Informations générales
Événement : 83e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Ce colloque, organisé conjointement par l’Association pour la recherche qualitative (ARQ) et l’Observatoire Jeunes et société (OJS), sera l’occasion de faire le point sur les enjeux méthodologiques et les défis de la recherche auprès des jeunes. Portant sur une variété de projets de recherche auprès des jeunes, les communications aborderont divers enjeux transversaux :
– Les relations entre les chercheurs et les jeunes (comment établir une relation de confiance ? Y a-t-il des a priori réciproques à déconstruire?);
– La place que peut prendre le jeune dans la recherche (quels rôles peut-il occuper dans la conception du projet? Dans la collecte? Dans les analyses?);
– Les dynamiques particulières soulevées par la recherche partenariale sur les jeunes lorsqu’elle inclut aussi des intervenants du milieu communautaire ou de l’action publique;
– Les dispositifs d’enquête (quels moyens méthodologiques permettent de rejoindre les jeunes et de susciter leur implication? Quels objets d’étude sont les mieux servis par des méthodes participatives?);
– L’échantillonnage (quels modes de recrutement permettent de tenir compte et de mettre en valeur la diversité des jeunes? Comment rejoindre ceux qui sont marginalisés?);
– Les enjeux éthiques de la participation active des jeunes;
– Le transfert des connaissances (quels sont les moyens pour communiquer les connaissances non seulement aux intervenants, mais aussi aux jeunes eux-mêmes?).
Ces diverses questions méthodologiques se posent avec acuité dans le cas de la recherche auprès des jeunes parce que ceux-ci sont diversifiés et sont, par définition, en constante évolution. En outre, les jeunes sont souvent peu écoutés des acteurs publics et médiatiques, et ce, d’autant plus que leur poids démographique diminue, notamment au Québec. La recherche véhicule donc une image de la jeunesse et ce colloque sera l’occasion de renouveler la réflexion sur les meilleures manières d’en rendre un portait juste et précis.
Dates :- Marie-Odile Magnan (UdeM - Université de Montréal)
- Marco Alberio (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Marjorie Vidal (UdeS - Université de Sherbrooke)
- Nicole Gallant (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
- Stéphanie ATKIN (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Programme
Mot de bienvenue
Ouverture du colloque
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Conférence d'ouverture
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Pause
À la rencontre des jeunes à toutes les étapes de la recherche : du recrutement jusqu'à la communication des résultats
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Favoriser la participation des jeunes aux recherches qualitatives : exemples de stratégies déployéesMarco GAUDREAULT (Cégep de Jonquière), Isabelle Joyal (ÉCOBES - Groupe d’Étude des Conditions de vie et des Besoins de la population), Vicky POTVIN (Cégep de Jonquière), Suzie TARDIF (Cégep de Jonquière), Josée THIVIERGE (Cégep de Jonquière)
Au cours des cinq dernières années, ÉCOBES – Recherche et transfert a réalisé plusieurs projets de recherche et d'évaluation comportant des collectes de données qualitatives auprès de jeunes d'âges et de profils socio-économiques différents. Il ne fait aucun doute que cette population possède des caractéristiques spécifiques dont il importe de tenir compte dans le choix et le déploiement d'une méthodologie de recherche. La communication proposée s'intéresse aux diverses stratégies que nous avons déployées afin de faciliter la participation, mais aussi l'implication des jeunes au sein de projets de recherche les concernant. Nous nous concentrerons sur certaines étapes clés du processus de recherche à cet égard, soit les démarches éthiques, le recrutement et la collecte des données. Nous explorerons également les fruits d'une approche méthodologique novatrice utilisée pour valider les données collectées auprès de jeunes participants. Enfin, nous nous intéresserons à certains modes de diffusion des résultats devant favoriser le transfert et l'appropriation des données par des jeunes. Plusieurs exemples tirés de divers projets permettront d'illustrer les stratégies présentées. Ceux-ci porteront alors sur des jeunes âgés de 16 à 30 ans aux profils multiples (étudiants du secondaire, du cégep ou de l'université, étudiants-travailleurs, étudiants de première génération, travailleurs et parents).
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La recherche partenariale avec les acteurs du milieu : un outil pour étudier les jeunes?Marco Alberio (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Cette présentation se base sur une recherche partenariale (avec les organismes et services locaux) portant sur les parcours et les besoins de jeunes résidant dans la région rurale de la MITIS au Bas-Saint Laurent. La recherche partenariale consiste en un ensemble de pratiques de recherche variées, mais fondées sur le principe de « coconstruction de sens » (Gillet et Tremblay, 201). Nous allons nous questionner sur la particularité de la recherche partenariale vis-à-vis du recrutement : est-ce qu'il y a un effet sur les modalités de participation et sur l'engagement des jeunes dans la recherche? Est-ce que la perception d'un besoin de changement peut contribuer à motiver les jeunes à participer à la recherche? Quels sont les enjeux liés au recrutement? Comment rejoindre les individus plus marginalisés, tout en respectant les enjeux éthiques? Quel est le rôle des partenaires? D'un autre côté : quelles doivent être les modalités de transmission des résultats? Comment s'assurer dans le cadre de la recherche partenariale, que les jeunes puissent connaître les résultats sans passer forcément par l'intermédiaire des partenaires? Quels outils sont disponibles aux chercheurs (médias sociaux, etc.)? Comment établir une relation de confiance avec les jeunes dans la phase de collecte des données et la maintenir dans la phase de restitution des résultats? Voilà certains des enjeux et des questionnements que nous voulons aborder dans le cadre de cette présentation.
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Communiquer les résultats de la recherche par le jeu : une expérience avec les jeunes ayant participé aux mobilisations du printemps 2012 à MontréalAlexia Bhéreur-Lagounaris (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Julie Anne Boudreau (INRS)
À partir d'une expérience en cours de production d'un jeu urbain mobile et géolocalisé, nous proposons une réflexion sur des moyens innovants de communiquer à la fois avec les jeunes qui ont participé à la collecte de données, et plus largement auprès de ceux qui seraient intéressés à connaître les résultats de la recherche. Les études montrent que le jeu a une grande portée pédagogique. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des jeunes entre 14 et 18 ans jouent à des jeux en ligne régulièrement et utilisent ce moyen pour apprendre, interagir et socialiser. Plusieurs chercheurs et développeurs de jeu s'accordent sur les principes qu'un jeu bien fait permettrait au joueur d'acquérir un sens d'autonomie, un sentiment de compétence (ou de défi progressif et adapté au niveau du joueur) et un sens d'alliance ou de fraternité (relatedness). Dans notre recherche sur l'expérience des jeunes ayant participé aux mobilisations étudiantes de 2012, nous relevons plusieurs caractéristiques semblables à celle de l'expérience du jeu : le rôle de l'empowerment, le rôle de l'amitié dans la mobilisation politique ainsi que dans les raisons de l'engagement. Nous avons donc trouvé à-propos de faire vivre l'expérience de nos résultats de recherche par ce medium, d'autant plus que la cartographie des émotions dans la ville que nous avons produite à partir de nos données de recherche peut servir de base géographique au jeu urbain.
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Discussion
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Dîner
La place de l'élève dans la recherche en milieu scolaire : choix, réflexivité et contributions
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Autorité et consentement : défis éthiques d'une ethnographie en milieu scolaireCatherine Levasseur (UdeM - Université de Montréal)
Cette présentation se veut un retour réflexif sur une expérience de recherche ethnographique en sociolinguistique réalisée en 2010-2011 auprès d'élèves du primaire en milieu francophone minoritaire. La recherche visait à comprendre ce que voulait dire « être francophone » pour des élèves de francisation à Vancouver, en explorant leurs discours et représentations identitaires. Cette recherche a été dûment approuvée par un comité d'éthique universitaire et toutes les mesures habituelles ont été prises afin de protéger les participants à l'étude. Toutefois, le travail ethnographique auprès d'élèves du primaire a fait ressurgir plusieurs enjeux éthiques supplémentaires, notamment en raison du contexte coercitif qu'est l'école. Par exemple, peut-on réellement parler de participation volontaire, alors que ce sont les parents qui consentent? Comment faire respecter les droits de retrait ou de refus lorsque les activités se déroulent à l'école? Comment instaurer un climat de confiance qui permette de désamorcer la relation d'autorité qui s'installe entre la chercheure adulte et les participants enfants? En discutant des stratégies et mesures adoptées par la chercheure pour faire face à ces situations, cette présentation alimentera les réflexions à propos des enjeux éthiques de la recherche sociolinguistique auprès des jeunes.
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Le conseil d'élèves comme dispositif pour mobiliser la réflexivité des jeunes à des fins de rechercheMatthias Pepin (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Notre recherche doctorale a porté sur l'apprentissage à s'entreprendre en milieu scolaire (Pepin, 2015). Pour documenter cet objet de recherche, nous avons conduit une étude de cas, pendant une année scolaire complète, dans une classe de deuxième année du primaire. Il s'agissait de suivre les élèves et leur enseignante dans la création puis la gestion d'un magasin de fournitures scolaires dans leur école. Pour permettre aux élèves de jouer un rôle de premier plan pour « faire exister » puis « faire tourner » le magasin, nous avons mis en place un conseil d'élèves, en collaboration avec l'enseignante. Inspiré par la recherche collaborative (Desgagné, 1997, 2001), ce conseil a été pensé comme une activité réflexive présentant une « double rigueur méthodologique », c'est-à-dire servant aussi bien le chercheur, comme outil de collecte de données, que les élèves et l'enseignante, comme outil de gestion démocratique du magasin. Dans cette communication, nous reviendrons sur le déploiement d'un tel conseil d'élèves, en analysant : 1) le rôle de co-praticien que nous y avons joué; 2) la fonction de gardien de la réflexivité des élèves que nous y avons assumée et 3) les bénéfices du dispositif pour documenter notre objet de recherche à l'appui de ce qui s'y est co-construit. Si la recherche collaborative a été surtout pensée pour mobiliser la réflexivité des enseignants, nous illustrerons qu'elle peut aussi être mise à profit pour mobiliser la réflexivité des élèves.
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Pour une place centrale des élèves dans la recherche en didactiqueMarie-Hélène Forget (UdeS - Université de Sherbrooke)
La recherche en didactique s'intéresse aux moyens et aux conditions à mettre en place pour favoriser l'apprentissage d'objets de savoir, et ce sont ces « objets », leur enseignement et leur apprentissage qui constituent le point d'intérêt de la didactique. Pourtant, on admet aujourd'hui que les pratiques et les représentations des apprenants au regard des savoirs enseignés constituent des facteurs d'influence importants de la relation didactique (Dabène, 2005; Giordan, 2008) et qu'elles devraient être prises en compte dans la transposition didactique des objets à enseigner (Gauvin & Boivin, 2012). Pour construire une didactique centrée sur l'élève, il faut alors endosser sa capacité à décrire et à expliciter ses pratiques, à préciser ce qu'il pense des objets qui lui sont enseignés et comment il les conçoit, à évoquer sa manière de les utiliser et de les apprendre (Penloup, 2005). Il faut également réfléchir aux modalités méthodologiques d'accès aux représentations, conceptions, et pratiques des élèves. C'est ce que cette communication propose de faire en présentant les méthodes de production et d'analyse retenues dans le cadre d'une recherche doctorale pour rendre compte des phénomènes étudiés du point de vue des élèves eux-mêmes. En somme, il s'agira de discuter de la place, du rôle et du statut que peuvent occuper, d'un point de vue méthodologique et épistémologique, les élèves dans l'avancement des connaissances scientifiques en didactique des langues.
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La triangulation des sources au profit de la prise en compte de la voix des élèves lors de la venue d'un stagiaire dans leur écoleAnnie MALO (UdeM - Université de Montréal), Olivia Monfette (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Bien que la venue d'un stagiaire affecte l'expérience scolaire des élèves, la voix de ces derniers est rarement considérée dans les recherches de ce champ (Malo, 2014). La collecte de données auprès de cette population est essentielle dans la prise en compte de leur voix (Malo et Rahm, 2014). Dans le cas où d'autres participants, notamment adultes, sont aussi impliqués, la triangulation des sources lors de la phase d'analyse pose des défis, notamment lorsqu'il y a des divergences dans leurs discours. Cette présentation a pour but d'exposer des données recueillies auprès d'une stagiaire, de son enseignante associée et d'élèves au sujet de la présence d'un stagiaire dans leur école. Les propos de la stagiaire et de son enseignante associée ont été recueillis à l'aide d'entretiens semi-dirigés individuels tandis que ceux des élèves ont été recueillis lors d'entretiens de groupes. L'utilisation de la triangulation des sources lors de la phase d'analyse a permis de clarifier et de comprendre le point de vue qu'ont les élèves de l'arrivée d'un stagiaire dans leur école, compte tenu de la voix différente, voire discordante qu'ils ont exprimée par rapport à celles de la stagiaire et de l'enseignante. En somme, la triangulation des sources lors de l'analyse a permis d'obtenir des données diversifiées au regard d'un même phénomène (Alexandre, 2013), ce qui a grandement contribué à la richesse des résultats.
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Discussion
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Pause
Recrutement, sélection et représentativité : qui parle au nom de quels jeunes?
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L'âge éphémère : la définition de la jeunesse à la lumière des moments de choix et des méthodes longitudinalesMaria Eugenia Longo (INRS - UCS - Institut national de la recherche scientifique - Urbanisation Culture Société)
Les études sur la jeunesse débattent encore de nous jours sur la manière de définir au mieux les frontières des groupes qu'elles étudient. Des aspects biologiques, psychologiques, sociaux ou culturels sont mis en avant pour s'emparer de l'une ou l'autre des définitions de la jeunesse. Face à ces débats, et lors des choix de sélection des individus appartenant à ce groupe de la population, les chercheurs ou les professionnels de la jeunesse se laissent souvent séduire par la clarté du raisonnement abstrait et la simplicité présentée par les chiffres, voire l'âge chronologique. Ce dernier possède des avantages indéniables en ce qui concerne la maîtrise des populations à étudier. Elle ne peut pas contenir pourtant des informations que l'âge précisé d'un point de vue social ou d'un point de vue vécu pourrait en fournir. La combinaison d'approches des âges de la vie - pour le cas de la jeunesse mais également au service d'autres catégories d'âge - constitue dès lors un défi plus qu'intéressant. Cette communication vise à souligner l'importance de prévoir des critères divers qui tiennent compte de la pluralité des temporalités – chronologique, sociale et vécue –, tant dans la sélection et l'échantillonnage des individus au sein des enquêtes que dans la construction du guide d'entretien ou l'analyse postérieure des données. Nous le verrons à partir de l'analyse des données d'une recherche qualitative portant sur les parcours professionnels et biographiques de jeunes argentins.
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Le suivi d'une cohorte sur plus de 10 ansNadine ARBOUR (Cégep de Jonquière), Julie Auclair (Cégep de Jonquière), Marie-Ève Blackburn (Cégep de Jonquière), Isabelle Joyal (Cégep de Jonquière), Gaudreault MARCO (Cégep de Jonquière)
ÉCOBES est un centre de recherche menant de vastes enquêtes auprès des 12-18 ans depuis 1997. Principalement quantitatives, ces enquêtes comportent à l'occasion des volets qualitatifs. Les défis liés à la participation des jeunes à des projets de recherche sont multiples et se trouvent amplifiés lorsqu'il s'agit de suivis longitudinaux. En 2002, une enquête longitudinale auprès d'une cohorte de jeunes de 14 ans a été amorcée. Ce panel a été sollicité à six reprises entre 2002 et 2014 alors que ses participants étaient respectivement âgés de 14 à 26 ans. Le suivi, prévu jusqu'en 2023, a permis de constater le sérieux avec lequel s'investissent ces jeunes. Malgré les efforts considérables déployés pour garantir la qualité du panel et la plus grande diversité de ses répondants, l'attrition observée d'un cycle à l'autre renforce les biais de sélection. À ce sujet, il est démontré que les participants vivant dans des conditions socioéconomiques plus difficiles et présentant davantage de problématiques sur le plan personnel sont sous-représentés dans les recherches. Cette présentation fera état des pratiques ayant favorisé la participation d'un grand nombre de jeunes à nos opérations de collecte de données quantitatives. Plus particulièrement, les bons et les moins bons coups relativement au maintien de la cohorte du suivi longitudinal seront soulevés, ainsi que les caractéristiques qui distinguent ces participants de la population en général.
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Recruter des jeunes producteurs de contenus numériques dans les médias sociaux : du discours optimiste à la réalité du terrainMathieu Bégin (UCL - Université catholique de Louvain)
Le recrutement de jeunes d'âge mineur pour des projets de recherche est depuis longtemps un défi pour les chercheurs. Aujourd'hui, la forte présence des jeunes dans les médias sociaux, souvent décrits comme des environnements permettant des formes inédites de socialisation, dépassant les limites des contraintes spatio-temporelles traditionnelles, pourrait cependant ouvrir la porte à de nouvelles possibilités pour le recrutement. Dans le cadre de notre recherche doctorale, nous visions à conduire des entrevues auprès de jeunes vidéastes d'âge mineur, afin de saisir leurs représentations sociales au regard de la vidéo numérique et de YouTube comme outils de production et de publication en ligne de contenus médiatiques. Notre démarche de recrutement a commencé par la publication en ligne de vidéos nous mettant nous-mêmes en scène et explicitant les objectifs et les besoins en information de notre recherche. Cette stratégie visait précisément à gagner la confiance de nos potentiels informateurs et à les inviter à participer à notre projet. Après avoir sollicité la collaboration d'une centaine de vidéastes par l'intermédiaire de YouTube, seulement deux jeunes d'âge mineur ont accepté de nous accorder une entrevue. En s'appuyant sur cette expérience de terrain, notre communication a comme principal objectif de montrer les limites des médias sociaux en tant que dispositifs de recrutement de participants pour une recherche, surtout lorsqu'il est question de jeunes d'âge mineur.
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Discussion
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Pause
Pratiques et outils de recherche adaptés à une jeunesse changeante (partie 1) : approches participatives et artistiques
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Le modèle interculturel coopératif d'accompagnement mutuel (MICAM) : une démarche de recherche innovante aux retombées prometteusesClaudia Prévost (Université Laval)
L'idée de départ était audacieuse : rassembler six jeunes femmes (immigrante, étudiante internationale, québécoise native) cumulant dans un court laps de temps des transitions multiples (migrer, étudier, travailler, devenir maman), une accompagnante à la naissance et une chercheure d'expérience au sein d'un processus de recherche visant l'expérimentation d'un modèle interculturel coopératif d'accompagnement mutuel (MICAM). Ceci, afin d'interroger les transformations identitaires vécues, ainsi que l'influence de la mobilité et des relations interculturelles sur la façon dont sont traversées ces transitions par ces jeunes femmes. De même, il s'agissait d'identifier les différentes ressources sur lesquelles elles pouvaient compter pour ensuite mieux comprendre les stratégies individuelles développées à travers ces transitions multiples. Pour cette communication, nous présenterons les assises méthodologiques constitutives du projet, les principaux constats à cet égard, ainsi que les retombées significatives de cette démarche innovante. Par la suite, nous exposerons de quelle façon la participation à un tel projet, en tant que cochercheure, coauteure et participante, s'avère pertinente pour de jeunes chercheurs. Enfin, nous interrogerons le potentiel de « transférabilité » du MICAM à d'autres groupes qui vivent des transitions multiples en présentant des observations préliminaires au sujet de la mise en œuvre du MICAM avec de jeunes adultes en francisation.
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La voix des jeunes Inuits et l'agentivité transformatrice : les enjeux méthodologiques d'un projet de photographie participative et d'archéologie communautaire au NunavikJrène Rahm (UdeM - Université de Montréal)
Cette communication portera sur un projet de recherche, Sivunitsatinnut ilinniapunga (pour notre futur, je vais à l'école), qui explorait les possibilités d'éducation postsecondaire à travers trois volets d'activités éducatives en collaboration avec des jeunes Inuits, leur communauté, et l'Institut culturel Avataq: 1) une école de fouille dans le contexte d'un projet d'archéologie communautaire au Nunavik, 2) une semaine d'archéologie à Montréal pour un sous-groupe des jeunes, et 3) un projet de photographie participative mené par les jeunes et qui a conduit à une exposition photo. Suite à un survol de la littérature traitant d'ethnographie visuelle et de photographie participative sous l'angle des méthodes de recherches d'action participative et des méthodologies autochtones, nous présenterons des récits qui relayent la voix des jeunes Inuits ayant participé au projet. L'accent sera mis sur trois enjeux en particulier: 1) les relations entre les chercheurs et les jeunes, 2) les dispositifs d'enquête (la photographie comme moyen créatif et espace de la voix des jeunes), et 3) les dynamiques particulières soulevées par la recherche partenariale (musée, école, centre culturel et communauté). Ceci nous mènera à des réflexions méthodologiques ainsi qu'à des pistes d'actions qui visent à la fois les voix des jeunes, mais aussi l'agentivité transformative des jeunes et de leur communauté.
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Roman familial et photolangage : le jeune au centre de la rechercheSophie Hamisultane (UQAM - Université du Québec à Montréal)
De son environnement de naissance, à l'espace social de sa vie d'adulte, le sujet se construit continument en confrontant son monde interne, les modalités de sa culture familiale, avec la réalité sociale qui donne contexte à son développement. Pour les descendants de migrants, socialisés dans le pays d'accueil, cette confrontation, alors interculturelle, se complexifie. En effet, les éléments de transmission générationnelle s'inscrivent dans une autre normativité du rapport à l'intériorité. Pour accéder à une compréhension de ce qui constitue ainsi les processus de construction identitaire dans l'interculturalité, et en quoi ils sont producteurs de désir de reconnaissance chez des descendants de migrants, nous avons utilisés la méthode du roman familial et trajectoire sociale (RF-TS) ainsi que celle du photolangage. Le RF-TS a pour but de mettre en analyse des éléments de la généalogie familiale qui montrent l'héritage affectif, culturel, socio-historique qui conditionne l'insertion sociale de l'individu lui-même. Le photolangage, composé d'images, est un outil utilisé en éducation et en formation pour faciliter l'expression, en donnant accès au symbolique et à l'imaginaire lorsque la parole seule ne le permet pas. Ces deux méthodes mettent l'interlocuteur-trice au centre de la recherche par sa participation dans la construction du sens qu'il donne à ses expériences sociales. Les données présentées dans cette communication sont issues de deux recherches, doctorale et post-doctorale.
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Discussion
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Pause
Assemblée générale des membres de l'OJS
Cocktail de lancement de livres et de revues
Pratiques et outils de recherche adaptés à une jeunesse changeante (partie 2) : observer les pratiques informationnelles des jeunes
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Jeunes et médias sociaux pendant le Printemps érable : approche méthodologique pour une contextualisation réflexive des usages de FacebookNicole Gallant (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Guillaume LATZKO-TOTH (Université Laval), Madeleine PASTINELLI (Université Laval)
Cette communication présentera une approche inédite de l'étude des pratiques des jeunes sur Facebook. Dans une étude sur la circulation de l'information via les médias sociaux pendant la grève étudiante de 2012 au Québec, nous cherchions à découvrir si et comment les jeunes utilisaient Facebook pour s'informer, discuter et former leur opinion. Nous avons procédé à des rencontres individuelles auprès d'un échantillon diversifié de 30 jeunes (18 à 25 ans). La première partie de la rencontre prenait la forme d'un entretien semi-dirigé classique (rapport aux médias et au politique, vécu de la grève, etc.), puis nous procédions à une exploration des traces d'activité (partages, commentaires, "j'aime") archivées dans l'historique personnel des usagers aux dates clés de la grève. Or, plutôt que "d'aspirer" ces traces avec un dispositif informatique permettant leur collecte exhaustive, nous avons procédé à une "visite guidée" de l'historique Facebook en effectuant un enregistrement dynamique de l'image affichée à l'écran et du commentaire du répondant. Tout en laissant au répondant la maîtrise de ce qu'il accepte de montrer, cette méthode nous a permis d'observer les pratiques numériques de manière rétrospective, en bénéficiant de la contextualisation et réflexivité des jeunes sujets. Ces données riches et denses ont fait émerger la diversité des usages et des compétences parmi les jeunes, trop souvent groupés sous le vocable trompeur et homogénéisant de "natifs du numérique".
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Les défis de l'observation des pratiques informationnelles sur le travail chez de jeunes adultesMarie-Michelle Pariseau (UdeS - Université de Sherbrooke), Eddy Supeno (UdeS - Université de Sherbrooke)
Dans une société dite du savoir, l'information constitue un enjeu crucial pour la compétitivité économique et l'employabilité des individus. Dans cette perspective – et en raison de la raréfaction de la main-d'œuvre qualifiée – la manière dont les jeunes adultes non diplômés, en tant que relève potentielle, cherchent de l'information sur le travail est paradoxalement peu étudiée. Une observation participante a donc été menée dans le centre de documentation d'un Carrefour Jeunesse-Emploi pour étudier leurs pratiques de recherche d'information sur le travail dans le cadre de leurs démarches de recherche d'emploi. Du fait de la stratégie de collecte de données retenue et qu'il s'agit d'une population jugée vulnérable vivant de nombreuses mobilités sur plusieurs plans, cette communication se propose, outre de présenter des premiers résultats, d'exposer les nombreux défis méthodologiques rencontrés pour tenter de répondre aux objectifs de recherche et respecter les exigences éthiques. Il sera notamment question des enjeux relatifs au recrutement ; à l'équilibre délicat à maintenir, lors des périodes d'observation, entre l'identification des personnes participantes et le respect des autres usagers présents ; aux choix de positionnement spatial des chercheurs dans le centre de documentation ; et aux stratégies déployées pour assurer une présence à différents moments tout en essayant d'optimiser l'immersion en considérant les habitudes de fréquentation du centre par les jeunes adultes.
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Discussion
Le jeune et le chercheur (partie 1) : sociologie de la jeunesse et (co)construction du sens
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Un sociologue sous la loupe des jeunes : apports des observations de l'enquêteur par les enquêtés à la connaissance de la jeunesseSylvain Bordiec (Université de Bordeaux)
Ma contribution sera fondée sur trois recherches menées entre 2002 et 2011 sur « des » jeunesses urbaines. Il s'agit de réfléchir aux apports de l'analyse du travail d'observation des enquêté(e)s sur l'enquêteur à la connaissance sociologique de la jeunesse. Au fil des contacts auprès des jeunes, je saisis leurs manières différenciées de me placer sous observation, et donc d'appréhender mon être social et de m'attribuer des caractéristiques et des intentions à partir de ce que je leur donne à voir et à entendre – couleur de peau, âge, attitude vestimentaire, origine et appartenance sociales, parcours universitaire, aspirations professionnelles et scientifiques – comme un analyseur des processus socialisateurs à l'œuvre sur eux. Ce type de processus opère dans d'autres espaces géographiques et sociaux. Cela étant, l'objectif plus général de la communication est de montrer que la sociologie, puisqu'elle génère, lorsqu'elle mobilise la méthode de l'observation, un type spécifique d'expériences sociales, est une participante potentielle, avec la famille, l'école, les dispositifs de l'action publique, la police, les associations locales, les pairs et les journalistes, à la socialisation des jeunes.
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Les jeunes face aux sociologues de la jeunesse : enjeux méthodologiques et éthiques liés aux visages des jeunesJacques Hamel (UdeM - Université de Montréal)
Sur la base d'enquêtes conduites sous l'égide de l'Observatoire Jeunes et Société, divers enjeux méthodologiques et éthiques seront envisagés dans le cadre de cette communication. Après avoir montré qu'ils sont relatifs aux jeunes ciblés dans chaque cas — les étudiants différant par exemple des non diplômés, les jeunes situés d'un côté ou de l'autre de la fracture numérique ne pouvant pas être mis sur un même pied, etc. —, différents problèmes et avatars surgis tant dans le recueil que dans l'analyse des données seront énumérés avant d'exposer les remèdes apportés sur le champ, avec force imagination méthodologique, pour pouvoir mener à bien les recherches au programme. Dans cette communication, on verra que les visages des jeunes se répercutent sur les moyens — voire les méthodes — mis en œuvre 1) pour les rejoindre, 2) pour leur démontrer la pertinence ou le bien-fondé des études conduites à leur sujet, 3) sur l'élan, pour les convaincre de collaborer, 4) pour les intéresser aux connaissances produites grâce à leur participation et 5) les persuader de la valeur réflexive de la « sociologie de la jeunesse » susceptible de leur faire connaître leur propre visage.
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« J'avais hâte de vous rencontrer pour voir ce que j'avais fait » : tisser des liens dans le cadre d'un suivi longitudinal qualitatif de jeunes en situation de précaritéSylvain Bourdon (UdeS - Université de Sherbrooke)
L'entretien de recherche est, sans contredit, une situation sociale hors du commun (Bourdieu, 1993). Cette particularité de l'échange est susceptible d'être amplifiée lors d'entretiens successifs tels que menés dans le cadre d'une enquête longitudinale et, a fortiori, alors que les personnes interviewées sont engagées dans une des transitions les plus marquantes de la vie, le passage à l'âge adulte. Notre analyse exploite un corpus d'entretiens semi-dirigés collectés dans le cadre d'une enquête longitudinale mixte à dominante qualitative débutée en 2006 auprès de 45 jeunes adultes dans le but de mieux comprendre le rôle joué par les réseaux sociaux et l'apprentissage dans le cadre des transitions auxquelles ils sont confrontés. Âgés de 18 à 24 ans lors de la première rencontre, ces jeunes se trouvaient en situation de précarité souvent importante au début de l'enquête qui s'est poursuivie sur cinq vagues jusqu'en 2012. À partir de la deuxième de ces rencontres, le thème de la participation à la recherche a systématiquement été abordé à la fin des entretiens. La présente contribution propose une analyse des réflexions des jeunes sur le rôle de cette participation dans leur vie et des multiples liens – avec soi à travers le temps, avec sa réflexivité, avec l'équipe de recherche, en solidarité avec les autres jeunes qui vivent dans la précarité et que leur histoire pourrait inspirer, etc. – que cette participation contribue à mettre en lumière, voire à tisser ou à inspirer.
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Discussion
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Pause
Le jeune et le chercheur (partie 2) : rapports de pouvoir et place du jeune dans la recherche
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Le point de vue des jeunes dans la définition du travail de rue : un incontournable pour cerner les enjeux d'adéquation de l'intervention de proximitéAnnie Fontaine (Université Laval)
La principale fonction du travail de rue étant de rejoindre les jeunes qui sont en rupture avec les structures sociales, soit parce qu'ils les rejettent ou en sont rejetés, une grande latitude de définition et d'exercice de cette forme d'intervention de proximité est exigée pour en assurer l'adaptation et l'adéquation à la culture et à la trajectoire des destinataires. Cette communication présentera une recherche en cours (programme Développement Savoir du CRSH) qui vise à décrire comment la négociation plurielle du sens et des usages accordés au travail de rue au fil des interactions sociales (entre travailleurs de rue, avec les jeunes, leur entourage, les intervenants communautaires et institutionnels, les bailleurs de fonds, les décideurs publics) influence l'adéquation de cette forme d'intervention hors-murs auprès des jeunes plus ou moins en rupture sociale. Après avoir résumé la démarche ethnographique (informateurs-clés, observation participante, analyse documentaire, groupes de discussion) mise en place pour réaliser cette recherche, cette présentation sera l'occasion de partager les réflexions de l'équipe au sujet des défis relevés pour aller à la rencontre des jeunes, pour susciter leur confiance et recueillir leur point de vue ainsi que pour répondre à leur aspiration à être considérés comme des acteurs dans le cadre de la recherche et non seulement comme objet d'étude.
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Participation des jeunes à la recherche : les questions d'éthique et le choix des outilsTatiana Garakani (ÉNAP - École nationale d'administration publique)
Cette présentation aborde les enjeux éthiques et les considérations méthodologiques de la recherche auprès des jeunes en s'appuyant sur trois recherches effectuées dans trois contextes distincts : la première recherche a été effectuée en Iran en 2002 sur la scolarisation des jeunes réfugiés afghans. La deuxième portait sur la protection et le travail des enfants dans les zones touchées par les conflits dans le nord de l'Ouganda en 2008; et enfin la plus récente recherche a été réalisée sur une période de trois ans (2011-2014) au Nunavik sur la résilience et la persévérance scolaire des jeunes inuits. La pluralité des contextes sert à illustrer la diversité des pratiques méthodologiques déployées auprès des jeunes et les enjeux éthiques spécifiques à chaque contexte. Nous expliquons les avantages et les limites des nombreux outils conçus et adaptés afin d'encourager l'engagement et la participation des jeunes, par exemple : questionnaire interactif, écriture d'une histoire collective, montage de photo et vidéo, emploi du temps, auto-évaluation individuelle, discussion de groupe, observation lors des activités informelles et les entrevues. Nous soulignons également les stratégies adoptées pour contextualiser chaque recherche, pour atténuer l'écart du pouvoir entre les chercheurs et les participants, et surtout assurer la protection des jeunes et leur consentement éclairé.
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L'amateur et l'expert dans la relation d'enquêteSylvain Martet (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans le cadre de mon travail de thèse, j'ai réalisé un terrain auprès de jeunes montréalais portant sur leurs goûts musicaux, de la découverte à la légitimation. Ma conscience des difficultés de ce type de terrain qui relève presque de l'intime m'a entraîné, à la suite de Lizé et Mauger, à réfléchir à la place du sociologue dans la discussion sur la musique. L'expert y entre en écho avec l'amateur, concept capital dans l'étude des goûts, notamment depuis les apports d'Antoine Hennion (2007). Cette présentation propose à la fois une exploration des rapports autour du dépositaire de l'expertise dans le cas concret d'une recherche scientifique et une réflexion subséquente sur l'importance de celle-ci dans l'attachement à des goûts musicaux. Dans un article paru en 1991, le sociologue Gérard Mauger identifie des dispositions que doit avoir en tête le chercheur en sociologie lors d'une étude de terrain en milieu populaire. Mauger ne considère pas que le sociologue doive se faire passer pour un des membres du groupe qu'il aborde, il souligne plutôt l'importance qui existe dans l'intégration du fossé entre l'expert (de fait) et l'interviewé dans la recherche elle-même. Wenceslas Lizé (2009) abonde dans ce sens dans un article lié à l'un de ses terrains de recherche: les goûts musicaux. Il insiste notamment sur l'effet de l'imposition de problématique par le chercheur qui produit une réflexivité non-habituelle chez l'interviewé.
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Discussion
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Dîner
Le jeune et le chercheur (partie 3) : réduire les distances et construire la confiance
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Pourquoi les jeunes « en difficulté » consentent-ils à parler?Géraldine Duvanel Aouida (Université de Fribourg)
Dans une préoccupation de compréhension de la jeunesse contemporaine, de nombreuses études s'intéressent aux expériences individuelles et collectives pour éclairer certaines pratiques dites « jeunes ». De plus en plus d'études qualitatives reconnaissent l'importance de donner la parole aux jeunes pour saisir les phénomènes sociaux dont ils sont les acteurs principaux. Parmi celles-ci, certaines s'intéressent spécifiquement à des jeunes en grande vulnérabilité. Se pose alors la question centrale de l'approche d'une population en souffrance. Comment, en tant que chercheur(e) (et adulte), approcher les jeunes dont le rapport à l'adulte est effrité? Comment accéder à leurs discours? C'est dans une démarche rétrospective à partir d'une thèse sur les parcours de délinquances juvéniles, que sera proposée une réflexion sur le lien entre chercheur(e) et enquêté(e), afin de décrypter les éléments favorisant l'accès au discours profond et les entraves potentielles, susceptibles soit de nuire à la récolte des données, soit de favoriser la mobilisation d'un matériau de qualité. À la fois le contexte de la rencontre, la présentation de la recherche, l'engagement choisi, la casquette du chercheur et le degré d'investissement seront des thématiques traitées comme des points d'accroche pour la mobilisation d'une méthodologie propice à la récolte de récits de vie de jeunes « fragilisés ».
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Maintien de la relation de confiance dans une étude de cas ethnographique sur l'écritJean-Pierre Mercier (UdeS - Université de Sherbrooke)
Certaines recherches ou études recourent à l'ethnographie pour documenter les pratiques de groupes de jeunes en tant que groupes spécifiques. Notamment, certaines ont été conduites auprès de jeunes adultes non diplômés vivant en situation de précarité. Dans le cadre d'une étude de cas ethnographique, nous avons été amenés à documenter des pratiques de l'écrit de jeunes mères de retour en formation dans la mesure Ma place au soleil. Le but de cette communication est de contribuer aux discussions sur les méthodologies de recherche qui demandent à l'ethnographe d'aller à la rencontre de ces jeunes adultes et des personnes qui interviennent auprès d'eux, mais qui lui demandent aussi d'établir et de maintenir la relation de confiance avec ces personnes tout au long de l'enquête de terrain. Cette communication tire des exemples des situations rencontrées lors de l'enquête de terrain pour illustrer comment le devis éthique convenu avec l'instance universitaire et que l'ethnographe s'engage à respecter, peut servir de levier pour entretenir la relation de confiance avec les acteurs de terrain tout en laissant une marge de manœuvre permettant d'adapter les méthodes aux contingences du terrain. Sans cette relation de confiance qui s'établit et se rétablit petit à petit, il aurait été impossible de documenter, au-delà de pratiques scolaires de l'écrit, dominantes, légitimes et valorisées, des pratiques de l'écrit en appui à la vie courante, ordinaires, moins légitimes et peu valorisées.
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« Un doctorat, madame, c'est pour soigner les gens? » : de l'utilité des intervenants pour rejoindre et impliquer les jeunesMarjorie Vidal (UdeS - Université de Sherbrooke)
Derrière cette confusion, on comprend toute les distances sociale et culturelle qui peuvent se créer entre le jeune et le chercheur. Distances qu'il est d'autant plus important de dépasser dans le cadre d'une ethnographie scolaire où l'on cherche à appréhender « de l'intérieur » un phénomène difficilement compréhensible d'un point de vue extérieur (Vienne, 2005). Le phénomène en question est ici la mobilisation par les jeunes des ressources sociales d'une école secondaire en milieu défavorisé. Parmi ces ressources sociales, on trouve ceux que Stanton-Salazar nomme les « agents institutionnels » (2010), ces intervenants qui font la jonction entre les différentes sphères de l'élève. Dans cette présentation, je m'intéresse plus particulièrement au rôle stratégique que ces acteurs jouent entre l'élève et le chercheur. Leur aide s'est en effet révélée précieuse à plusieurs étapes de ma recherche: nouer des liens de confiance avec les jeunes (et leurs parents pour le consentement éthique), préparer les questionnaires dans un langage approprié, recruter des participants, gérer le calme pendant les entretiens de groupe, m'aider à comprendre certaines expressions idiomatiques ou encore expliciter des actions qui ont parfois ouvert la voie à des (ré)interprétations. Un des enjeux de cette présentation est donc de mettre en lumière les dynamiques sous-jacentes qui sont propres à la constitution de ce nouveau trio : le jeune, le chercheur et l' « agent institutionnel ».
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Discussion
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Pause