La correspondance, forme discursive fortement répandue au 19e siècle, a longtemps été dominée par une lecture strictement documentaire, négligeant ainsi les considérations politiques, sociales, culturelles ou esthétiques. L’objet de cette journée d’étude est double. D’une part, il s’agit de faire le point sur les recherches actuellement consacrées aux oeuvres épistolaires du 19e siècle québécois et, d’autre part, d’interroger les différents types de relations qui se nouent entre l’épistolaire, le social et la naissance d’une littérature nationale. En somme, retracer les échos de la sensibilité du siècle à même le dit et le non-dit épistolaire.
En s’intéressant à la pratique de la correspondance chez les écrivains comme chez les sans-nom, il est possible de rectifier certains préconçus historiques, de réhabiliter des groupes d’individus, dont les femmes, ou de revisiter quelques trajectoires ou œuvres du corpus québécois. Si les spécialistes de l’épistolaire en France conçoivent ce siècle du privé, de l’éveil des nationalités, de l’historiographie et du romantisme comme une période de rupture ou de transition dans l’usage que font les individus de leur correspondance, il reste à observer ce qu’il en est au Québec. Voici quelques pistes de réflexion possibles :
Quels rapports la lettre entretient-elle avec les autres modes de sociabilité?
Que révèlent les correspondances de l’époque sur les pratiques de lecture?
Quel est l’usage que font les épistoliers des modèles et des codes en vigueur?
La lettre est-elle conçue comme un laboratoire de l’oeuvre littéraire?
Quelles sont les postures d’écriture privilégiées?
Dans quelle mesure la lettre participe-t-elle à la circulation des idées et des discours?