Dans les années 1960, en contexte de guerre froide, la Chine cherche à se positionner en leader des pays non-alignés et à proposer une alternative aux voies américaine et soviétique. Parallèlement, aux États-Unis, les militants les plus radicaux de la cause noire se voient en population colonisée de l’intérieur. En se désignant de la sorte, les Afro-américains s’assimilent au tiers-monde et s’associent à la lutte contre l’impérialisme, devenant ainsi l’un des enjeux de l’entreprise de séduction menée par Pékin. Quel est le discours mobilisé par la République populaire de Chine à l’endroit des populations noires américaines ? Notre communication se propose de répondre à cette question à travers une analyse lexicométrique du Pekin Review, publication chinoise officielle à destination d’un lectorat étranger. Elle entend ainsi offrir une approche nouvelle des problématiques liées à l’internationalisation du mouvement pour les droits civiques souvent abordées par un prisme afro-américain dans l’historiographie. L’étude d’un corpus constitué de tous les articles traitant de la cause noire aux États-Unis présents dans le journal de 1959 (Mao reçoit WEB Du Bois en Chine) à 1972 (la rencontre entre Mao et Nixon qui scelle le rapprochement sino-américain) permet de mettre en lumière tant des éléments de langage que l’évolution d’un discours qui apparait servir d’abord et avant tout un agenda chinois, plus que les intérêts véritables des Afro-américains.
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