L’œuvre de Jean-Marie Gleize contient une multitude de références à la psychanalyse et, surtout, aux travaux de Jacques Lacan et de Gilles Deleuze sur la métonymie comme moteur du désir. Pour Lacan, « [l]es énigmes que propose le désir […] ne tiennent à nul autre dérèglement de l’instinct qu’à sa prise dans les rails – éternellement tendus vers le désir d’autre chose – de la métonymie », comme si la métonymie rendait possible le voyage du désir d’un objet à un autre, le désir devenant ainsi infini, ouvert sur le monde, en proie aux hasards de la pensée et de l’émotion. Pour Deleuze, « il n’y a de désir qu’agencé ou machiné. Vous ne pouvez pas saisir ou concevoir un désir hors d’un agencement déterminé ». Cette idée rejoint les théories de Lacan dans la mesure où ces deux conceptions du désir s’appuient sur le transfert inductif et métonymique. Alors que la notion de nom du père (ou non du père) développée par Lacan dans le Séminaire III vient ancrer le sujet dans la langue communicationnelle et ses règles, la lalangue est conçue comme une porte de sortie, un retour à une liberté langagière infantile. Le but de cette présentation sera donc de montrer comment le rapport complexe qu’entretient Gleize avec la psychanalyse lui permet, par le biais de ce qu’il nomme l’« être-sans-père », de générer une « lalangue » présubjective, qui s’incarne entre autres par un retour obsessif vers la figure de l’enfant ludique, agençant et réagençant constamment les parties de son discours.
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