Les études doctorales permettent de développer étape par étape une indépendance par rapport à son superviseur quant à la prise de décision relative à son projet de recherche.
Quelles étaient vos attentes quant au postdoctorat?
Les études doctorales permettent de devenir, étape par étape, plus indépendant du superviseur quant à la prise de décision relative à son projet de recherche. Dans le stage postdoctoral, cette indépendance permet de prendre en charge le projet et d’accroitre le niveau de responsabilité. De plus, il est attendu que le stagiaire appuie les membres juniors de l’équipe, étudiants au doctorat et à la maîtrise, le tout dans le but d’en faire un leader, soit pour une carrière académique (poste de professeur) ou dans tout autre domaine. Pour ma part, ces caractéristiques du postdoctorat m’ont mené à amorcer mon stage par une discussion avec mon superviseur concernant mes attentes et les responsabilités que je voulais avoir plutôt que de me faire dicter celles-ci comme dans la plupart des emplois.
Quel est votre domaine de recherche?
Mon projet de recherche est centré sur l’optimisation de la production de vaccins basés sur la plateforme du virus de la stomatite vésiculaire. Ce virus animal, qui cause des symptômes similaires au rhume chez l’humain, peut être modifié pour présenter à sa surface des morceaux inoffensifs d’autres virus. Ceux-ci permettront au système immunitaire des personnes vaccinées de générer une immunité et donc de pouvoir se défendre en cas d’infection par des virus dangereux tels qu'Ebola et le VIH. Il faudra produire de grande quantité de ces vaccins, et je travaille à améliorer les procédés de production.
Quels constats faites-vous aujourd’hui?
Balancer le temps entre son projet de recherche, l’appui aux étudiants et la vie personnelle (l’âge moyen au niveau postdoctoral implique souvent une petite famille comme dans mon cas) est un véritable défi. La confiance accordée par mon superviseur est motivante. J’ai senti, dès le départ, que j’étais réellement responsable et que la réussite de mon projet dépendait entièrement de mes efforts. Cette confiance se reflète aussi dans mes interactions avec les étudiants qui me demandent conseil et s’attendent à un mentorat qui contribuera à leur succès.
Quels conseils donneriez-vous à des doctorants envisageant d'entreprendre un postdoctorat?
L’un des points critiques pour réussir un stage postdoctoral qui permettra de continuer une carrière académique est de pouvoir démontrer son expertise scientifique, par la publication d’articles scientifiques au doctorat et pendant le postdoctorat, et la possibilité d’obtenir son propre financement. Je crois qu’il serait idéal pour un étudiant en fin de thèse de s’assurer que ses articles scientifiques sont non seulement écrits, mais aussi soumis ou publiés avant le début du stage postdoctoral afin de ne pas avoir à se préoccuper de ces étapes pendant son postdoc et surtout pour augmenter ses chances d’obtenir une bourse postdoctorale. Pour une carrière dans l’industrie, un stage postdoctoral permettra d’ouvrir la porte vers des postes de responsabilités, mais l’accent devrait alors être mis sur la réussite du projet et l’acquisition de nouvelles compétences.
Comment envisagez-vous l’après-postdoctorat?
Je poursuis mes efforts pour mener une carrière académique. Ceci implique une évaluation constante de la force de mon dossier professionnel et aussi une diversification de mes activités pour montrer mon engagement envers la communauté universitaire. Je crois que ma formation actuelle me permettra de bien affronter le défi de la gestion de multiples projets dans un poste universitaire. Je garde toutefois la porte ouverte pour d’autres possibilités dans le domaine public ou dans l’industrie. Je crois que ma formation postdoctorale sera aussi un atout dans ces secteurs.
Pour une carrière dans l’industrie, un stage postdoctoral permettra d’ouvrir la porte vers des postes de responsabilités, mais l’accent devrait alors être mis sur la réussite du projet et l’acquisition de nouvelles compétences.
- Jean-François Gélinas
Université McGill
Jean-François Gélinas est chercheur postdoctoral à l’Université McGill et boursier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Après une maîtrise où il a étudié la réponse à l’infection par le VIH, il complète son doctorat en thérapie génique, à l’Université d’Oxford au Royaume-Uni. Il travaille maintenant à développer des procédés pour augmenter la productivité dans la manufacture de vaccins.
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