En vigueur depuis 2001, le programme québécois d’univers social au primaire prescrit l’apprentissage de la géographie, de l’histoire et de l’éducation à la citoyenneté. Dès sa formulation, ce programme a cependant fait l’objet de sévères critiques par la Commission des programmes d’études (2001) : manque de cohérence entre les visées curriculaires et les éléments du programme, trop grande quantité de contenus disciplinaires, absence de définitions conceptuelles, peu de liens avec le présent, etc. Plus récemment, une analyse curriculaire d’Araújo-Oliveira (2019) laisse entrevoir certaines ambiguïtés et incohérences des orientations ministérielles, entre autres sur l’évaluation des apprentissages et sur la place déterminante qui occupe les connaissances factuelles. Cette préoccupation trouve écho dans des travaux qui témoignent de la prédominance d’une façon d’enseigner descriptive et factuelle (Lanoix, 2019), ainsi que d’une vision traditionnelle de la discipline parmi le personnel enseignant (Moerbeck et Araújo-Oliveira, 2024). Par ailleurs, l’échec à l’épreuve unique en histoire semble causé entre autres par une mauvaise préparation des élèves durant l’enseignement primaire (Déry, 2017).
Plusieurs chercheur.es en didactique des sciences humaines ont manifesté leurs préoccupations quant aux orientations ministérielles toujours en vigueur (Larouche, 2012; Larouche, Araújo-Oliveira et Fillion, 2015; Larouche et Poyet, 2013; Larouche, Poyet et Fillion, 2024; Stan, 2024, Stan, Fillion et Larouche, soumis). Dernièrement, trois lettres ouvertes publiées dans les médias ont réclamé une révision curriculaire substantielle, exigeant entre autres que ce programme soit mieux adapté aux capacités d’apprentissage des élèves, qu’il se distancie d’un récit historique colonisateur et qu’il prépare plus adéquatement à la transition vers les programmes d’univers social du secondaire. Devant de tels constats, il importe de réfléchir à la pertinence et à l’actualité du programme d’univers social au primaire.
Ce colloque vise à mettre en commun des expertises diverses sur le curriculum d’univers social au primaire et sur sa pertinence, près de 25 ans après son implantation. Plus spécifiquement, nous souhaitons apporter un éclairage à quelques questions :
- Quels sont les points forts et les points faibles du programme d’univers social au primaire?
- Comment l’enseignement de l’univers social peut-il mieux préparer et soutenir la transition des élèves entre le primaire et le secondaire?
- Quelles perspectives et approches devraient favoriser un renouveau didactique de l’univers social au primaire?
- Quels sont les défis que soulève une actualisation de ce programme?
À partir des résultats de leurs propres recherches, les participant.es contribueront à dégager les obstacles que le programme engendre pour l’enseignement et l’apprentissage, puis à alimenter les réflexions sur un possible renouveau curriculaire répondant mieux aux enjeux liés à la géographie et à l’histoire.