréation avec de multiples joueurs, entre usagers et producteurs, mais aussi avec les chercheurs et intervenants de plusieurs horizons. Et si le mouvement des Living Labs gagne autant en popularité, c’est que cette méthode présente plusieurs avantages2 :
- une réduction des cycles de développement et de mise en marché de produits et services;
- une réduction des risques de développement;
- une meilleure appropriation des produits et des services par les usagers;
- une connexion plus riche avec les usagers permettant d’enrichir le processus d’innovation dans son ensemble.
Ainsi, il joue un rôle d’intermédiaire et de facilitateur dans cet écosystème, autant en aval qu’en amont de la recherche et de l’innovation. En aval, le dispositif Living Lab permet, autant avec les chercheurs que les usagers, de coconstruire la recherche. En amont, il permet de faciliter l’exploration, la cocréation, le prototypage, la validation et l’appropriation de solutions.
Références :
- Le LLio et sa diffusion scientifique ou autre [Google doc]
- André Gobeil
Cégep de Rivière-du-Loup et Living Lab en innovation ouverte (LLio)
Diplômé en droit et en économie, André Gobeil intervient dans le domaine de l’éducation des adultes et du développement régional depuis plus d’une vingtaine d’années. Œuvrant principalement en milieu rural, il s’est fait une spécialité d’initier des projets de formation novateurs. Cette soif d’innovation l’a mené à mettre en place un Living Lab en innovation ouverte qui aborde principalement des enjeux de développement des milieux (économie locale, innovation sociale et tourisme)
- David Guimont
Cégep de Rivière-du-Loup et Living Lab en innovation ouverte (LLio)
David Guimont est enseignant-chercheur au Cégep de Rivière-du-Loup. Il détient un baccalauréat en gestion et intervention touristiques, de même qu’une maîtrise en gestion et planification du tourisme de l’UQAM. Depuis 2013, il est aussi associé au Living Lab en Innovation ouverte. Il a une expertise de recherche en innovation ouverte et en développement touristique qu’il met en pratique dans le cadre du LLio. David a dirigé deux projets de recherche financés par le Programme d’aide à la recherche et au transfert – volet Innovation sociale.
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