Au cours des 30 dernières années, en géographie, nous avons assisté à la multiplication des spécialités et à une compartimentation concomitante de la discipline. Cela s’est traduit par le remplacement des géographes généralistes par des géographes spécialistes mieux aptes à servir le Prince. Les géographes de nos universités ont donc délaissé, de manière générale, ce regard large qu’ils jetaient naguère sur les géographies du monde en vue de mieux les comprendre. Ils l’ont échangé contre celui de l’expert plus directement préoccupé par la gestion de la société au quotidien. Tout comme une médecine trop spécialisée finit par perdre de vue la personne humaine dans chaque patient, une géographie de spécialistes n’est plus apte à rendre le monde compréhensible, parce qu’elle l’a perdu de vue. Une fois à ce point, la géographie traditionnelle n’a plus d’objet. Or malgré toutes ses promesses, la mondialisation contribue à rendre le monde de plus en plus opaque au moment où les géographes généralistes, qui naguère usaient du regard qui surplombe, auraient pu nous aider à y voir plus clair.
L’objectif du colloque consiste à se demander si, malgré le peu d’intérêt que lui accordent trop de départements de géographie universitaire, au Québec et ailleurs dans le monde, l’approche globale aurait toujours bel et bien sa place en géographie, en particulier, et pourquoi. Pour discuter de cette question, nous avons organisé le présent colloque en partenariat avec la Commission de l’Union géographique internationale (UGI) sur l’approche culturelle en géographie et le projet de l’UGI « International Year for Global Understanding ». Dirigé par le professeur Benno Werlen, ce projet a pour objectif de faire déclarer par les Nations Unies l’année 2016 comme étant « l’année internationale de la compréhension globale du monde ». Plusieurs parmi les chercheurs réputés associés à ce projet, dont des Prix Nobel, seront au colloque pour présenter leurs points de vue sur le sujet.