Les espèces exotiques envahissantes (EEE) représentent un enjeu majeur de la conservation de la biodiversité. Elles sont l’une des cinq causes d’extinction massive d’espèces animales et végétales. De façon générale, la littérature scientifique concernant les espèces exotiques envahissantes s’attarde aux mammifères terrestres, aux oiseaux, aux reptiles ou encore aux plantes. Cependant, la problématique est également présente dans les milieux aquatiques, d’eau douce ou marins10. À l’échelle régionale, le St-Laurent, axe majeur de trafic maritime dans l’Est de l’Amérique du Nord, fait aussi face aux enjeux reliés aux EEE12.
Cet article fait part de notre projet d’étude réalisé dans le cadre du cours « Conservation des ressources » du professeur Mikael Jaffré, à l’UQAR. L’étude des espèces indigènes au Québec faisant face à un danger d’extinction due à l’arrivé et à la propagation d’espèces exotiques envahissantes dans leur milieu, nous a particulièrement motivé à partager cette réalité.
La menace des EEE
Pour la bonne compréhension de l’étude des EEE, il est important de prendre connaissance de la terminologie utilisée lorsqu’on parle d’invasion en écologie. Les EEE sont par définition des espèces introduites volontairement ou non par l’humain dans un milieu où elles nuisent aux écosystèmes, aux habitats, et aux espèces autochtones15.. L’arrivée d’une telle espèce peut considérablement porter atteinte aux espèces indigènes notamment en contribuant à une augmentation de la prédation ou de la compétition, à l’exclusion des espèces autochtones ou encore en participant à l’hybridation de leurs codes génétiques 9..
Les EEE [espèces exotiques envahissantes] sont par définition des espèces introduites volontairement ou non par l’humain dans un milieu où elles nuisent aux écosystèmes, aux habitats, et aux espèces autochtones.
L’invasion
Les EEE colonisent de nouveaux habitats selon un processus d’invasion bien défini se divisant en trois principales étapes. Premièrement, il y a l’introduction de propagules ou d’individus dans un site nouveau par rapport à leur site parental, et situé hors de leur aire de répartition potentielle. Dans un second temps, les individus nouvellement introduits doivent franchir la barrière des nouvelles conditions environnementales et se développer jusqu’au stade adulte. Une fois adulte, ils sont tenus d’engendrer une nouvelle génération afin d’établir une population stable 14.. Dans le cas du St-Laurent, les eaux de ballast sont reconnues comme étant le principal vecteur d’introduction, bien qu’il existe d’autres voies d’introduction présentées dans le diagramme suivant 1..
Les envahisseurs du St-Laurent
Le St-Laurent n’est pas uniformément affecté par les EEE. Selon Nathalie Simard 12., la partie d’eau salée est considérée comme « intermédiaire – bon » avec une tendance « stable », tandis que la partie d’eau douce est caractérisé comme « intermédiaire -mauvais » avec une tendance « stable ». Les espèces exotiques qui envahissent ces deux sections du St-Laurent ne sont pas les mêmes, bien entendu. En voici quelques exemples.
Dans la partie d’eau salé on peut notamment observé le crabe vert, un crustacé originaire d’une zone s’étendant de la côte ouest du nord de l’Afrique jusqu’au nord de l’Europe 1.. Carcinus maenas est arrivé dans les années 1990 dans la partie sud du golfe du St-Laurent 3.. Il est la cause de plusieurs impacts notamment sur les espèces autochtones de crustacés et de mollusques, avec lesquels il entre en compétition alimentaire en les empêchant de se nourrir convenablement 11.. Son effet néfaste sur les populations de moules entraine également des conséquences négatives sur les prédateurs de ces dernières 6.. De plus la forte compétition entre le crabe vert et le homard américain affectent les populations de jeunes Homarus americanus 16..
Pour la partie d’eau douce, un des exemples les plus documentés est la moule zébrée (Dreissena polymorpha). Ce mollusque bivalve très prolifique, est originaire de la Mer Caspienne et de la Mer Noire. Détectées en 1989 dans le fleuve du St-Laurent 8., elles ont voyagé dans l’eau de ballast, sous leur forme de larves nageuses 2. 4. 8.. Ces moules détiennent un large éventail d’impacts néfastes sur les écosystèmes. On pourrait notamment citer le fait qu’elles utilisent les moules autochtones (famille des Unionidae) comme support pour se développer, (100 000 moules zébrées peuvent se fixer sur une seule moule autochtone), pouvant engendrer sa mort 4.. De plus, cette espèce est en compétition alimentaire avec d’autres individus possédant le même mode d’alimentation (filtreur) 2..
EEE et changements climatiques
Le changement climatique pourrait avoir un impact considérable sur les espèces exotiques envahissantes. Leurs aires des répartitions risque très fortement de s'étendre, car elles ne seraient plus limitées par le climat froid des milieux 13.. De plus, le réchauffement du climat peut engendrer une instabilité des écosystèmes et une diminution de la capacité de résilience de ces derniers face aux invasions biologiques 15..
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Références :
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Illustrations :
- Photographie crabe vert de Michel Barrabes, Repéré à : Carcinus maenas | DORIS (ffessm.fr)
- Photographie moule zébrée de Jean-Pierre Corolla, Repéré à : Dreissena polymorpha | DORIS (ffessm.fr)
- Léo Moulin, Agathe Roselli et Clémentine Tetaert
Université du Québec à Rimouski
Léo Moulin est un jeune français étudiant à l’UQAR. Avant tout passionné par la faune, il a décidé d’entamer son parcours scolaire post-secondaire par une technique en aménagement de la faune au Lac-St-Jean. Il a ensuite poursuivi son cheminement en s’inscrivant au baccalauréat en Biologie à Rimouski où il approfondit toujours ses connaissances sur le vivant.
Agathe Roselli est une étudiante française de 20 ans en échange universitaire entre l’Université Grenoble Alpes et l’Université du Québec à Rimouski dans le module de biologie. Elle finit son baccalauréat cette session et souhaite s’orienter vers la protection de la faune et l’étude des mammifères arctiques pour la suite de ces études.
Clémentine Tetaert est une étudiante française de 20 ans, en licence (baccalauréat) de Biologie à l’Université de Franche-Comté, situé en France. Elle a pris la décision d’effectuer sa dernière session en échange international à l’Université du Québec à Rimouski avant d’obtenir son diplôme.
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