Dès la fin des années 1990, les communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans et queers (LGBTQ+) ont été parmi les premières à s’approprier Internet. Elles y ont rapidement créé des communautés de pairs pour socialiser et expérimenter avec leurs identités. Aujourd’hui, les plateformes numériques sont intégrées dans presque toutes les composantes de la vie des personnes LGBTQ+. Des plateformes numériques, comme Twitter et Instagram, jouent un rôle essentiel dans la socialisation LGBTQ+ et la mobilisation politique queer. Les applications, comme Her et Grindr, sont utilisées pour favoriser les relations amoureuses et sexuelles. D’autres plateformes, comme YouTube, Tumblr et Tik Tok, ont transformé les cultures LGBTQ+ et étendu leur visibilité. Localement, les plateformes numériques sont utilisées pour organiser des événements de quartier et dynamiser les scènes culturelles émergentes. Globalement, ces plateformes ont reconfiguré les cultures militantes LGBTQ+ et participé au développement de mouvements transnationaux, comme Trans Lives Matter. Ce faisant, elles offrent aux personnes LGBTQ+ des outils leur permettant d’aménager leurs propres espaces et de contrer les discours dominants (lesbophobes, transphobes, biphobes, racistes, xénophobes, etc.) auxquels elles font face au quotidien. Cela dit, la croyance selon laquelle les plateformes numériques participeraient de facto à l’empouvoirement des communautés LGBTQ+ mérite un examen plus approfondi, dans la mesure où elles peuvent également participer à leur oppression. Par exemple, des recherches ont démontré que les personnes LGBTQ+, tout comme les femmes et les personnes racisées, sont plus souvent victimes de harcèlement et de violence en ligne. Qui plus est, les processus d’automation et de mise en données opérés par les plateformes numériques soulèvent des enjeux pour les personnes LGBTQ+ en matière de sécurité, de vie privée et d’autodétermination qui sont encore grandement méconnus à ce jour.
Le jeudi 12 mai 2022