540 - Vision mésosystémique de la recherche et des pratiques enseignantes auprès des élèves ayant une déficience intellectuelle

L’évaluation des compétences des élèves ayant une déficience intellectuelle profonde (DIP) comporte plusieurs défis (Jacques et Tremblay, 1997). Il existe peu de matériels évaluatifs adaptés à ces élèves et leurs difficultés en lien avec la communication constituent un obstacle important à l’expression de leurs compétences (Wicht et Bielmann, 2012). La tâche de cibler des objectifs individualisés dans leur bulletin est un travail collaboratif entre l’enseignant, les techniciens en éducation spécialisé, les professionnels scolaires et parfois les préposés oeuvrant pour répondre à leurs besoins. Des recherches américaines qui se sont intéressées aux objectifs dans les bulletins des élèves ayant une DIP montrent que les enseignants privilégient souvent les compétences et les contextes de développement de  compétences fonctionnelles (p.ex. amener sa cuiller à sa bouche), au détriment de situations plus complexes  (p.ex. Littératie) (Agran, Krupp, Spooner, & Zakas, 2012). L’objet de la présente communication est de décrire 113 objectifs d’apprentissage documentés dans 11 bulletins d’élèves québécois ayant une DIP et de décrire les contextes de développement de ces objectifs. 

L’enseignement de la littératie auprès d’élèves ayant une déficience intellectuelle moyenne, sévère ou profonde (DI MSP) est associé à de nombreux obstacles découlant des caractéristiques des élèves en interaction avec l’environnement pédagogique (Moreau et coll., 2021). Afin de mieux répondre aux besoins d’apprentissage en littératie de leurs élèves (4 à 21 ans), une école spécialisée a sollicité la collaboration de chercheurs afin de soutenir le développement professionnel de leur personnel enseignant (Tremblay et coll., 2021). Ce partenariat a pris la forme d’une recherche-action dont une communauté de pratique est le principal levier (Wenger, 1998). Le but de cette communication est de présenter le bilan de la quatrième année d’implantation de la communauté de pratique en mettant en évidence la démarche ayant permis d’amorcer un changement de pratique chez neuf équipes enseignantes. Les résultats montrent l’apport structurant du plan de développement professionnel ainsi que de l’accompagnement offert en continu par l’équipe de professionnels (chercheurs, orthophoniste, conseillère pédagogique, bibliothécaire, enseignante pivot). L’ajout d’une démarche d’observation non participante et d’un entretien d’explicitation (Vermersch, 2014) au cours de cette quatrième année d’implantation montre des effets positifs pour soutenir la posture réflexive des participantes sur leurs choix pédagogiques incluant la planification et le pilotage des activités d’enseignement en littératie.

Plusieurs études font le constat qu’un nombre important de personnes avec une déficience intellectuelle (DI) sont en  grande difficulté en lecture. Ce phénomène s’explique en partie par les limitations que présentent ces personnes, mais pas uniquement. La qualité de l’enseignement qui leur est dispensé, et notamment le manque de moyens d’enseignement adaptés aux besoins de ces élèves, est également en cause. Notre équipe de recherche a par conséquent créé une méthode d’enseignement de la lecture destinée à des élèves ayant DI qui intègre les approches et stratégies recommandées par la recherche (Afacan et al., 2018 ; Lemons et al. 2016; Sermier Dessemontet et al., 2019).

Afin d’évaluer les effets de cette méthode qui visait l’enseignement de la conscience phonémique, des correspondances graphèmes-phonèmes, du décodage et de l’encodage, une étude expérimentale avec pré-test et post-test a été menée sur une année scolaire. Celle-ci a porté sur 48 élèves réparti-e-s aléatoirement en un groupe contrôle et un groupe expérimental. Au pré-test, les élèves avaient entre 6 et 13 ans et étaient tous non-décodeurs. La plupart d’entre eux avaient une DI dite moyenne. Dans le groupe expérimental, les enseignant-e-s ont implémenté la méthode durant sept mois. Dans le groupe contrôle, ils-elles ont continué à enseigner la lecture de manière habituelle.

L’objectif de la communication est de présenter l’étude et les perspectives qu’elle ouvre.

Les élèves ayant une déficience intellectuelle (DI) et des besoins complexes en communication n’arrivent pas à communiquer efficacement avec le langage oral et doivent par conséquent utiliser des moyens de communication alternative et améliorée (CAA) (gestes, pictogrammes, ou logiciels de communication sur tablette). Enseigner la lecture à ces élèves est perçu comme très ardu par les enseignant-e-s et requière des aménagements conséquents.

Notre équipe de recherche a adapté les séquences d’enseignement de la méthode Décodi destinée à des élèves ayant une DI en y intégrant des stratégies mises en évidence comme étant prometteuses dans des études anglophones (Ahlgrim-Delzell et al., 2016; Browder et al., 2012). Une application sur iPad a également été créée.

Dans un premier temps (2020-2021), ces séquences d’enseignement ont été pré-testées et améliorées en collaboration avec trois enseignantes dans le cadre d’études exploratoires. Dans un deuxième temps (2021-2022), une étude expérimentale à cas uniques a été mise en place pour en évaluer les effets. Quatre enfants ayant une DI utilisateurs de CAA ont participé à cette étude. Les séquences ont été mises en œuvre par leurs enseignantes. Des mesures ont été réalisées hebdomadairement pour suivre les progrès de ces élèves.

L’objectif de cette communication est de présenter les stratégies employées pour rendre les leçons de lecture accessibles aux élèves utilisateurs de CAA et les résultats préliminaires sur leur efficacité.

L’apprentissage des premières compétences en littératie (langage, oral-lecture-écriture), représente un vecteur de réussite scolaire et sociale pour tous les apprenants, dont les élèves en situation de handicap (Erickson et al., 2009). Pour le personnel scolaire, l’observation et l’évaluation des indices d’apprentissage de ces compétences à lire et à écrire pour planifier et pour réguler ses interventions demeurent un défi pour diverses raisons, si ce n’est que de faire des liens entre les concepts théoriques, le programme et les pratiques enseignantes (Moreau et al., accepté). Pour réaliser une évaluation formative régulative des premières compétences en littératie, le personnel enseignant doit connaitre les enjeux et les implications de ces activités pédagogiques lors de l’enseignement/apprentissage des premières compétences en littératie (Pelgrims et al., 2021). Ces changements de pratiques enseignantes passent par l’actualisation de pratiques renouvelées d’observation (Perez et Suau, 2021). L’objectif de la communication est de présenter un outil d’observation et de régulation des premières compétences en langage écrit réalisé avec et pour le personnel en enseignement. La méthodologie de type interprétatif a mobilisé la contribution d’enseignantes, d’orthophonistes et de conseillères pédagogiques. Les résultats d’une première étape de validation de contenu de l’outil par des experts de même que des contributions de l’usage de celui-ci par des enseignants spécialisés seront présentés.