Je suis retourné aux études alors que j’étais père de deux jeunes enfants. Même si c’est un défi immense de conjuguer études doctorales et parentalité, la flexibilité de mon horaire de chercheur et le fait que je puisse souvent travailler de la maison m’a permis de passer beaucoup de temps avec mes enfants avant qu’ils ne fassent leur entrée à l’école à temps plein, ce qui a constitué pour moi un bénéfice inattendu.
Quelles étaient vos attentes avant ou au début du doctorat?
Au moment d’amorcer mes études doctorales, j’avais déjà eu la chance de travailler dans un environnement académique durant quelques années, ce qui m’a permis, du moins je crois, de formuler des attentes assez réalistes par rapport aux études doctorales.
J’espérais que mes études doctorales me permettraient de construire ce que j’appelle « un fond de commerce académique » c’est-à-dire un ensemble de connaissances, théoriques certes, mais aussi pratiques, d’idées et de relations sociales et professionnelles susceptibles de servir d’assises à une carrière universitaire.
Je savais aussi qu’il me fallait être prudent dans la formulation de mon projet de thèse pour, à la fois, m’engager dans une recherche de pointe, tout en évitant de me lancer dans un projet disproportionné dont la réalisation m’amènerait au delà des délais impartis.
Quels constats faites-vous aujourd’hui?
Même si j’en étais conscient, ayant déjà collaboré à la préparation de plusieurs demandes de financement avant de me lancer dans mes études doctorales, j’ai constaté que la recherche de financement occupe une place énorme dans la vie des chercheurs. J’ai consacré une part importante de ma première année au doctorat à rédiger des demandes de financement de toutes sortes, ce qui m’a, d’une part, permis de peaufiner mon projet de recherche, mais d'autre part, empêché de m’y plonger véritablement. Heureusement, mes efforts ont été récompensés, ce qui me permet maintenant de me concentrer sur mes recherches. Cela dit, j’ai tout de même été en mesure de voir que, pour certains doctorants, la question du financement est une préoccupation de tous les instants.
Je constate aussi qu’il est crucial, plus encore que je ne le croyais, de planifier l’après-doctorat pendant le doctorat. Il ne suffit pas de rédiger une thèse brillante pour poursuivre son parcours dans le monde académique. Il faut garder l’œil ouvert pour dénicher des opportunités d’acquérir de l’expérience de recherche et d’enseignement, ainsi que de se familiariser avec les mécanismes de financement de la recherche. De même, il ne faut pas négliger l’importance de tisser des liens avec d’autres doctorants et avec des chercheurs plus expérimentés, que ce soit en organisant ou en participant à des manifestations scientifiques.
Il ne faut pas négliger l’importance de tisser des liens avec d’autres doctorants et avec des chercheurs plus expérimentés, que ce soit en organisant ou en participant à des manifestations scientifiques.
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui envisagent un doctorat ou qui débutent?
Ayant passé quatre ans au Royaume-Uni dans la cadre des mes études supérieures (je suis maintenant de retour à Montréal pour rédiger ma thèse), je dirais aux étudiants qui envisagent des études à l’étranger de ne pas sous-estimer les efforts et l’investissement en temps que représente l’adaptation à une nouvelle culture, même si celle-ci nous semble toute proche comme la culture britannique. Bien entendu, ces efforts sont loin d’être vains et portent des fruits à la fois professionnels et personnels d’une valeur inestimable.
Enfin, je suis aussi retourné aux études alors que j’étais père de deux jeunes enfants. Même si c’est un défi immense de conjuguer études doctorales et parentalité, la flexibilité de mon horaire de chercheur et le fait que je puisse souvent travailler de la maison m’a permis de passer beaucoup de temps avec mes enfants avant qu’ils ne fassent leur entrée à l’école à temps plein, ce qui a constitué pour moi un bénéfice inattendu de mon changement de situation professionnelle. Je dirais donc qu’il ne faut pas nécessairement voir le fait d’avoir des enfants comme un frein aux études doctorales, tout au contraire.
- Jean Frédéric Ménard
University College London
Jean Frédéric Ménard est doctorant à la Faculté de droit de University College London et sa thèse porte sur le droit et l’éthique des soins néonataux. Titulaire d’une bourse doctorale de la Fondation Trudeau, il est aussi membre du groupe de recherche Voix de l’enfant - Études interdisciplinaires en éthique de l’enfance. Enfin, il occupe depuis peu un poste d’éthicien au Centre universitaire de santé McGill.
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