De quelques engagements
Mon engagement envers la société en tant que chercheure est centré autour de la vulgarisation scientifique et de l’intégration multisectorielle. Depuis le début de mes études doctorales, j’ai effectué de nombreuses conférences de type grand public et participé à plusieurs entrevues télévisuelles (par ex : Savoir média) ou radiophoniques (par ex : Les années lumière, Moteur de Recherche) dans le but de traverser le mur d’opacité qui existe entre recherche, éducation et savoir collectif. Par définition, l’emploi de professeure et chercheure à l’Université de Sherbrooke m’amène à développer mes talents d’auteure, ce qui se reflète dans une contribution par l’écrit soit pour le Magazine de l’Acfas, Québec Science, ou pour des revues plus spécialisées comme le Climatoscope ou Vecteur Environnement. J’accorde également une grande importance (et donc une portion non négligeable de mon temps) à la promotion de la place des femmes en science, plus particulièrement en programmation bio-informatique. À travers mon blogue personnel et lors d’une entrevue pour la balado 20% de Québec Science, j’ai tenu à présenter les hauts et les bas d’une carrière dans le monde académique, en souhaitant notamment encourager la relève à oser choisir l’univers de la science. Plus récemment, j’ai contribué à une réflexion intersectorielle sur les défis auxquels fait face la société québécoise dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 dans La presse (dossier également publié par le Magazine de l’Acfas).
Pour toute personne investie en recherche, cet engagement « social » vient s’articuler, et il me semble important de le souligner, à nos engagements de nature académique auprès notre collectivité de pairs. Une grande responsabilité comme chercheure, par exemple, est de réviser les demandes de subventions et de bourses dans l’écosystème scientifique aussi bien à Québec qu’à Ottawa, mais aussi de réviser les articles scientifiques en voie de publication. Ce travail est ardu et souvent anonyme, mais ô combien important pour assurer l’attribution adéquate et équitable des fonds de recherche. Encore plus quand on considère que la publication d’articles scientifiques de piètre qualité ou tout simplement truqués peut avoir des conséquences néfastes et permanentes sur l’opinion et le comportement du public.
De quelques leçons apprises
Une belle retombée de toutes ces expériences d’engagement a été de découvrir le plaisir d’enseigner, de transmettre, d’échanger et de communiquer. Il y a une séparation entre la communauté scientifique et les autres milieux sociaux qui m’empêche parfois de communiquer mes réussites, mes défis, mes découvertes, avec les membres de ma famille ou mes amis. Lorsque je participe à de telles activités de vulgarisation, je transcende finalement cette distance entre initiés et curieux. J’aime expliquer les nuances de la recherche, l’importance des tests statistiques, le plaisir de publier un article scientifique fruit de ma propre créativité ou d’entendre ma voix à la radio qui explique le rôle du microbiote. C’est probablement une des tâches les plus valorisantes de mon métier, outre l’encadrement de la relève en recherche.
Une belle retombée de toutes ces expériences d’engagement a été de découvrir le plaisir d’enseigner, de transmettre, d’échanger et de communiquer.
De quelques réflexions
Le plus formidable des privilèges d’une professeure-chercheure universitaire est l’opportunité de faire tous les jours des activités en lien avec ma plus grande passion : la recherche. Malgré les déménagements à répétition, l’éloignement de la famille, la reconstruction du réseau social, le stress de travailler dans de nouveaux milieux, de publier, et de trouver un emploi, mon parcours académique est riche d’expériences et d’apprentissages. Que ce soit en dans l’ouest canadien, aux États-Unis, en Espagne ou en Suisse, il y a une grande fraternité et complicité de la communauté scientifique, et c’est agréable d’en faire partie.
Ce privilège de faire de la recherche s’accompagne d’une responsabilité de transmettre ces connaissances par-delà les barrières des expertises. Incorporer des activités de vulgarisation et de transmission des savoirs est essentiel afin de contribuer à l’éducation et aux partages des ressources cognitives de la société (ex : accès aux découvertes récentes). Il est plus que jamais urgent de reconnaître que l’éducation scientifique est primordiale. Si la publication d’articles scientifiques est le barème par lequel on mesure ma valeur en tant que chercheure, mon travail de communication et de transmission des savoirs est un barème par lequel je mesure ma contribution citoyenne.
Ce privilège de faire de la recherche s’accompagne d’une responsabilité de transmettre ces connaissances par-delà les barrières des expertises.
- Isabelle Laforest-Lapointe
Université de Sherbrooke
Isabelle Laforest-Lapointe est professeure adjointe à l’Université de Sherbrooke (biologie) et titulaire d’une Chaire de Recherche du Canada en écologie microbienne appliquée. Sa recherche s’intéresse aux interactions hôte-microorganismes, un domaine à l’intersection entre la microbiologie, l’écologique et la bio-informatique. Elle a obtenu son doctorat de l’UQAM en 2017 et a complété un postdoctorat à l’University of Calgary.
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