Les questions éthiques pré-occupent de plus en plus les sciences sociales tant au Québec qu'ailleurs dans le monde. Le débat est souvent centré sur la question de la protection des sources, s'agissant sans doute d’un problème plus largement partagé par d'autres pratiques, notamment celle des journalistes qui relaient ce danger sur l'autonomie de leur profession. La protection des sources est une question fondamentale qui n'épuise cependant pas la dimension éthique de la recherche, mais révèle tout de même une lecture implicite faite par les intéressés qu’ils soient commanditaires, gestionnaires, universitaires, politiciens, propriétaires de compagnies privées ou citoyens.
Cette lecture concerne les attentes vis-à-vis les sciences sociales qui renvoient à la localisation sociale des savoirs ou aux positionnements socialement situés. Comment se formule cette dimension éthique à travers un comité pluridisciplinaire en parallèle à la recherche, dans les organismes publics, parapublics, communautaires, etc.? Quelle(s) position(s) assigne-t-on à l’observateur et l’observatrice à travers les exigences, les attendus et les craintes? Quelles attentes les milieux de pratique ou d’intervention ont-ils pour la recherche et comment ces attentes s’imposent-elles aux chercheurs? À l’inverse, comment les chercheurs en sciences sociales définissent-il les enquêtés, les commanditaires et les autres partenaires dans leurs recherches? Le « problème éthique » déborde la question de la confidentialité des sources et celle d’un « certificat éthique », s'inscrivant au cœur des rapports sociaux et de la normativité des conduites humaines. Ces questions posent plus généralement la question de l’autonomie et de la spécificité de la recherche scientifique trop souvent réduite à une opposition caricaturale entre «fondamentale» et «appliquée». Elles posent en outre le caractère scientifique de la recherche, elle-même prise entre deux orientations quant au caractère situé de toute connaissance.