Sous un angle proactif, la planification de la mise en œuvre de séquences d’actions didactiques est interdépendante de l’anticipation d’interactions (Nault et Lacourse, 2016; Suchman, 2006). Dans le feu de l’action, s’éloigner d’une planification initiale entraine des ajustements où réside l’imprévisibilité (Agiar, Mortimer et Scott, 2010). Contraint de négocier les écarts entre sa planification et le cours de l’action, les gestes professionnels que pose l’enseignante ou l’enseignant sont empreints de singularité et de dynamisme (Baconnet et Bucheton, 2011). Les pensées et les actions s’actualisent dans l’immédiateté, l’imprévisibilité et la simultanéité des actes (Doyle, 2006). Contingence, rapidité, visibilité, historicité sont des impondérables qui, dans une simultanéité, complexifient et intensifient le cours de l’action en salle de classe (Archambault et Chouinard, 2004). De manière individuelle, chaque enseignante et chaque enseignant déploie sa professionnalité au nom de son autonomie. En même temps, plusieurs normes implicites et subjectives construisent les gestes professionnels qui s’actualisent sur un déjà-là et sur des savoir-faire éprouvés (Prairat, 2013). Dépendamment du contexte et des personnes impliquées, les enseignantes et les enseignants redéfinissent les consignes, négocient les règles du jeu, reprennent les activités empêchées, mettent en branle des stratégies nouvelles, etc. L’acuité régulatrice de ceux-ci s’incarne comme un ensemble d’actes posés qui se fondent aussi sur une culture professionnelle orientée par des fins, des buts collectifs, des normes contextuels et des valeurs (Beillerot et Mosconi, 2014). Ainsi, considérant que l’univers professionnel des enseignantes et des enseignants est complexe et opaque (Renaut, 2006), il est pertinent de porter attention aux facteurs qui facilitent ou qui entravent la flexibilité de ces gestes en reconnaissant qu’ils sont socialement construits au sein d’une culture professionnel.
Le vendredi 9 mai 2025