5a. Résumé
Au Québec, les adultes allophones peu ou pas scolarisés (AAPPS) présentent une population vulnérable. Ils ont besoin d’apprendre le français pour s’intégrer socialement et professionnellement, mais rencontrent des défis en contexte de scolarité, notamment en évaluations formelles des apprentissages. Peu d’études portent sur l'évaluation des AAPPS et celles-ci traitent d’une seule compétence (Simpson, 2006) ou du matériau évaluatif (Altherr Flores, 2017, 2020, 2021). Par ailleurs, Abbott et al. (2021) et Gonzalves (2020) s’appuient sur les particularités des AAPPS comme l’apprentissage collectif pour mettre en question l’évaluation faite de l’angle des personnes scolarisées sans considérer la perspective des AAPPS. Ceci soulève des enjeux éthiques d’équité, de différentiation pédagogique et de droit à une évaluation adéquate, d’où l’intérêt au sens de l’expérience évaluative aux yeux des AAPPS en cours de francisation.
L’approche phénoménologique de Giorgi (2009) permet d’étudier l’expérience des phénomènes vécus tels que compris par les acteurs sociaux. L’analyse de six entretiens individuels semi-dirigés menés en arabe auprès de participantes issues du Maghreb permet de comprendre l’expérience évaluative des AAPPS comme un processus stressant de trois phases : l’exploration, l’acculturation et la maturation. Ces résultats finaux éclairent les angles morts de l’expérience évaluative des AAPPS et présentent un appui pour les conceptrices et concepteurs des évaluations visant ce public.