Depuis ma jeunesse, j’ai toujours été attirée par la langue et la culture françaises, une attirance que j’avais du mal à m’expliquer. Je me souviens qu’à l’école primaire, j’avais des problèmes avec la langue anglaise, pourtant ma première langue, et que j’avais beaucoup plus de facilité avec celle de Molière.
De l'école d’immersion à la maîtrise
Ma mère m’a inscrite à une école d’immersion parce qu’elle croyait en la valeur du bilinguisme. Je suis la seule membre de ma famille qui a fréquenté une école d’immersion et je suis donc la seule qui connaît la langue et la culture françaises. Ce faisant, je ne pouvais m’informer de la francophonie canadienne que dans la salle de classe, surtout dans le cours d’études sociales, rapidement devenu mon préféré.
À la fin du secondaire, j’avais un désir d’en apprendre plus sur le Canada, spécifiquement l’histoire des Canadiens français. Ma soif de connaissance sur le sujet était loin d’être assouvie. Je voulais également être enseignante, pour transmettre ma passion sur les francophonies aux générations suivantes. J'ai alors décidé de faire un baccalauréat en éducation au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, avec une spécialisation en études sociales ou histoire. Puis, c’est lors d’un travail de recherche dans un cours d’histoire canadienne que j’ai pris la décision de faire de la recherche sur la francophonie canadienne, spécifiquement celle de l’Ouest. Mon essai dans ce cours, consacré à la crise de la conscription de 1917, m’a mené à une prise de conscience. J’ai constaté qu’il y avait beaucoup d’informations sur le Québec pendant la Première Guerre mondiale, mais il n’y avait rien concernant les Canadiens français de l’Ouest. En fait, il y avait peu de choses, point, sur les Canadiens français de l’Ouest dans l’historiographie. Pour satisfaire ma propre curiosité, j’ai eu envie de pousser plus loin et de contribuer à documenter l’histoire de l’Ouest français. Je me suis donc inscrite à la maîtrise en arts au Campus Saint-Jean.
Mon mémoire de maîtrise, récemment acceptée, s’appuie sur les premiers journaux francophones de l’Ouest pour comparer les perspectives et les réactions des Canadiens français de l’Alberta, ou de la communauté francophone de l’Alberta, à celles des Canadiens français du Québec pendant la Première Guerre mondiale. J'évaluerai ainsi dans quelle mesure les voix et les représentations du conflit des francophones de l’Alberta se distinguent ou non de celles des Canadiens français du Québec.
Un attrait pour la langue et la culture françaises
Mon intérêt pour la francophonie canadienne ne vient pas seulement de ces projets de recherche. Depuis ma jeunesse, j’ai toujours été attirée par la langue et la culture françaises, une attirance que j’avais du mal à m’expliquer. Je me souviens qu’à l’école primaire, j’avais des problèmes avec la langue anglaise, pourtant ma première langue, et que j’avais beaucoup plus de facilité avec celle de Molière. Plusieurs membres de ma famille m’ont demandé pourquoi j’ai poursuivi mes études en français à l’école secondaire et surtout au-delà. Ils ne comprenaient pas mon attachement et mon désir de continuer mes études dans une langue minoritaire. C’est aussi quelque chose que j’avais du mal à m’expliquer. Ce n’est qu’à l’université, quand j’ai exploré le monde autour de moi et à voyager à l’extérieur de l’Alberta et du Canada, que j’ai réalisé que la langue française n’était pas simplement ma langue d’instruction, mais qu’elle faisait partie de mon identité. Depuis, j’ai appris que mes origines ne sont pas uniquement canadiennes-anglaises et ukrainiennes. Mes arrière-grands-parents étaient des Métis et des francophones, ce qui veut dire que mon patrimoine est canadien-français, canadien-anglais, métis et ukrainien. Maintenant, je ne me vois plus comme la jeune fille anglophone qui a appris la langue française. Je me vois plutôt comme une jeune femme membre à part entière de la communauté francophone. C’est donc la motivation derrière la poursuite de mes études au doctorat. La thèse sera consacrée à l’histoire et aux perspectives des Canadiens français de l’Ouest pendant les années 1900-1950. En somme, mes recherches m’ont permis de mieux me connecter avec mon patrimoine et je désire continuer à dévoiler des pans d’histoire méconnue et les partager avec la communauté.
Poursuivez votre lecture des autres récits du dossier :
- Un chemin toujours à tracer, mais jamais seul, par Jérôme Melançon, Université de Regina
- À la recherche des francophonies de l’Ouest et de mon identité, par Rebecca Lazarenko, Université York
- Étudier la francophonie canadienne, entre justice et vérité, par François-Olivier Dorais, Université du Québec en Outaouais
- Parcours d’une ancienne « jeune engagée », par Stéphanie Chouinard, Collège militaire royal du Canada et Université Queen's
- Sommaire du dossier
- Rebecca LazarenkoÉtudiant·e au troisième cycle universitaireUniversité York
Rebecca Lazarenko a récemment complété sa maîtrise à la Faculté Saint-Jean de l'Université de l'Alberta. Elle commencera un doctorat en histoire à l’Université York à l’automne 2019. Sa thèse de maîtrise compare l'histoire des Canadiens français de l'Alberta aux Canadiens français du Québec pendant la Première Guerre mondiale. Au doctorat, elle veut continuer d'explorer la francophonie de l'Ouest canadien pendant la première partie du XXe siècle. Elle s'intéresse particulièrement à l'influence des crises scolaires sur les communautés francophones de l'Ouest pendant les temps de guerre.
Vous aimez cet article?
Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.
Devenir membreCommentaires
Articles suggérés
Infolettre