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Andréia Matta Dias, Université Laval
Andreia Matta
Andréia Matta Dias, étudiante de maîtrise, Université Laval. Crédits photographiques : Raisa Zimmermann

La passion du bénévolat

Être proche des gens, c'est quelque chose qui m’a toujours passionnée et tout au long de mes études au Brésil je me suis impliquée. J’ai fait partie du programme brésilien Amis de l’école, un projet qui encourage le bénévolat dans le but d'améliorer les conditions des écoles publiques. Je me suis investie sein du service de dermatologie clinique de l'Hôpital de l’Université de São Paulo, où j’enseignais  aux patients lépreux comment se protéger des incidents propres à leur handicap. J'ai aussi transmis aux sans-abris d’une favela des notions d’hygiène, ou encore œuvré auprès des personnes âgées en réadaptation physique.

Dans les mois qui ont suivi mon arrivée au Canada en 2017, je me suis demandée comment je pourrais bien entretenir cette passion du bénévolat. J’ai eu la chance de découvrir dans mon village, Sainte-Catherine-de-la-Jaques-Cartier, la Fondation médicale. Cette fondation répond aux besoins grandissants en santé de cette communauté, en cherchant des ressources financières pour outiller la clinique médicale du village. Être accepté au sein de cette belle équipe a nourri par la même occasion mon désir de m’intégrer mon nouveau milieu.

J’avoue bien humblement qu’au tout début il fut difficile de comprendre l’importance de mon rôle d'administratrice bénévole. Le niveau de pauvreté, des maladies infectieuses, de famine n’avait rien à voir avec ce que j’avais côtoyé dans mon pays natal. Et les ressources de base étaient déjà mises à la disposition de la population. À quoi pourrais-je bien contribuer? Il me faudrait attendre quelques mois pour voir et enfin comprendre.

Organiser un événement, toute une expérience

Pendant mon séjour à la Fondation, j’ai eu à organiser le premier Salon « santé, bien-être et vie active » de Saint-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. De la conception à la réalisation du projet, le parcours était fascinant. Travailler en mode stratégique avec l’ensemble du groupe m’a donné l’opportunité d’être créative tant pour trouver que convaincre des partenaires de financement et des exposants. Préparer un menu de friandises saines et abordables pour la cantine, fut aussi un beau défi. Toujours pour le salon, j’ai organisé des conférences – du choix de sujets à celui des conférenciers – susceptibles d’intéresser une population aux besoins hétérogènes.

Ces contributions à un événement santé dédié au grand public m’a grandement aidé dans mon désir d’approfondir mon sujet de recherche qui traite de la santé au travail et des troubles musculosquelettiques. Connaitre les besoins des familles m'a fait comprendre l'importance de développer des outils pour améliorer leur qualité de vie au travail afin qu'ils aient une bonne santé et un temps de qualité pour leur famille. Rencontrer des personnes âgées dans la communauté m'a fait saisir encore plus clairement l'importance de prévenir les troubles musculosquelettiques pendant la vie professionnelle afin de profiter sainement des années de retraite. Je n’aurais jamais eu cette possibilité d'échanger avec les gens, c’est-à-dire, ma population source, en restant assise derrière mon écran.

Ces contributions à un événement santé dédié au grand public m’a grandement aidé dans mon désir d’approfondir mon sujet de recherche qui traite de la santé au travail et des troubles musculosquelettiques. [...]. Je n’aurais jamais eu cette possibilité d'échanger avec les gens, c’est-à-dire, ma population source, en restant assise derrière mon écran pendant l’écriture ou la lecture d’un article scientifique.

La fin de semaine du Salon pointa son nez sous un temps printanier, mais pluvieux, m’a fait craindre le pire. À mon grand étonnement, familles et personnes âgées se déplacèrent malgré les averses dans le seul et ultime but d’en apprendre davantage sur leur propre santé. Les salles de conférence étaient pleines. Les questions aux intervenants témoignaient souvent de perceptions erronées ou incomplètes. Mais ils étaient là, pour discuter, pour trouver des réponses. Quoi faire ou ne pas faire? Quel conseil est le meilleur conseil? Existe-t-il un truc pour ceci, pour cela? Bref, c’est à ce moment-là que je compris : la famine dont il était question ici n’était pas celle d’un manque de nourriture physique. Les gens étaient avides d’informations fiables nécessaires à leur vie de tous les jours.

J'ai finalement compris qu'en tant que chercheuse, je n'ai pas besoin d'être dans une favela brésilienne pour faire la différence dans la vie des gens. Quel que soit le statut socio-économique, la bonne information améliore la qualité de vie d'un être humain. Ça me réchauffe le cœur de savoir que mon travail de chercheuse, analyser et produire des informations fiables et dignes de confiance et compréhensibles, est aussi noble que celle d’être sur le terrain avec les plus démunis.

L’expérience acquise tout au long de mon cheminement quelquefois cahoteux m’a permis de grandir en tant que chercheuse, mais surtout en tant qu’individu. Je crois que la science que nous pratiquons se doit d’être moins égoïste en ce sens, et qu’elle doit d’être diffusée généreusement. Être bénévole dans n'importe quelle sorte d’institution est le moyen que j’ai trouvé pour poursuivre cet objectif. Parce que ces occasions me donnent l’inestimable opportunité de diffuser l'information et de rendre mes apprentissages connus du grand public.

J'ai finalement compris qu'en tant que chercheuse, je n'ai pas besoin d'être dans une favela brésilienne pour faire la différence dans la vie des gens. Quel que soit le statut socio-économique, la bonne information améliore la qualité de vie d'un être humain.


  • Andréia Matta Dias
    Université Laval

    Étudiante à la maîtrise en épidémiologie de la Faculté de médecine de l’Université Laval, Andréia Matta Dias est également étudiante de l’Axe Santé des populations et pratiques optimales en santé. Sa recherche porte sur l’épidémiologie de la douleur musculosquelettique (au dos), un problème qui impose l’un des plus lourds fardeaux de santé mondial. Andréia détient un baccalauréat en physiothérapie.

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