620 - Donner la voix aux enfants et aux adolescents : une préoccupation de recherche transdisciplinaire

Diplômée de l’Université de Montréal en 1986, Dre Anne Marie Bureau découvre très tôt une passion pour le développement de l’enfant et la médecine communautaire. Motivée par son amour du travail en équipe, elle rejoint l’équipe famille, enfance, jeunesse du CLSC de Hull, où elle rencontre le Dr Gilles Julien, pédiatre social. Cette rencontre aura une influence déterminante sur sa façon de travailler en milieu de grande pauvreté et de concevoir la prévention des placements en contexte de négligence. L’idée d’implanter un centre de pédiatrie sociale en Outaouais surgit et le Centre de pédiatrie sociale de Gatineau ouvre ses portes. Dre Bureau ouvre un deuxième Centre de pédiatrie sociale à Gatineau. En 2018, Dre Bureau et son équipe du Centre de pédiatrie sociale de Gatineau reçoivent l’École d’été de la Fondation du Dr Julien, un colloque sur la pédiatrie sociale en communauté. Dre Bureau est également fière des partenariats développés avec l’UQO, l’Université d’Ottawa et l’UQTR. Les projets de recherche auxquels ils collaborent pourront apporter des données riches quant aux manières de répondre à certaines problématiques que vivent les enfants vulnérables de notre communauté. Si elle poursuit sa pratique au CLSC de Hull, son implication en pédiatrie sociale devient de plus en plus importante et elle devient la porteuse de la mission du CPSG qui est de permettre à chaque enfant de développer son plein potentiel, dans le respect de la convention relative aux droits des enfants.

Comme forme extensive et complémentaire de la recherche interdisciplinaire, la recherche transdisciplinaire intègre dans son processus, non seulement des connaissances produites par des disciplines scientifiques, mais également des savoirs et des compétences plus ou moins expertes issues d’acteurs non-académiques. L’objectif principal de ce type de recherche transdisciplinaire consiste, par un processus d’intégration, à construire une compréhension globale d’un problème donné et de le résoudre par l’échange et la coopération. Si la recherche transdisciplinaire s’est prioritairement développée en impliquant des acteurs extra-académiques dans les secteurs de la société civile, du privé et/ou de l’État, il convient d’en repenser la dynamique lorsqu’elle s’ouvre à la participation des enfants dans le processus de recherche. Cette contribution a pour objectif de faire le point sur les avancées de la recherche transdisciplinaire en y situant la place des enfants. Les concepts fondateurs de la recherche transdisciplinaire, soit entre autres la complexité, l’intégration, la co-production, la collaboration et la résolution de problème, seront présentés sous le chapeau du principe de participation inhérent à tout dispositif visant une recherche non seulement sur mais avec les enfants et conformément à la place centrale qu’il occupe dans le champ des études interdisciplinaires en droits de l’enfant.

La recherche sur les différentes expériences de vie des enfants tend principalement à se centrer sur le point de vue des adultes. Or, les enfants possèdent une créativité et une flexibilité particulières qui leur permettent de réfléchir autrement aux différentes particularités qui ponctuent leurs parcours de vie. Tenir compte de leur point de vue subjectif contribue donc à une triangulation des données, ce qui permet de nuancer et d’augmenter la validité des informations les concernant, mais récoltées auprès des adultes qui en prennent soin (Dubeau, Coutu, Tremblay, 2008). Cette communication présente les résultats d’une étude qui vise à documenter et analyser les représentations qu’ont les enfants immigrants âgés de 6 à 12 ans de leurs relations familiales et des répercussions de ces relations sur leur adaptation et leur bien-être. Pour ce faire, quarante-trois enfants ayant récemment immigrés au Canada (X= 2,33 années) ont été rencontrés. Vingt-trois enfants sont réfugiés alors que 18 enfants ont le statut d’immigrant économique. Il en ressort une conceptualisation distincte quant au sens que les enfants attribuent à leur immigration, qui structure et découle sur leurs expériences et leurs sentiments quant à cette transition. Ces résultats confirment que les enfants ont la maturité pour raconter et expliquer leur expérience et leur adaptation à l’immigration, de même que certains défis spécifiques dépendamment du fait qu’ils soient immigrants économiques ou réfugiés.

A l’heure actuelle, il n’est plus à démontrer le rôle clé joué tant par les croyances motivationnelles que par les émotions au sein des apprentissages mathématiques. La question se pose plutôt de l’approche méthodologique à préconiser pour accéder au rapport émotionnel et motivationnel authentique de l’apprenant. A ce sujet, si plusieurs études ont déjà documenté ces rapports, on peut questionner la portée des résultats obtenus. Effectivement, dans ces études les mesures reposent essentiellement sur des questionnaires auto-rapportés. Or, ces derniers ne semblent pas appropriés pour mettre en lumière la nature dynamique et multi-dimensionnelle d’un phénomène tel que le rapport motivo-émotionnel de l’élève aux mathématiques. Quant aux techniques de recueil d’informations reposant sur l’écriture ou l’oralisation, bien que permettant de dépasser la limite précitée, elles s’avèrent également inadéquates. Le coût cognitif requis par la tâche d’écriture ou d’expression orale et le caractère hautement personnel des informations à divulguer peuvent, en effet, constituer des freins ou biaiser les informations rapportées. Les chercheurs préconisent plutôt l’image et le dessin. Dans la présente recherche, 50 élèves de grade 5 ont exprimé leurs croyances et émotions en mathématiques via le dessin libre. Ces dessins ont servi de point de départ aux chercheurs pour mettre au jour une typologie de profils d’élèves en classe de mathématiques.

Cette communication a pour objectif de présenter des résultats partiels d’une étude qualitative sur l’explicitation du dessin libre et la conscience des capacités créatrices et intellectuelles de six jeunes Québécois, âgés de 18 à 21 ans, inscrits à la formation générale des adultes. Les fondements théoriques basés sur la conception de l’être humain à la manière de Paulo Freire et la conception de l’intelligence selon Jean Piaget soutiennent la mise en place des séances de dessin libre individuelles dans lesquelles les participants parlent d’eux-mêmes. Des neuf catégories d’analyse, les résultats de la catégorie abordant la conscience de ses propres valeurs sont mis de l’avant. Les dessins des participants illustrent ce qui est le plus important dans leur vie au moment de leur participation et ils en prennent conscience progressivement. Les résultats montrent que des valeurs comme le bienêtre physique et psychologique, l’égalité entre les êtres humains, l’amitié, le dessin, l’amour, le travail, les biens matériaux et l’espoir font partie de leurs priorités. Nous discutons de l’importance de la conscience de ses propres valeurs pour la valorisation de soi et pour l’orientation et la confirmation de ses projets futurs.

Au Québec et dans le reste du Canada, des milliers d’enfants vivent dans un contexte de violence conjugale. Ils sont généralement exposés à des situations où leur mère est la cible de la violence exercée par leur père ou par le conjoint de leur mère (Clément et al., 2013; Statistique Canada, 2001). Néanmoins, peu de recherches ont porté sur l’expérience de ces enfants, sur leur compréhension de la violence conjugale, sur le sens qu’ils donnent à leur vécu et sur leur appréciation des services. C’est donc pour palier à ces lacunes que les auteur-es de la présente communication ont réalisé une étude dont l’objectif principal était de documenter l’expérience et le point de vue d’enfants vivant dans un contexte de violence conjugale. Ce projet de recherche, financé par le. CRSH, a mené à la publication d’un livre destiné aux enfants, intitulé Il se prenait pour le roi de la maison! Des enfants parlent de la violence conjugale (Lapierre et Côté, 2018). Produit à la demande des participant-es, ce livre illustre trois dimensions de l’expérience des enfants : la violence conjugale, l’aide reçue et l’apaisement. Dans le cadre de cette communication, les auteur-es présenteront la démarche ayant mené à la publication de ce livre et se pencheront sur son utilisation comme outil de sensibilisation et d’intervention.

Donner la voix aux enfants jusqu’à la diffusion des résultats n’est pas une mince tâche. Dans le cadre d’un projet de recherche écocollaborative (Lessard, Bergeron, Demers et Anwandter-Cuellar, 2017) menée avec des enseignantes en classe d’accueil, des élèves de 6 à 12 ans et des chercheures, nous avons misé sur l’aplanissement des hiérarchies dans une quête de développement de l’agentivité (Giddens, 1979; Demers, Bachand et Leblanc, 2016) et de valorisation de l’intégrité de tous les acteurs qui dépassent les frontières des cadres normatifs ou implicitement reconnus. L’engouement de ces divers co-chercheurs pour la diffusion des résultats et le désir de changement de la perception qu’ont les membres de la communauté scolaire et civile, à l’égard des enfants nouveaux arrivants, les ont menés à créer un espace de reconnaissance (Honneth, 2000) et d’échanges. Ainsi, les élèves ont-ils été le coeur du vernissage Notre histoire préférée, c’est la nôtre. Dans le cadre de cette communication, nous présenterons les rôles assumés par les différents acteurs et les enjeux liées à la représentation de la voix des enfants.

Cette communication porte sur la participation de 17 jeunes âgés entre 14 et 16 ans au camp estival en entrepreneuriat Ruelle potagère. Offert par ruelle de l’avenir, un organisme communautaire urbain du Centre-Sud de Montréal qui propose des ateliers ludiques et éducatifs aux écoles et aux familles montréalaises en milieux défavorisés. Le camp est composé de 4 volets (l’horticulture, la transformation, le cosmétique et le marketing) d’une durée d’une semaine chacun. Par une approche vidéo-ethnographique (Goldman, Pea, Barron et Derry, 2007), nous avons pu observer les formes de participations et la marge de manœuvre allouée aux adolescents participants au sein de cette expérience en agriculture urbaine. Nous avons ainsi pu explorer leur implication et leur contribution à la réalisation des différents volets de l’activité. À l’aide de mini-études de cas, nous exposerons la manière dont les jeunes s’approprient cette expérience ludique en entrepreneuriat dans l’optique de vendre leurs produits au marché, et ce, de manière autonome. Avec un regard théorique ancré dans l’approche historico-culturelle, nous démontrons l’apprentissage expansif et transformatif des jeunes qui offre un regard particulièrement riche sur la voix des jeunes en action (Rahm et al., 2015). Nous terminons avec une discussion sur les enjeux théoriques et méthodologiques qu’implique un tel regard sur les pratiques éducatives et sur son apport pour les milieux scolaires.

Cette communication mettra en lumière les résultats d’une synthèse des écrits se rapportant aux méthodologies et outils de recherche les plus susceptibles de donner la voix aux adolescents et aux jeunes adultes dans le grand domaine des sciences de l’éducation. Ainsi, c’est à la suite de la recension de 36 écrits sur les méthodologies et outils relatifs à la voix des enfants (4 à 7 ans et 8 à 11) de même que 20 écrits relatifs à la voix des adolescents et des jeunes adultes qu’un portrait des résultats sera dressé. La communication portera sur les résultats de recherche concernant les adolescents et les jeunes adultes, en précisant les forces et limites des diverses méthodes et outils recensés. Il sera notamment question de l’utilisation d’Internet dans la collecte des données, de l’observation filmante ainsi que de diverses méthodes d’entrevues.