On entreprend un doctorat par intérêt personnel, et ce cheminement exige passion et persévérance. La pertinence et l’intérêt du sujet de recherche constituent des éléments fondamentaux de ce parcours que l’on tend souvent à considérer comme une fin en soi.
Quelles étaient vos attentes avant ou au début du doctorat?
Lorsque je me suis inscrite au doctorat, ce me semblait la voie toute tracée pour concilier mes intérêts intellectuels, personnels et professionnels et, éventuellement, accéder à une carrière en recherche et en enseignement en milieu universitaire. J’ai entrepris mes études de 3e cycle après une maîtrise en linguistique, une formation en pédagogie, tout en ayant acquis une expérience assez diversifiée de l’enseignement et de la recherche. J’ai obtenu un doctorat de l’Université de Montréal en 1992 et terminé un premier postdoctorat l’année suivante à l’Institut de linguistique et phonétique générales et appliquées (Sorbonne Nouvelle, Paris 3).
Plusieurs de mes collègues se sont dirigés vers des entreprises spécialisées ou de hautes technologies. Mon intérêt demeurait toutefois orienté vers le monde de l’enseignement et de la recherche. Une subvention, obtenue à la fin de ma première année postdoctorale, couvrait le fonctionnement de mon projet et l’embauche d’auxiliaires tout en me permettant de demeurer à jour dans un domaine qui évoluait rapidement.
Au cours des années 1990, les postes de professeurs-chercheurs sont devenus plus rares, voire rarissimes dans certains domaines, dont le mien. J’ai donc cumulé les contrats et les expériences de travail : chargée de cours, professionnelle de recherche, consultante pour une entreprise de télécommunications aux États-Unis, etc. Cette période m’a toutefois menée vers la gestion de programmes à la faveur de contrats obtenus, l’un dans un centre de recherche et l’autre pour un organisme paragouvernemental. J’ai développé un réel intérêt pour cette nouvelle sphère d’activité où je pouvais transposer nombre de connaissances sur les organisations, mettre à profit différentes habiletés et compétences acquises, notamment, au cours de mes études doctorales et de ce fait, relever des défis intéressants. Au moment où, comme cela arrive souvent, trois options d’emploi se sont présentées, dont deux reliées à mon domaine de formation, j’ai fait le choix de demeurer en gestion.
Ce tournant m’a conduite à la gestion de programmes pour les Fonds de recherche du Québec, à la coordination administrative à l’Université Laval puis à la direction de l’École de langues de cette même institution universitaire. J’assure depuis septembre dernier les fonctions de secrétaire permanente pour la Commission des études et la Commission de la recherche, toujours à l’Université Laval.
Quels constats faites-vous aujourd’hui?
Ma carrière n’a pas suivi le parcours que j’entrevoyais au début de mes études doctorales. Elle s’est cependant construite sur plusieurs bases dont mon doctorat, l’apprentissage en continu et la mise à profit des expériences antérieures. Je ne me suis toutefois guère éloignée de mes centres d’intérêt : la recherche, la formation et, par certaines expériences, mon domaine de prédilection. Au fil du temps, d’autres savoir-faire exigés par les fonctions se sont ajoutés, diversifiant le portfolio de mes compétences.
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui envisagent un doctorat ou qui débutent?
On entreprend un doctorat par intérêt personnel, et ce cheminement exige passion et persévérance. La pertinence et l’intérêt du sujet de recherche constituent des éléments fondamentaux de ce parcours que l’on tend souvent à considérer comme une fin en soi. Or, il s’agit aussi, et peut-être davantage, d’un tremplin de réalisation et de développement sur les plans personnels et professionnels. On estime qu’environ 35 % des diplômés pourront embrasser la carrière de professeur-chercheur, et on constate que de plus en plus de doctorants ne visent pas des carrières universitaires au moment de leur inscription au 3e cycle. C’est pourquoi, en 2015 plus que jamais, il importe d’effectuer, sur une base régulière, un inventaire des compétences et des connaissances acquises lors des études doctorales et de valoriser ces atouts. Les changements survenus quant à l’issue traditionnelle du parcours doctoral exigent aussi que l’on fasse preuve d’une vision plus large en ce qui a trait aux projets de vie et de carrière associés aux études doctorales. Et si c’était à refaire? J’entreprendrais un doctorat sans hésiter.
Les changements survenus quant à l’issue traditionnelle du parcours doctoral exigent aussi que l’on fasse preuve d’une vision plus large en ce qui a trait aux projets de vie et de carrière associés aux études doctorales. Et si c’était à refaire? J’entreprendrais un doctorat sans hésiter.
- Marise Ouellet
Université Laval
Marise Ouellet est détentrice d’un doctorat en linguistique avec spécialisation en phonétique. Depuis septembre 2014, elle est secrétaire permanente à la Commission des études et à la Commission de la recherche de l’Université Laval. Ces commissions permanentes considèrent toute question qui leur est soumise par le Conseil universitaire ou le recteur au sujet des programmes d’études, de l’application des normes universitaires ou du développement et de la coordination de la recherche.
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