L’intimidation dans le milieu universitaire est un sujet qui suscite de plus en plus d’attention, en raison notamment de ses impacts sur la qualité du climat d’enseignement/apprentissage (e.g., Fraguas et al., 2021; Jadambaa et al., 2021). Jusqu’alors, les travaux se sont principalement penchés sur les gestes d’intimidation entre étudiants. On en sait beaucoup moins sur ces gestes perpétrés par des professeur.es d’université à l’endroit de leurs propres collègues (Meriläinen et al., 2016).
Les recherches menées dans d’autres contextes professionnels indiquent que les personnes qui subissent de l’intimidation au travail peuvent en venir à se dévaloriser et afficher des problèmes de performance (p.ex., stress important, perte d’estime personnelle; Vartia, 2011) sans compter qu’ils peuvent développer de sérieux problèmes de santé mentale (p.ex., détresse psychologique importante, dépression, anxiété; Bailey et al., 2015; Bonde et al., 2016; Laschinger & Fida, 2014; Liang, 2019). Dans les cas les plus graves, les gestes d’intimidation peuvent mener à des idées et à des comportements suicidaires (Nielsen et al., 2016).
Selon l’avis de certain.e.s, l’intimidation entre professeurs serait un phénomène commun, mais les gestes reprochables seraient rarement dénoncés; notamment en raison de craintes de représailles (Gianakos et al., 2022). Cette intimidation qui nous intéresse désigne des comportements abusifs ou irrespectueux qui sont posés par un.e professeur.e et qui cible un.e collègue professeur.e. Ces gestes sont souvent posés au sein d’une relation asymétrique, où la personne intimidatrice jouit d’un statut de séniorité ou est en position d’autorité. À titre de professeur.e.s œuvrant en milieu universitaire et dans divers domaines, nous croyons qu’il relève de notre responsabilité de mettre en lumière la fréquence la nature de cette pratique problématique.