- Toute forme de création provoque, dans le processus de création même, un mouvement de la pensée
- Le mouvement de la pensée ne se limite pas aux mots - il est aussi texture, mouvement.
- Dans le mouvement de la pensée, le langage ne détermine pas le sens. Il est une intensité parmi d’autres
- Développer une sensibilité pour une pensée qui se meut est au cœur de la différence entre l’élaboration d’un problème et d’un faux problème
- Pour Henri Bergson, un faux problème porte déjà sa solution, tandis qu’un problème ouvre la pensée vers un mouvement qui l’excède
- Créer est excéder la pensée
- Excéder la pensée ouvre de nouveaux modes d’existence
- Ces modes d’existence créent des mondes inattendus
- La recherche-création est une façon d’interpeller le mode d’existence qui s’exprime quand la pensée se meut vers de nouveaux mondes
- La création ne se limite aucunement au monde des arts plastiques et performatifs
- Le faire-œuvre est au cœur de toutes les pratiques
- Ce que le monde des arts apporte est une certaine orientation vers la pratique
- Cette orientation vers la pratique est une intelligence matérielle et relationnelle
- Faire-œuvre est une sensibilité qui permet l’ouverture d’une éthique émergente qui trouble la fixité des formes
- Le monde est un faire-œuvre
- Le faire-œuvre passe dans les interstices d’une recherche immanente au mouvement de la pensée
- Distinguer le monde et l’artiste fige le processus et dépotentialise la recherche-création
- La recherche-création n’est aucunement une nouvelle pratique
- La recherche-création est un index qui pousse la pensée vers ses forces immanentes
- Une pratique émergente qui invente de nouvelles formes de savoir est nécessairement politique
- Le politique n’est ici aucunement orienté vers le contenu de la pratique
- Le politique est l’orientation même d’un processus qui active de nouveaux modes d’existence
- Ces modes d’existence doivent excéder l’humain
- La recherche-création n’est aucunement centrée sur l’humain, sur l’artiste comme porteur de nouveaux mondes
- C’est la pratique elle-même qui porte le processus
- L’humain peut faire partie de l’écologie du faire-œuvre, mais la force de ce qui se meut ne peut jamais complètement se réduire à l’humain
- Le trait d’union d’une pensée qui se meut, le trait qui rejoint la recherche et la création, est autant l’intervalle qui amène la coïncidence de la force et la forme que le rappel que ce qui se meut habite toujours un entre-deux
- Cet entre-deux est en fait toujours au moins un entre-trois - une transindividualité collective
- Un processus fait œuvre quand cette collectivité devient la force qui oriente la pratique
- La recherche-création : une collectivité émergente au cœur d’une pensée qui se meut
- Erin Manning
Université Concordia
Erin Manning détient une chaire de recherche en philosophie et art relationnel de la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia. Elle est également directrice du SenseLab, un laboratoire de recherche qui explore les intersections entre la création artistique et la philosophie à partir de la matrice du corps sensible en mouvement. Artiste, elle travaille entre la peinture, la danse, les textiles et la sculpture. Ses projets récents explorent les collectivités émergentes et le geste mineur. Ses écrits ont comme sujet le mouvement, l’art et la politique vu à travers le prisme de la philosophie processuelle. Les projets les plus récents explorent la perception autistique et le « plus-qu’humain ». Ses publications incluent : Politics of Touch: Sense, Movement, Sovereignty (Minneapolis: Minnesota UP, 2007), Relationscapes: Movement, Art, Philosophy (Cambridge, Mass.: MIT Press, 2009), Always More Than One : Individuation’s Dance (Durham: Duke UP 2012), Thought in the Act : Passages in the Ecology of Experience, coécrit avec Brian Massumi (Minnesota UP), et The Minor Gesture (Duke UP, 2016).
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