À l’heure où la gouvernance des universités et des cégeps est remise en question, où les commissions scolaires sont interpellées et où les pressions sur le système d’éducation québécois sont de plus en plus fortes pour que les acteurs rendent des comptes sur sa performance, ce colloque propose de rassembler des chercheurs et des praticiens sur le thème de la gouvernance du système éducatif. La gouvernance se définit dans le cadre de réseaux d’échanges dont la hiérarchie est plus horizontale et qui accordent une importance accrue aux intérêts, aux valeurs et aux stratégies des « parties prenantes ». Pour Gaudin (2002), « La gouvernance, ce serait donc tout bonnement de l’action publique en réseaux, une pratique relationnelle de coopérations non prédéfinies et toujours à réinventer, à distance des armatures hiérarchiques du passé et des procédures routinisées ». En référence à Laidi (2004), la gouvernance, c'est la souveraineté partagée avec d'autres acteurs, et pas seulement l'État. Elle se déploie sur un vaste terrain de jeu où sont mis en cause des intérêts multiples et souvent divergents, ce qui donne lieu à des affrontements inévitables et à une négociation continuelle (Moreau Desfarge, 2003). Le résultat de cette négociation devient une sorte de compromis viable et limité dans le temps entre des conceptions souvent différentes, voire antagonistes, de ce qu’est la meilleure façon de gouverner (Pelletier, 2001; Larouche, 2011).
Si les nombreux acteurs du système éducatif ont intégré le discours plaçant au premier plan la gouvernance, il y a lieu de mettre en lumière les fondements de ce discours et d’en examiner la cohérence. Que nous dit la recherche sur les tendances qui caractérisent la gouvernance en éducation depuis les années 1960? Y-a-t-il des particularités selon les différents niveaux? Quels liens peut-on faire avec la gouvernance qui s’exerce dans les autres secteurs de l’action publique et dans d’autres systèmes éducatifs? Quels sont les acteurs qui influencent véritablement les décisions (qui gouverne?)? Comment se traduisent leurs discours dans les différentes réalités et quels modes de décision sont privilégiés?