Occupant jusqu’à récemment une place périphérique dans les réflexions sur l’enseignement supérieur, l’apprentissage tout au long de la vie est pourtant au cœur de la mission d’enseignement et de services à la collectivité des établissements collégiaux et universitaires (UNESCO, 2023).
En ouvrant les portes de l’enseignement supérieur à des populations moins traditionnelles (adultes, femmes, étudiantes et étudiants de première génération, personnes issues de l’immigration, Premiers Peuples), la formation continue est à la fois une réponse à la diversification des parcours étudiants et un vecteur de diversification des populations étudiantes en enseignement supérieur (CSE, 2013). Cette diversification est une des grandes tendances identifiées pour l’université du futur (Quirion, 2021), mais elle pose de nombreux défis. Les enjeux d’accessibilité et de persévérance, notamment, s’articulent différemment pour les adultes en enseignement supérieur, qui sont nombreux à devoir conjuguer leurs études avec des responsabilités familiales et professionnelles (Richard, 2023). En outre, les projets éducatifs et les objectifs de formation des personnes apprenantes en formation continue sont différents de ceux des populations étudiantes en formation initiale (Doray, 2024).
Les établissements d’enseignement supérieur répondent-ils adéquatement aux besoins et aux aspirations des adultes en reprise d’étude? Comment mieux intégrer les savoirs expérientiels des différents acteurs et actrices de la formation continue (corps enseignant, personnel professionnel et gestionnaires) pour favoriser la réussite des populations adultes en enseignement supérieur?
Peu d’écrits scientifiques portent spécifiquement sur la formation continue en enseignement supérieur au Québec (Martel, 2023). Il s’agit d’un secteur d’activités très éclaté, mais rarement appréhendé dans toutes ses dimensions : inégalités sociales et accès à la formation continue (ICÉA, 2020), conciliation études-travail-famille (Mercier, 2021), soutien financier aux adultes en reprise d’études (CCAFE, 2016), politiques publiques (Doray et Ionici, 2023), services aux entreprises (Doray, Simoneau et Solar-Pelletier, 2016), reconnaissance des acquis et des compétences (Bélisle et al., 2024), microcertifications (Pichette et Courts, 2024), formation continue à distance (Duhaime, 2022), etc.
Les données institutionnelles concernant les populations étudiantes inscrites en formation continue sont peu nombreuses, particulièrement en formation continue non créditée, en raison de la dynamique concurrentielle qui caractérise ce champ de pratiques (Doray et Manifet, 2017). Face à cet état lacunaire de la recherche, l’apport des savoirs expérientiels apparaît d’autant plus important.
Ce colloque constitue une occasion privilégiée de faire état des savoirs existants, tant scientifiques qu’expérientiels, et d’intéresser des chercheurs et des chercheuses à des dimensions moins documentées des réalités étudiantes en formation continue.