6 - Enjeux actuels de la diffusion des savoirs en musique

Cette communication explore le rôle de la tradition et de l'innovation dans l'apprentissage et l'utilisation des DAW (Digital Audio Workstations). Elle s'appuie sur les perspectives de Marcel Mauss et d'autres théoriciens pour souligner que la technique, même moderne, est enracinée dans des traditions sociales et culturelles. Les DAW illustrent cet amalgame entre innovation technologique et savoirs hérités, nécessitant une combinaison de connaissances prescrites (manuels, tutoriels) et de savoirs acquis (pratiques et expérimentations personnelles).

 Aussi, l’auto-apprentissage et le DIY (Do It Yourself) dominent les méthodes d'acquisition des compétences, notamment grâce à des plateformes comme YouTube et des forums en ligne. Cependant, ces ressources sont souvent influencées par des biais culturels, rendant l'accès à certains styles musicaux, comme la musique arabe, plus complexe pour les producteurs non anglophones. La transmission des savoirs se fait également par le biais de cercles sociaux locaux, qui jouent un rôle essentiel dans l'apprentissage collaboratif. 

Enfin, le savoir-faire est au cœur de la créativité musicale, combinant maîtrise technique et improvisation. L'échec et les bugs sont perçus comme des opportunités d'innovation, permettant aux producteurs de repousser les limites de leurs créations. Cette dynamique met en évidence l'interdépendance entre tradition, technologie et expression individuelle dans la production musicale contemporaine.

Cette ville étrange: Chroniques de la création musicale est un site web qui, en 2010, est né de la frustration de constater le déclin de l’espace alloué à la création de « musique de concert » dans les médias traditionnels (journaux, radio) au Québec. Co-fondé par Julien Bilodeau, Michel Gonneville et Patrick Saint-Denis, qui en ont pensé la « charte » éditoriale, il a été investi dans ses premières années par de nombreux auteurs, dont certains musicologues. Depuis, si le site est moins achalandé, il est cependant toujours ouvert à la fréquentation!

Du point de vue des musicologues, CVÉ n’apparaîtra probablement pas comme un autre lieu de diffusion de ses propositions habituelles, marquées au sceau de la rigueur scientifique. Il s’agirait plutôt d’une périphérie habitée d’expressions plus libres que dans les revues consacrées; un quartier singulier où le lien passionnel qui unit le musicologue à son objet d’attention, la musique, pourrait se manifester. Après tout, il s’agit ici de témoigner de sa propre plongée dans la nouveauté de ce qui se crée maintenant, chez nous. 

À partir de l’histoire de Cette ville étrange, qui s’inscrit dans les mutations récentes de l’écosystème de l’édition en musique, je voudrais instiller l’idée que l’on puisse, en tant que musicologue, s’approprier ce lieu, le reconfigurer au besoin (en balados? en vidéos?) et y bâtir ainsi une résidence secondaire, où voir croître son propre plaisir, au plus grand profit de la création musicale québécoise.

Depuis Feminine Endings (McClary 1991) jusqu’à The Gendered Society (Kimmel 2000), en passant par des revues telles que Women & Music, la question du genre en musique n’est pas nouvelle. Depuis l’exploration du rôle du genre et de la sexualité en musique et la façon dont la partition genrée de nos sociétés façonne nos savoirs, savoir-faire et savoir-être, les problématiques liées à l’inclusivité musique se sont complexifiées, notamment par le décloisonnement des identités de la dualité homme-femme.

Mais la diffusion de la recherche en musique n’est pas toujours ancrée dans cette réalité. Dans notre engagement envers l’inclusivité et la diversité, Musiques : Recherches interdisciplinaires a adopté une approche rédactionnelle progressiste utilisant la typographie post-binaire (Circlude 2023). Cette présentation misera sur cette décision et ce travail novateurs afin de présenter les possibilités et les limites de la typographie et du design de caractères dans le contexte de l’écriture inclusive, tout en offrant une réflexion sur la manière dont le langage visuel peut s’adapter pour mieux refléter la diversité des identités de genre.

Souhaitant aller au-delà de la simple reconnaissance des genres traditionnels, nous présenterons comment l’utilisation de l’écriture post-binaire est le reflet de notre conviction que le langage a le pouvoir non seulement de décrire, mais aussi de façonner une réalité plurielle contribuant à un dialogue plus inclusif et représentatif en musique.

Cette communication examine l’intégration de nouvelles modalités de diffusion des savoirs dans la formation universitaire en musique et en musicologie. Avec la multiplication des plateformes d’édition et de diffusion numériques, la reconfiguration des formats de publication et la redéfinition des cadres de légitimation du savoir nécessitent l’acquisition de compétences nouvelles.

Deux initiatives serviront d’étude de cas : 1) la revue L’Écouteur (www.lecouteur.ca), un espace éditorial au croisement des pratiques journalistiques et scientifiques, qui offre une expérience encadrée et plus accessible du processus éditorial; et 2) l’intégration de Wikipédia en classe, qui développe une littératie numérique critique et une autonomie dans la diffusion des connaissances en musique.

Ces alternatives aux modèles de publications scientifiques et aux formats de travaux universitaires traditionnels favorisent une pédagogie active où les étudiant·es ont l’occasion d’acquérir des compétences en rédaction, en vulgarisation et en médiation des savoirs. Elles contribuent également à accroître la pertinence et la visibilité des travaux étudiants, tout en diversifiant la transmission des savoirs auprès d’un public élargi.