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Emilie Champagne, Université Laval, Ouranos et ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

Pour ma part, le postdoctorat me semblait une bonne façon de me faire connaitre dans le milieu professionnel que je veux intégrer. De fait, je vois cette opportunité comme ma chance de faire de la recherche en dehors du milieu académique. C’est également une façon d’affirmer mon engagement envers la recherche.

Postdoctorat ChampagneQuelles étaient vos attentes quant au postdoctorat?

Mon projet s’inscrit dans une expérience de migration assistée, une mesure d’adaptation aux changements climatiques qui consiste à planter des arbres acclimatés aux conditions futures. Bien que cette méthode soit prometteuse, elle pourrait échouer si des herbivores comme les cerfs de Virginie ou les orignaux consomment disproportionnellement les nouveaux arrivés. Toutefois, les arbres riches en composés chimiques de défense s’établiraient plus aisément parce que moins consommés par les herbivores. J’évaluerai donc la résistance aux herbivores des nouvelles espèces d’arbres, par une revue de littérature systématique et des tests en laboratoire.

Parce que mon projet se situe en partie dans un milieu professionnel, je désirais m’intégrer à cet environnement de travail et faire valoir mon expertise, avec l’objectif de trouver un emploi dans ce domaine. Je m’attendais à y développer mon réseau de contacts et à collaborer avec de nouvelles personnes, dans une organisation différente de ce que j’avais connu auparavant.

Au niveau de la recherche, j’étais enthousiasmée par mon projet. C’est la première fois que je développe mes propres idées sans partir du projet imaginé par un autre chercheur, comme dans mon doctorat. Ça fait plusieurs années que je m’intéresse aux composés de défense des plantes, et ce projet était une occasion rêvée d’étudier ces composés dans un cadre pratique.

Quels constats faites-vous aujourd’hui?

Mon expérience répond bien à mes attentes, même s’il est plus difficile que je ne le pensais de développer de nouvelles collaborations. C’est presque une tâche de tous les instants! Il faut aller vers les gens et saisir les opportunités qui se présentent. Même si j’aime discuter et créer des liens, cela demande beaucoup d’énergie. Heureusement, je suis tombée sur un milieu professionnel très dynamique, où il y a des séminaires, des ateliers, des collègues motivés.

Au niveau de la recherche, mon projet est toujours aussi stimulant et encore mieux que ce que j’espérais. C’est valorisant de sentir qu’on "performe" dans un projet qui nous tient à cœur. C’est ce qui m’aide à rester positive quand la précarité de ma situation de postdoctorante me pèse.

Quels conseils donneriez-vous à des doctorants envisageant d'entreprendre un postdoctorat?

Je crois que l’élément le plus important est d’avoir un plan. Plusieurs entreprises et plusieurs ministères engagent des doctorants qui n’ont pas fait de postdoctorat et la perception d’un postdoctorat n’est pas toujours bonne dans ces milieux. J’ai l’impression que les postdoctorants sont parfois perçus comme surqualifiés ou trop académiques et la méconnaissance de ce qu’est un postdoctorat contribue à cette perception. Il faut se poser les bonnes questions avant de commencer. Qu’est-ce que le postdoctorat m’apportera de plus? Pourquoi prendre ce chemin? C’est devenu un incontournable dans le milieu académique, mais ça peut devenir un poids dans d’autres milieux.

Pour ma part, cela me semblait une bonne façon de me faire connaitre dans le milieu professionnel que je veux intégrer. De fait, je vois cette opportunité comme ma chance de faire de la recherche en dehors du milieu académique. C’est également une façon d’affirmer mon engagement envers la recherche. Je suis toujours satisfaite de mon choix, mais ça ne m’empêche pas de douter parfois!
Je conseillerais également aux doctorants de bien s’entourer. Avoir des mentors, des collègues et des amis m’aide à faire face aux côtés plus difficiles de la vie de postdoctorante, telle que la précarité. L’incertitude sur l’avenir affecte plusieurs de mes amis au postdoctorat, mais cela aide d’en discuter avec des gens qui comprennent.

Comment envisagez-vous l’après-postdoctorat?

J’espère demeurer en recherche, mais je cultive également d’autres options. Comme je ne désire pas déménager, je sais que mes choix pourraient être limités. Ce premier postdoctorat pourrait être suivi d’un autre, si cela me permet de poursuivre dans le milieu où je veux travailler. Je suis mes propres conseils en gardant le cap sur mon plan!

Au niveau de la recherche, mon projet est toujours aussi stimulant et encore mieux que ce que j’espérais. C’est valorisant de sentir qu’on "performe" dans un projet qui nous tient à cœur. C’est ce qui m’aide à rester positive quand la précarité de ma situation de postdoctorante me pèse.


  • Emilie Champagne
    Université Laval, Ouranos et ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

    Émilie Champagne a complété un doctorat en biologie à l’Université Laval. Depuis janvier 2017, elle est récipiendaire d’une bourse postdoctorale Mitacs Accélération, résultant d’un partenariat entre l’Université Laval, Ouranos et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec. Elle s’intéresse aux relations plantes-herbivores et discute de tout ce qui l’intéresse en science sur son blogue personnel.

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